Dans un contexte de durcissement des politiques migratoires aux États-Unis, le Sénégal est désormais dans le viseur de l’administration Trump. Selon des révélations du Journal américain «The Washington Post», publiées le 15 juin 2025, notre pays figure parmi une liste de 36 États – dont 25 africains – que les autorités américaines envisagent de sanctionner, en interdisant l’entrée de leurs ressortissants sur le territoire américain. Cette décision, motivée par des considérations sécuritaires et administratives, peut entraîner des répercussions majeures sur les relations entre Dakar et Washington, et affecter des milliers de Sénégalais établis ou aspirant à s’établir aux États-Unis.
L’annonce n’est pas encore officielle, mais elle inquiète déjà les chancelleries africaines. D’après des informations révélées par le Washington Post, l’administration du Président Donald Trump s’apprêterait à élargir sa liste noire migratoire. Dans le viseur : 36 pays, dont 25 du continent africain. Le Sénégal est cité parmi ceux qui pourraient faire l’objet d’une interdiction totale d’entrée sur le territoire américain. Cette mesure, qui rappelle le tristement célèbre “Muslim Ban” de 2017, s’inscrit dans une politique migratoire de plus en plus rigide, fondée sur des critères de sécurité intérieure, de coopération consulaire et de fiabilité des systèmes d’état civil.
Le cas sénégalais cristallise plusieurs griefs exprimés par Washington. D’abord, les autorités américaines mettent en doute la qualité des documents d’identité sénégalais, en particulier les passeports biométriques, jugés insuffisamment sécurisés. Elles pointent également du doigt des défaillances dans la délivrance de ces documents, notamment en matière de vérification de l’identité des demandeurs. À cela s’ajoutent des accusations plus sensibles, liées à des pratiques administratives jugées opaques, voire corrompues, dans la délivrance de certains visas. Le Sénégal est aussi épinglé pour le nombre élevé de ses ressortissants ayant dépassé la durée légale de séjour aux États-Unis. Enfin, certaines critiques américaines viseraient la politique de naturalisation sénégalaise, perçue comme trop permissive, ouvrant potentiellement la porte à des détournements.
Un coup dur si ça se confirme…
Si cette mesure devait être confirmée, elle constituerait un véritable coup dur pour le Sénégal, dont les relations avec les États-Unis sont pourtant anciennes et solides. Mais depuis quelques années, la question migratoire s’est imposée comme un point de friction. La montée en puissance des routes migratoires irrégulières, notamment via l’Amérique centrale, a suscité une vigilance accrue des services américains. Des milliers de Sénégalais ont tenté de rejoindre les États-Unis en passant par le Nicaragua, exploitant une faille dans la politique migratoire régionale. Un phénomène qui, selon Washington, contribue à alimenter une immigration clandestine difficilement contrôlable.
Face à cette situation, l’administration Trump aurait adressé un ultimatum aux pays concernés. Ceux-ci disposeraient d’un délai de deux mois pour se conformer à un ensemble d’exigences. Pour le Sénégal, cela signifie renforcer la qualité des documents d’identité, accélérer les procédures de délivrance des laissez-passer consulaires pour le retour des migrants en situation irrégulière, améliorer les échanges de données biométriques avec les agences américaines de sécurité, et s’engager dans une coopération consulaire active et transparente. L’objectif américain est clair : verrouiller ses frontières, tout en contraignant les pays d’origine à assumer une part plus importante de la gestion des flux migratoires.
Le ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères ne semble pas être resté inactif. La veille de la publication de l’article du Washington Post, il a diffusé un communiqué officiel alertant l’opinion sur la révision par les États-Unis de leur dispositif de lutte contre l’immigration irrégulière. Dans ce texte, les autorités sénégalaises relaient les nouvelles mesures américaines, notamment l’interdiction d’entrée sur le sol américain pour toute personne reconnue coupable d’immigration irrégulière, même en cas d’antécédents judiciaires anciens.
Sidy Djimby NDAO (correspondant permanent en France)