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PAPA SAMBA MBOUP :«C’est Benno qui est l’artisan de la montée de l’opposition»



PAPA SAMBA MBOUP :«C’est Benno qui est l’artisan de la montée de l’opposition»
 
Emmuré dans le silence depuis, Pape Samba Mboup, à la faveur des derniers résultats issus des élections législatives, a décidé de briser le silence. Dans cette interview exclusive accordée au journal «Les Echos», Pape Samba Mboup, comme toujours, dit ses vérités. Les résultats obtenus par la majorité, la percée de l’opposition, le prochain gouvernement, la présidence de l’Assemblée nationale, les retrouvailles de la famille libérale, le retour de Wade, le Plan Déthié Fall…,Papa Samba Mboup sans langue de bois.
 
 
 
Les Echos : On vient de sortir d’élections âprement disputées avec des résultats qui ont surpris plus d’un. Que vous inspire ce qui s’est passé ?
 
Pape Samba Mboup : D’abord, je félicite le peuple sénégalais pour sa maturité. Ils ont fait campagne sans incidents majeurs. Au-delà du peuple sénégalais, je félicite aussi le ministre de l’Intérieur et ses collaborateurs pour le bon déroulement des élections. Il n’y a eu aucune réclamation. Tout s’est passé normalement. Je peux même dire que c’est l’une des meilleures élections que le Sénégal ait organisées. En même temps aussi, je félicite les forces de défense et de sécurité qui ont été encore à la hauteur. Tout le monde a remarqué que l’opposition a fait une percée lors de ces élections. Ils ne vont pas dire que le code n’est pas bon, j’espère. Nous avons un très bon code électoral. Si le code ne l’était pas, l’opposition n’aurait pas eu ce qu’elle a eu.
 
Aminata Touré, tête de liste de votre coalition, étiez-vous d’accord avec ce choix de Macky Sall ?
 
Ce n’était pas évident dans le contexte dans lequel on se trouvait. Mais elle a réussi par sa hargne, par son discours, son savoir-faire. Elle a réussi à offrir à son parti la majorité relative. J’ai bien dit relative, parce que ce n’était pas évident. Je me demande même si quelqu’un d’autre, à sa place, aurait eu les mêmes résultats.Je la félicite. Je félicite aussi le Président Macky Sall pour son génie d’avoir choisi Aminata Touré, tête de liste. Il ne faut toutefois pas que l’on se voile la face. Il faut dire la vérité. L’opposition a fait une percée fulgurante pour ces élections. Ousmane Sonko qui incarne l’opposition a eu 57 députés, pour quelqu’un qui, à la dernière élection législative, était député par le plus fort reste. Si quelques années après, il nous revient avec ce score, il faut qu’on y réfléchisse. Il faut qu’on trouve les raisons, pour pallier cela. Une des raisons majeures, ça je vous le dis, c’est que c’est Benno qui est l’artisan de la montée de l’opposition.
 
En quoi ?
 
Les raisons, je ne vais pas vous les dire ici ; je les dirai en interne. Je suis loyal. Je ne veux pas exposer ici les problèmes. Je pense qu’il y aura une réunion en interne, parce que je fais partie de la coalition Benno Bokk Yakaar, je dirai les raisons pour lesquelles j’ai dit que c’est Benno qui est l’artisan de la montée fulgurante de l’opposition.
 
Comment analysez l’acte posé par Pape Diop qui a rejoint la majorité?
 
L’acte politique posé par le président Pape Diop et sa coalition est d’une portée idéologique et patriotique extrêmement importante. C’est un jalon vers les grandes retrouvailles libérales que j’ai toujours préconisées. Dans chacune de mes interventions, j’ai toujours souhaité des retrouvailles de la famille libérale. Que des hommes d’expérience d’obédience libérale, ayant partagé le même parti, il y a de cela moins de 15 ans, se retrouvent pour sauver le Sénégal d’un blocage institutionnel, en nous évitant une instabilité institutionnelle, est 10.000 fois plus cohérent et compréhensible que d’autres alliances. En plus, Pape Diop, c’est un homme de paix. On l’a toujours connu comme ça. Un homme généreux. Ça ne m’a pas étonné qu’il ait rejoint. Je suis heureux de voir Pape Diop avec deux jeunes leaders expérimentés, que j’ai vu grandir au sein du Pds à savoir Aliou Sow et Mamadou Lamine Massaly, prendre leurs responsabilités historiques pour soutenir notre frère Macky Sall, président de la République.
 
Mais est-ce qu’on peut mettre ça dans le compte des retrouvailles de la famille libérale comme vous dites ?
 
Pour les retrouvailles, je pense que c’est déjà fait. Il ne reste plus rien de l’autre côté. A part quelques-uns que je vais citer parce que ce sont mes amis Meïssa Sall et Lamine Thiam qui sont des militants légitimes depuis les moments de braise, il n’y a plus personne. Ils sont tous derrière Macky. Ils ont tous rejoint Macky. Pour moi, les retrouvailles, c’est déjà fait. Il appartient à Macky de peaufiner et d’en faire une réalité. Ils sont tous là. Pape Diop est venu. Fada, Farba Senghor, Me Sall, Omar Sarr de Dagana, Babacar Gaye…ils sont tous là. Cette famille est là derrière Macky Sall. C’est vrai qu’il reste quelques poches ; des gens qui veulent venir mais qui hésitent encore. Mais il faut aller les chercher.
 
Le Pds a eu une réussite véritable lors de ces élections. Comment l’analysez-vous ?
 
