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POUR REPARER LE PREJUDICE DES HERITIERS DE BARA SOW ET ABABACAR DIAGNE: Me Khassimou Touré réclame trois milliards francs Cfa



POUR REPARER LE PREJUDICE DES HERITIERS DE BARA SOW ET ABABACAR DIAGNE: Me Khassimou Touré réclame trois milliards francs Cfa
 
Si la Chambre criminelle accède à la demande du conseil des parties civiles, le guide des Thiantacounes Cheikh Béthio Thioune et ses coaccusés risquent de saigner pour réparer le préjudice causé aux héritiers de Bara Sow et de Ababacar Diagne. En effet, Me Khassimou Touré a réclamé la rondelette somme de trois milliards francs Cfa en guise de dommages et intérêts.
 
Le procès de Béthio Thioune dit Cheikh (jugé par contumace) et 19 de ses coaccusés a repris, hier, à la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance du département de Mbour. Et, c’était aux conseils des parties civiles d’hériter du témoin, au terme des débats d’audience. Ainsi, après avoir «extirpé le dossier de toutes les nébulosités et les scories qui l’entachent» et tenté d’asseoir la culpabilité des accusés et de leur guide dans cette affaire, Me Khassimou Touré n’a pas fait dans la dentelle, en ce qui concerne la réparation du préjudice de ses clients. L’avocat a demandé trois milliards de francs Cfa en guise de dommages et intérêts destinés aux héritiers des défunts Bara Sow et Ababacar Diagne. Cependant, loin de battre monnaie à la barre de cette juridiction criminelle, Me Touré rappelle qu’aucune somme d’argent ne peut réparer le préjudice qui a été causé. «J’aurai pu demander le franc symbolique, car les héritiers sont restés dignes dans l’épreuve. Cet argent ne servira pas à cuisiner du ‘’puuc paac’’, c’est pour un vrai plat de résistance», raille-t-il, faisant allusion au plat préféré de Cheikh Béthio. Auparavant, à l’entame de sa plaidoirie, Me Khassimou Touré a anticipé sur les arguments de défense des conseils des accusés, notamment en ce qui concerne l’excuse de provocation, la légitime défense, l’imputabilité des faits qui, dit-il, ne peuvent prospérer, car les conditions ne sont pas réunies. «Bara Sow et son groupe sont venus les mains vides et étaient en train de réciter les Khassaïdes de Serigne Touba en attendant de faire leur ziar. Ils ont été attaqués. Et parler d’excuse de provocation ou de légitime défense relèverait d’une pure chimère. On vous (le juge) parlera de disqualification en coups mortels, mais dans cette affaire, les coups étaient prémédités, le certificat de genre de mort le prouve et les parties du corps qui ont été visées. Khadim Seck n’a pas tiré sur n’importe qui, il sait que c’était Ababacar Diagne qui leur foutait la m… et il a tiré», note la robe noire. Quant à l’autre victime, Bara Sow, l’avocat de prendre le contre-pied du médecin psychiatre, pour rappeler que le défunt n’était pas un nain intellectuel. Il en veut pour preuve ses études universitaires et un de ses poèmes récité à la barre sur la cohésion sociale. «Quelqu’un qui appelle à la cohésion sociale, comment peut-on dire qu’il est fou, qu’il crée le désordre, qu’il est un déséquilibré ? Soyons sérieux !», souligne l’avocat qui se désole de constater la fin tragique infligée aux victimes.
 
Me Khassimou Touré : «Béthio était au courant de tout»
 
Poursuivant dans sa plaidoirie, Me Khassimou Touré est revenu sur l’imputabilité des faits pour démontrer la part de responsabilité des différents accusés. A cet effet, contrairement aux dépositions des accusés pour tenter de tirer d’affaire leur marabout, il reste persuadé que tout ce monde est trempé dans ces actes criminels qui ont abouti à la mort de Bara Sow et de Ababacar Diagne. S’agissant de Cheikh Béthio, l’avocat d’invoquer une interview dans la presse, dans laquelle le guide des Thiantacounes avait annoncé son désir d’en finir avec son talibé Bara Sow. «S’il (Bara Sow) n’arrête pas de fréquenter ma demeure, les talibés vont le tuer ou c’est moi qui vais le tuer», avait-il laisser entendre, avant d’ajouter : «j’ai donné un ‘’ndigël’’ aux talibés de l’extirper à chaque fois qu’il met les pieds à Madinatoul Salam». Ce qui fait dire à la robe noire qu’il avait donné des instructions fermes à l’égard de Bara Sow. En d’autres termes, un «ndigël» préalable qui serait à l’origine de la commission des faits. «Toute la ligne de défense des accusés consiste à dire que Cheikh Béthio n’était au courant de rien et qu’il n’a rien vu. C’est faux ! Béthio était au courant de tout», fulmine Me Touré, persuadé que le guide des Thiantacounes est coupable de complicité de meurtre par abstention. En plus de n’avoir pas dénoncé un crime dont il était au courant.
 
