La messe est dite dans le procès de notre compatriote El Hadji Adama Kébé, ce Sénégalais qui avait poignardé à plus de dix reprises sa petite-amie sud-africaine du nom de Sibongile Zenzile. Le Tribunal de Grande Instance de Johannesburg a prononcé hier une peine de 23 ans de prison contre notre compatriote. Ainsi, la juridiction s'est écartée de la position du procureur de la République qui avait requis la perpétuité. Du côté de la famille de la victime, on a étalé toute sa colère après la tombée du verdict. Le beau-père de la victime s'est demandé si les intérêts de l'accusé éclipsaient les intérêts de la victime et de sa famille.
En Afrique du Sud, après un retard de quelques jours qui a suscité la colère des proches de la victime, le Tribunal de Grande Instance de Johannesburg a prononcé, hier mardi 18 mai 2021, son verdict dans le cadre de l’affaire du meurtre de Sibongile Zenzile par son petit-ami, le Sénégalais El Hadji Adama Kébé. El Hadji Adama Kébé a plaidé coupable en mars du meurtre de Sibongile Zenzile, 28 ans, reconnaissant l’avoir poignardée à plus de 10 reprises dans leur appartement de Kempton Park, le 25 avril 2019. Il lui a également coupé la tête et l'a gardée dans leur réfrigérateur. Il a été arrêté le lendemain dans un magasin tenu par le couple.
En prononçant sa sentence, mardi, la juge Avrielle Maier-Frawley a déclaré de prime abord que la peine appropriée semblait être la réclusion à perpétuité vu la manière dont El Hadji Adama Kébé a tué Sibongile Zenzile. «La question que le tribunal doit se poser est de savoir si l’emprisonnement à perpétuité est la seule peine à être prononcée en raison de la manière dont la défunte a été tuée», a indiqué Maier-Frawley, déclarant que «plus elle avait réfléchi à la question de la peine, plus elle estimait qu'une injustice serait commise si la peine minimale d'emprisonnement à vie était imposée».
Notre compatriote sauvé» par ses remords et son passé
«Kébé n'a pas cherché à justifier ses actes en plaidant pour la légitime défense et n'a pas contesté les preuves de l'État où elles différaient des siennes», a encore déclaré Maier-Frawley. Avant d’ajouter que Kébé avait apprécié la gravité de ses actes et était prêt à en affronter les conséquences. «Il a reconnu qu'il était en faute. À mon avis, il s’agit d’un premier pas sur le long chemin de la réadaptation», a estimé la juge.
Poursuivant, Maier-Frawley a déclaré que c’était la première fois que le Sénégalais a eu maille à partir avec la justice. Ainsi estime-t-elle, si la gravité et la dureté de l'infraction ne doivent pas être sous-estimées, que la justice doit être alliée à une mesure d’indulgence. «C'était le tout premier contact de l'accusé avec la loi. Bien qu'il ne soit en aucun cas un jeune, il peut réformer ses habitudes. Imposer une peine d'emprisonnement à perpétuité le brisera probablement et ce n'est pas le but de la punition», a déclaré la juge.
Aussi, indique la juge Maier-Frawley, les preuves révélaient que Kébé s'était engagé dans un différend émotionnellement chargé avec Zenzile la nuit de son meurtre. Et que la victime avait également tenté de poignarder son bourreau avec un couteau. «Cela indique une certaine provocation, mais cela ne peut pas être utilisé pour justifier les actions de l'accusé», a-t-elle déclaré, ajoutant que l'un des facteurs aggravants était que le crime relevait de la catégorie de la violence sexiste, qui n’est pas de la compétence du tribunal. Un autre facteur aggravant était que la tête de Zenzile avait été coupée. Le juge a déclaré que les résultats post mortem ont révélé que la décapitation était la cause du décès.
Maier-Frawley a également déclaré que le fait que Kébé était un primo délinquant, avait montré des remords pour ses actes, avait passé deux ans en prison dans l'attente d'un procès et qu'il y avait des perspectives de réhabilitation assimilées à des circonstances substantielles et impérieuses de l'affaire ont joué en sa faveur. «Ayant conclu ainsi, je suis libre de déroger à la peine minimale prescrite pour le crime de meurtre qu'il a commis», a tranché la juge Maier-Frawley qui a condamné El Hadji Adama Kébé à 23 ans de prison pour meurtre et à deux ans pour violation d'un cadavre, précisant que les peines seraient exécutées simultanément.
La famille de la victime dénonce une peine trop clémente
S'exprimant après le prononcé de la sentence, le beau-père de la victime, Zamelani Ncancashe, a étalé toute sa colère. Porte-parole de la famille de la victime, il a dénoncé une peine trop clémente. Devant la presse, il s'est demandé si les intérêts de l'accusé éclipsaient les intérêts de la victime et de sa famille. «Il y a ceux qui sont forts et il y a ceux qui sont faibles. L'idée même que nous ayons la loi est que même les faibles sont protégés», a-t-il déclaré.
Il a estimé que l'un des facteurs pris en considération par le tribunal pour imposer une peine moins sévère était que le Sénégalais était jeune. «Et celle qui est morte ? Qu'en est-il ? Les intérêts des victimes sont éclipsés. Ils n’ont pas été pris en considération bien qu’il y ait eu des circonstances aggravantes.»
Très en colère, le malheureux beau-père a ajouté que la santé de son épouse et mère de Zenzile, Buyiswa Ncancashe, s'est détériorée depuis le meurtre de sa fille. «Qu'en est-il des intérêts des victimes secondaires ? Sont-ils éclipsés ? Sa mère est à l'hôpital. Sa santé s'est détériorée après le meurtre de notre fille», a fustigé le beau-père.
Sidy Djimby NDAO
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
