Traduite devant le juge des flagrants délits de Dakar hier, par sa camarade de classe Nogaye Fall Gaye, pour escroquerie, Aminata Fall va beaucoup prier pour que le juge suive le procureur qui a demandé sa relaxe. Pour un partenariat, elle avait mis en gage les bijoux d'une valeur de 4 millions de francs de la victime auprès d'un certain Serigne Lamine Camara. Délibéré demain.
L'amitié qui avait unit jusque-là Aminata Fall à sa camarade de classe Nogaye Fall Gaye a été rompue, hier, devant le juge des flagrants délits de Dakar, alors qu’elle date de l’école primaire. Car, Aminata Fall a été traînée devant la barre par Nogaye Fall Gaye pour une affaire d'escroquerie portant sur une valeur de 4 millions en or. En effet, ces deux amies de l'école primaire s'étaient perdues de vue pendant des années. Elles se sont rencontrées lors du décès d'un ami. Ainsi, elles ont renoué leur relation et ont créé un groupe WhatsApp de 40 personnes dont Nogaye Fall Gaye est l'administratrice. Aminata Fall, patronne d’une société, s'est rapprochée de son amie Nogaye Fall Gaye pour l’informer qu'elle avait un marché de 35 millions pour une commande de matériels d'imprimerie. Ce faisant, elle lui a fait savoir qu'elle ne détenait que la somme de 29 millions et qu'il lui manquait 6 millions. C'est dans ces circonstances qu'elle a demandé à la plaignante de nouer un partenariat à l'issue duquel Nogaye Fall Gaye aurait un bénéfice de 2 millions en plus du remboursement des 6 millions qu'elle avait donnés en guise de participation. N’ayant pas cette somme de 6 millions à sa disposition, elle a remis sa boîte de bijoux en or d'une valeur de 4 millions à Aminata Fall. Cette dernière, à son tour, a remis en gage cet or à un certain Serigne Lamine Camara qui lui a donné en échange le montant de 6 millions. Deux mois plus tard, nada. Nogaye Fall ne voit ni son or ni les 2 millions de bénéfice qu'elle devait percevoir dans le partenariat. Conséquence : elle porte plainte contre Aminata pour escroquerie afin d’entrer en possession de ses bijoux.
Aminata Fall : «j'avais une confiance aveugle en elle»
Hier, face au juge, Aminata Fall est revenue sur les contours de leur différend. «Je lui ai remis plus de 4 millions de bijoux en or parce que j'avais une confiance aveugle en elle. En réalité, cet or dépasse 6 millions. Elle avait dit qu’elle allait me rendre les bijoux le 30 janvier ainsi que la somme de 2 millions qui consiste la marge que je devais gagner. Ce qu'elle n'a pas fait jusqu'à présent et elle ne m'a pas donné les bijoux ainsi que les 2 millions. Elle a fait ce genre de chose à plusieurs personnes dans notre groupe», a révélé la plaignante qui souligne que la prévenue lui a remis un chèque sans provision.
Nogaye Fall Gaye : «Elle a mis en gage ses bijoux pour gagner 2 millions»
Interpellée à la barre, Nogaye Fall Gaye se dédouane. «C’est un ami du nom de Oumar Sow qui m'a parlé de la livraison d'un matériel d'imprimerie. C'est là que je me suis rapprochée d'elle. Les bijoux sont en gage auprès de Lamine Camara et parce qu'il y a eu un retard de paiement, il ne me les a pas restitués. Je n'ai pas touché à ses bijoux et je n'ai pas besoin de ça parce que j'en ai plus qu'elle. Elle a mis en gage ses bijoux pour gagner 2 millions», s'est-elle défendue.
Le parquet requiert la relaxe de Nogaye
Avocat de Aminata Fall, Me Alioune Badara Fall, convaincu de la culpabilité de la prévenue, a, dans sa plaidoirie, réclamé en premier lieu la restitution des bijoux à sa cliente. A défaut, la robe noire a demandé la somme de 10 millions pour toutes causes de préjudice confondues. La représentante du ministère public a estimé que la plaignante n'a pas été prudente en remettant cette valeur de bijoux dans cette relation commerciale. Ainsi, elle a souhaité sa relaxe même si le tribunal n'a pas la preuve de sa bonne foi, dit-elle.
Conseil de la défense Nogaye, Me Ndèye Anta Mbaye a ainsi rappelé que si on ne peut pas établir la preuve de la mauvaise foi de sa cliente, il sera difficile de la condamner. Sollicitant sa relaxe pure, l'avocate d'embrayer : «elle a eu une ablation de l'utérus et lorsque je suis allée à la maison d'arrêt pour faire une photocopie de son dossier médical, l'administration pénitentiaire a refusé, alors qu'elle est malade. Je sollicite de la renvoyer des fins de la poursuite au principal. Subsidiairement, de disqualifier les faits en abus de confiance et la relaxer». Délibéré demain.
Fatou D. DIONE