
La dissolution du groupement français «Sciences & Éducation», annoncée par décret du ministère de l’Intérieur en France, le 16 avril 2025, suscite des interrogations jusque sur les rives sénégalaises. Officiellement dissoute en France, cette structure est accusée d’avoir propagé une idéologie islamiste radicale et d’avoir contribué à la formation de prédicateurs extrémistes dans plusieurs pays, dont le Sénégal.
Des ramifications jusqu’à Dakar
Bien que l'association ait cessé ses activités déclarées en France dès 2024, les autorités françaises affirment qu'elle a poursuivi ses actions sous un autre nom, notamment à travers le «Safwa Center», en lien direct avec des établissements basés à Doha, Nouakchott et Dakar.
À Dakar, plusieurs sources confirment l’existence d’un centre de formation islamique ayant bénéficié d’un soutien logistique et financier de la part du réseau dissous. Ces centres dispenseraient un enseignement religieux jugé rigide, littéraliste et en rupture avec l’islam confrérique sénégalais, connu pour sa tolérance.
Un financement bien structuré
L'association collectait des fonds via des appels aux dons en Europe, notamment pour parrainer des étudiants dans ces centres. Chaque parrainage annuel s’élevait à 1800 euros (environ 1,18 million F Cfa par étudiant). Ces ressources ont servi, selon les autorités françaises, à former des imams et prédicateurs dans une ligne idéologique proche des Frères musulmans, incarnée par le cheikh mauritanien Mohamed Elhassan Ould Dedew, figure centrale du salafisme politique en Afrique de l’Ouest.
Des figures controversées dans les cercles religieux sénégalais
Le nom de certains prêcheurs ou responsables d’associations islamiques au Sénégal est cité de manière informelle dans des milieux de la sécurité et de la société civile comme étant liés, ou du moins influencés, par les enseignements relayés par ces réseaux. Si aucune poursuite n’a été officiellement engagée à ce jour au Sénégal, la question de l’implantation silencieuse d’un islam politique plus dur commence à préoccuper plusieurs analystes.
Prudence et discrétion
Interrogé sous anonymat, un membre du ministère sénégalais de l’Intérieur indique : "nous surveillons de près certains courants qui tentent de s’implanter. Le lien entre éducation religieuse et radicalisation est une préoccupation constante".
Samba THIAM