Si Wallu a percé, c’est parce qu’il y avait derrière Yewwi Askan Wi. Parce que là où dans les départements Wallu s’est présentée, Yewwi a voté pour lui. Ils ont juste fait des additions. Les effectifs de Wallu ont été renforcés par les militants de Yewwi et vice-versa. Si le Pds était parti seul, il n’aurait pas eu ce qu’il a eu. Tout comme également si Yewwi était parti seul, il n’aurait pas eu les mêmes résultats.
 
Donc c’est le Plan Déthié Fall qui a failli nous valoir une cohabitation ?
 
Je ne sais qui a eu ce plan, parce que je n’assiste pas à leurs réunions, mais si c’est lui, il est génial. Si c’est lui aussi, le Pds lui doit une fière chandelle. Sinon, ils n’auraient pas eu ces résultats. Abdoulaye Wade, dans les moments les plus forts de son ascension, n’a jamais dépassé 18 députés, quand nous étions dans l’opposition. Son plus gros score, c’est 18 députés. Et Sonko lui vient avec 53 ou 57 députés. C’est pourquoi j’ai dit qu’il nous faut réfléchir. Il faut voir ce qui se passe.C’est pourquoi je vous dis que Benno a une part de responsabilité et il faut qu’on règle ce problème définitivement.
 
Pour parler de Wade, comment avez-vous vécu son retour à la veille du scrutin de dimanche 31 juillet 2022 ?
 
Le retour de Wade, c’est bien. Wade, il faut qu’il vienne. Wade, c’est un patrimoine national. Rester en exil comme ça, ce n’est pas bon. C’est un Sénégalais ; il a sa maison ici ; il a sa famille ici. Je trouve qu’il doit revenir. Ainsi, sa famille pourra le couver avec ses amis. Il faut qu’il voie ses amis parce qu’à Versailles, il est isolé. Et puis Abdoulaye Wade, je le connais, il a besoin de voir toujours des gens, de toujours recevoir des gens. Et à Dakar, il aura l’occasion de recevoir des gens.
 
Et que pensez-vous de l’appel qu’il a lancé en direction des frustrés ?
 
J’ai entendu le président lancer un appel en direction des frustrés qui ont quitté le parti, de venir le voir pour régler les problèmes. Je crois que cet appel ne s’adresse pas à moi et Farba Senghor. Parce que, nous avons été exclus du Pds alors que les autres, pour une raison ou une autre, se sont fâchés et sont partis. Nous, nous avons été exclus comme des malpropres. Exclus, humiliés avec tout ce qu’on a enduré dans ce parti et pour ce parti. Si nous devions revenir, il y a le parallélisme des formes. Il faut que la structure qui s’était réunie pour nous renvoyer, pour nous exclure, se réunisse encore pour nous réhabiliter, rapporter la décision. En ce moment seulement, on parlera de si on peut revenir ou pas. On a été renvoyés, on ne peut revenir comme ça. Cet appel donc ne s’adresse pas à nous.
 
L’opposition refuse de participer aux élections du Hcct. Pape Samba Mboup, pour ou contre la suppression du Hcct ?
 
C’est vrai qu’il y a des gens qui disent qu’il faut supprimer parce que c’est un gouffre à milliards, qu’il n’y a pas d’utilité et tout. Mais sincèrement, je pense que le Haut Conseil a une utilité. Je ne suis pas dans ce système, mais je sais qu’il a une utilité comme le Conseil économique, social et environnemental. Parce qu’ils sont toujours sollicités pour conseils dans des domaines précis.
 
Quel type de gouvernement attendez-vous de Macky Sall ?
 
J’attends de Macky Sall le gouvernement que les Sénégalais attendent de lui.
 
C’est-à-dire ?
 
Un gouvernement de rupture dans le paradigme. Une rupture dans la façon de gérer, parce que Macky, on n’a rien à lui reprocher. Macky Sall connaît mieux que quiconque le pouls des Sénégalais. Il a des informations que personne n’a. Le génie qu’il a eu en nommant Mme Aminata Touré tête de liste, il aura le même génie de trouver un Premier ministre. Qu’on le lui laisse ; ça c’est son domaine. Il connaît ses hommes, il a les informations qu’il faut. Il ne faut pas le perturber. Laissons-le sereinement choisir son Premier ministre et je sais qu’il aura le génie de choisir le Premier ministre qu’il faut comme il a eu le génie de choisir Aminata Touré comme tête de liste.
 
Et pour l’Assemblée nationale ?
 
Pour l’Assemblée nationale, il est de nature que la tête de liste qui gagne, c’est cette tête de liste qui doit vraiment monter au perchoir. Parce qu’avec la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, il faut un bon débatteur comme président de l’Assemblée nationale. Il faut un bon politique qui a beaucoup d’expérience…il faut quelqu’un qui sache débattre parce que le débat sera élevé, le débat sera houleux. Donc, il faut quelqu’un qui ait beaucoup de bagages politique et intellectuel, une personne qui sache débattre et porter la contradiction.
 
Vous pensez à qui précisément ? A Mimi Touré, si on comprend bien ?
 
Non non, je donne des trucs standards. Je ne veux pas…même si j’ai un nom en tête. Seulement, ce n’est pas ici que je vais le dire publiquement ; pour ne pas me faire des ennemis. Au niveau de l’Apr, ils sont ce qu’ils sont. Ils ne se tolèrent pas.
 
Propos recueillis par Madou MBODJ
 
 
 
 
 
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