Ousmane Sonko appuie encore sur la gâchette en direction de Macky Sall et son régime. Prenant le prétexte de l’accident survenue le week-end à Badiouré et les difficultés de prise en charge qu’ont eu les blessés, à Bignona comme à Ziguinchor, il a fustigé l’attitude du pouvoir qui se préoccupe plus, à son avis, d’investissements prestigieux que d’améliorer la santé, l’éducation…des populations.
Dans une tribune intitulé «Le Sénégal ou le déni d’Etat en continu», Ousmane Sonko s’en est pris vertement au chef de l’Etat et à son régime qui, soutient-il, ont la conscience tranquille d’aller en vacances, alors que le pays et les populations sont pris dans des difficultés de toutes sortes. «Le plus dramatique est qu’une partie de ce peuple a fini par considérer que tout ce qui se passe dans ce pays est normal, si ça ne relève tout bonnement de la fameuse volonté divine.C’est sans doute la raison de l’assurance du gouvernement qui, malgré une situation sécuritaire, économique, sociale, pluviométrique et humanitaire des plus délétères et les scandales à répétition, trouve du temps pour la villégiature», assène-t-il. Et d’ajouter non sans un brin d’ironie : «Le premier flic du pays (le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye) est avec les lions à Fathala et le ‘’lion’’ (le Président Sall), lui, dort à Biarritz. Allez demander au paysan inquiet de la tournure de l’hivernage 2019 où se trouve Biarritz !» Poursuivant, le leader de Pastef note cette indifférence des gouvernants au sort des populations à travers l’accident qui s’est produit à Bignona, ce week-end, avec 5 morts et plus de 60 blessés dont 35 graves. Pour lui, ce drame «remet à nu la faillite de l’État du Sénégal» dans le secteur de la santé. Ce qui a posé un sérieux problème de prise en charge des accidentés, avec des conséquences regrettables. «Les premiers secours ont transporté les blessés vers Bignona, chef-lieu du département, qui ne dispose que d’un seul et unique centre de santé dont la capacité d’accueil est quasi nulle. Il ne dispose pas de service de radiologie, ni d’IRM. Ce qui fait office de ‘’bloc opératoire’’ n’a jamais fonctionné (…). Sur place, les blessés sont installés dans les couloirs, à même le sol. Deux autres d’entre eux perdront la vie dans ces conditions», déplore-t-il. Et de regretter que c’est vers «Ziguinchor, capitale régionale dotée d’un hôpital qui ne l’est que de nom», que les 66 blessés restants ont ainsi été acheminés et où un cinquième blessé succombera, tandis que les 65 autres «galèrent toujours en ce moment». Et Sonko est d’autant plus outré, «pas même la capitale, Dakar» n’est épargnée par le déficit de plateau médical de qualité. Et aussi triste que cela puisse paraitre, ça ne le surprend pas. «Pour nos gouvernants, la priorité, ce n’est pas d’éduquer, de soigner et de garantir le bien-être des Sénégalais», soutient-il. A l’en croire, «leurs priorités sont orientées vers des investissements de prestige ne répondant à aucune urgence nationale», et qui sont, de surcroit, des «prétextes pour enrichir des pays et entreprises étrangers sur fond de surfacturation et autres commissions occultes». Et comme si les populations n’en avaient pas assez de baver, Sonko souligne que «leur coup de grâce au peuple, c’est le vol éhonté des ressources pétrolières, gazières, minières, halieutiques, foncières… par le truchement du clan dirigeant».
Mbaye THIANDOUM