Me Badara Ndiaye : «heureusement que la peine de mort a été abolie au Sénégal»
 
Lors de la commission des faits, Me Badara Ndiaye (avocat stagiaire) n’était pas encore avocat et c’est à travers la une des journaux qu’il a vécu, au plus profond de sa chair, cette cruauté infligée à Bara Sow et Ababacar Diagne. Indigné par cette mort atroce, l’avocat de soutenir : «heureusement que la peine de mort a été abolie et le Sénégal n’applique pas la charia, sinon, les coaccusés, sans risque de me tromper, seraient passibles de cette peine capitale», révèle d’emblée le jeune avocat. A l’en croire, les accusés n’ont laissé aucune chance aux victimes, comme en attestent les certificats de genre de mort. «C’est des actes criminels et lâches. Ces assassins ont imposé des sévices insoutenables aux victimes prématurément arrachées aux leurs. La manière dont ils sont morts défient les frontières de la morale», ajoute Me Ndiaye, qui n’a pas manqué de dénoncer ce qu’il perçoit comme une impunité suite à la commission des faits. Tout simplement parce que le guide des Thiantacounes, dit-il, soutenait le régime en place et ne s’attendait pas à être jugé. Or, relève la robe noire, il est le principal mis en cause dans cette affaire, pour avoir donné un «ndigël» avec acrimonie, qui a permis aux talibés de commettre ces meurtres. Ce qui est, à en croire l’avocat, un acte de complicité par instigation. «L’absence de Béthio pendant le déroulement des faits, alors qu’il était dans la maison et au fait des actes perpétrés, confirme son acquiescement à ce double meurtre. En plus de remettre un fusil à Khadim Seck qui a froidement tiré sur Ababacar Diagne. Tout cela, parce que Bara Sow était devenu une hantise pour lui, car il aurait proféré des injures à l’endroit de Serigne Saliou», souligne l’avocat, qui rappelle que notre système judiciaire expose tout complice à la condamnation de l’auteur principal.
 
Me Mamadou Guèye : «ils ont envisagé de l’éliminer physiquement»
 
A la suite de Me Badara Ndiaye, son confrère de la partie civile, Me Mamadou Guèye, est d’avis que le meurtre de Bara Sow a été prémédité. En effet, l’avocat est revenu sur les différentes péripéties qui ont rythmé les relations entre son client et un groupe des Thiantacounes proches de Cheikh Béthio. Et, c’est pour dire que Bara Sow a toujours avalé des couleuvres dans ses relations avec ce groupe précité. L’avocat en veut pour preuve les actes de vandalisme perpétrés lors de ses Thiant à Guédiawaye, à l’Université Cheikh Anta Diop, entre autres. Pour autant, note la robe noire, Bara Sow est resté fidèle à son guide spirituel. «Il a été emprisonné, avant d’être interdit d’accès dans la maison du Cheikh de Madinatoul Salam. Autant d’actes posés pour l’écarter du Cheikh, mais en vain. C’est parce qu’ils n’ont pas réussi à l’écarter qu’ils ont envisagé de l’éliminer physiquement», indique Me Guèye, qui rappelle que le jour des faits, Bara Sow était venu en paix, comme il résulte des dépositions des témoins. Tout le contraire des assaillants. Ce qui lui fait dire que la mort de Bara Sow est un assassinat prémédité et commandité par Béthio Thioune. Poursuivant, il révèle qu’il n’y a pas de problème d’imputabilité dans cette affaire, car tous ceux qui ont participé à la bagarre avaient l’intention de tuer. «Même lorsqu’on assiste à une scène de crime sans agir, on peut être poursuivi, à plus forte raison lorsqu’on prend part à la commission du crime», indique l’avocat, qui écarte la thèse de la bagarre pour parler d’assassinat. «Ils étaient animés par la ferme volonté de tuer, si c’était une bagarre, ils auraient dû appeler la gendarmerie. Mais, ils ne l’ont pas fait. Pis, ils ont dissimulé les corps avant de les enterrer nuitamment», fustige l’avocat.
Moussa CISS (Envoyé spécial à Mbour)
 
ENCADRE
 
ME KHASSIMOU TOURE ACCUSE DE COMBATRE BETHIO PAR L’INTERMEDIAIRE DE TOUBA
«Je ne sers pas de faire-valoir et je ne mène pas de combat par procuration» 
 
Me Khassimou Touré a profité de son temps de plaidoirie dans ce procès des Thiantacounes pour solder ses comptes avec ses détracteurs. A l’en croire, au lendemain de sa constitution pour le compte des victimes, des voix s’étaient élevées pour dire que Touba était derrière cette constitution pour combattre le guide des Thiantacounes. «Ce qui est faux», rétorque l’avocat. «Je ne sers pas de faire-valoir et je ne mène pas de combat par procuration», ajoute la robe noire, qui révèle que le guide des Thiantacounes avait envoyé un émissaire pour le constituer. Mais, il ne pouvait accepter, puisqu’il s’était déjà constitué pour le compte des victimes.  Poursuivant, il révèle que Touba n’a pas de problème avec Béthio et vice-versa.
 
Me Touré corrige la femme de Béthio, Déthié Pène
 
Très perspicace, Me Khassimou Touré n’a pas également sa langue dans la poche. Fervent Mouride, il n’a pas manqué de s’offusquer des propos de Sokhna Déthié Pène, dernière épouse de Cheikh Béthio, faisant croire, lors de sa déposition à la barre, que Béthio est Serigne Touba et Serigne Touba est Béthio. Comme une pilule amère restée en travers de la gorge, Me Touré a décidé de remettre les pendules à l’heure. «C’est grave de dire de tel propos ! C’est un dérapage. Béthio n’est pas Serigne Touba. Ces propos sont une offense à la communauté mouride et à Serigne Touba», fait remarquer l’avocat, qui cite les écritures du fondateur du Mouridisme. «Dieu m’a donné ce qu’il n’a donné à personne …». Cet homme ne peut être Cheikh Béthio. Cet homme jugé, condamné et déporté sans assistance pour faire au Gabon sept ans, sept mois et sept jours ; lorsqu’il est revenu, il a dit à la face de l’humanité : je pardonne. Il faut éviter les dérapages, car ça porte préjudice et ces propos sont source d’hostilité et de mépris. Cheikh Ahmadou Bamba est un non-violent, un pacifiste. S’il était là, il aurait condamné ces actes», (faisant allusion aux actes des Thiantacounes).
M. CISS
 
 
 


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