Mamadou Sow alias Doudou Mbodj est la première personne à être jugée, hier mercredi, devant la chambre criminelle de Dakar depuis l'adoption de la loi criminalisant le viol en 2019. Cet accusé, pour des faits de viol, d'association de malfaiteurs, d'enlèvement de mineure, viol collectif, séquestration et de pédophilie, risque 10 ans de réclusion criminelle si le juge de la chambre criminelle de Dakar suit le procureur dans ses réquisitions.
Depuis que la loi criminalisant le viol a été votée à l'Assemblée nationale en 2019, Mamadou Sow alias Doudou Mbodj est le premier accusé à être jugé, hier, devant la chambre criminelle de Dakar. Mamadou Sowa été traduit devant cette barre par K. Diagne, pour association de malfaiteurs, enlèvement de mineure, viol collectif, séquestration et pédophilie. Les faits qui lui sont imputés remontent à la nuit du 1er octobre 2019 à Rufisque, au quartier Thiawlène. K. Diagne, à l'époque âgée de 14 ans, a été envoyée par son père El Hadji Malick Diagne pour aller lui chercher son téléphone portable. Mais, sur le chemin du retour, elle aété interceptée par trois individus qui avaient surgi de nulle part.
Elle sera brutalisée puis traînée de force jusqu’au bord de la mer, dans des bâtiments abandonnés. Et c'est là-bas qu'elle sera séquestrée puis violée à tour de rôle par Mamadou Sow et ses amis, Bara et Mbaye Diallo. Ces derniers étant en cavale, c'est Mamadou Sow qui a été interpellé.
Mamadou Sow nie
Arrêté et placé sous mandat de dépôt, il a réfuté hier les accusations. «Je ne fréquente pas Bara et Mbaye Diallo qui sont cités dans cette affaire et qui sont des fumeurs de chanvre. La nuit des faits, je les ai vus avec la fille dans le quartier mais ils m'ont pourchassé avec une pierre. J'admets que j'ai commis une erreur en les dénonçant pas. Parce que je craignais des représailles de leur part. En plus, je croyais qu'ils étaient en train de l'agresser cette nuit-là», a avancé l'accusé.
K. Diagne revient sur sa terrible nuit
Appelée à la barre, K. Diagne,aujourd’hui âgée de 17 ans, a soutenu mordicus avoir été sexuellement abusée par l'accusé et ses acolytes. «Ils m'ont jetée par terre. Au moment où l'un d'entre eux enlevait ma robe et mon slip, j'essayais de me débattre. Hélas, je n'avais pas réussi à me sauver, car c'est Mamadou Sow qui a tenté en premier de me pénétrer. Quand aux deux autres, ils m'ont maintenue plaquée au sol tout en retenant mes jambes. Et c'est là que Mamadou Sow est monté sur moi. Ils étaient tous ivres», a-t-elle relaté.
K. Diagne a été confortée dans ses accusations par le certificat médical versé dans le dossier, dans lequel l'homme de l'art a relevé qu’elle souffrait de lésions vulvaires postérieures récentes. Mais, la blouse blanche avait conclu qu'il n’y a pas eu de défloration.
Le père de K. Diagne réclame 1 million
Père de la victime, El Hadji Malick Diagne dira: «ils ont gâché la vie de ma fille. Mamadou Sow était le cerveau de la bande. Son père, pour étouffer cette affaire, m'avait proposé de l'argent afin que ça puisse être réglé à l'amiable».Civilement responsable de la victime, ce dernier, pour la réparation du préjudice que lui et sa fille ont subi, a réclamé par le biais deleur avocat la somme de 1.000.000 F Cfa.
Le procureur dégage le viol, mais requiert 10 ans
Le ministère public a requis l'acquittement de Mamadou Sow pour le crime d’association de malfaiteurs puisque, selon lui, il n’y a pas assez d’éléments pour retenir ce chef. Le parquetier a estimé qu’il n’y a pas eu de pénétration entraînant la perte de l’hymen. De ce fait, pour le crime de viol, il a sollicité sa requalification en tentative de viol. «Mamadou a essayé d’introduire son sexe mais n’a pas réussi, donc il y a absence de conjonction. Même si l’accusé a démenti, le fait d’avoir essayé d’introduire son sexe peut être constitutif d'attouchements sexuels. Mais, ce qui est constant dans ce dossier, c’est que Khadidiatou Diagne a été conduite dans un lieu solitaire et a été retenue là-bas malgré elle. Ce qui fait l’élément fondateur de l’infraction de séquestration», a-t-il avancé, tout en demandant de condamner l'accusé à 10 ans de réclusion criminelle pour tentative de viol, séquestration, enlèvement de mineure et pédophilie.
Délibéré le 6 avril prochain.
Fatou D. DIONE
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