Alors que l’élection des délégués du personnel de Sen'Eau était attendue aujourd’hui sous une formule définie par la Direction générale, l'Isp s’est opposé à cette élection qui, à ses yeux, n’est ni transparente, ni crédible. Selon l'Isp, Sen'Eau ne peut être l'arbitre et l'acteur de sa propre élection. C’est un conflit d'intérêt évident, tranche la direction de l'Isp.
C’est un véritable camouflet infligé à la Direction générale de Sen'Eau par la direction régionale et mondiale de l'Internationale des Services publics (Isp). En effet, l’institution, pour donner suite au recours introduit par le Syndicat autonome des travailleurs de l'eau du Sénégal (Sates), syndicat majoritaire au sein de Sen'Eau, pour contester la formule proposée par la Direction générale de Sen'Eau pour l’organisation de l’élection des délégués du personnel prévue aujourd’hui, a tout simplement rejeté cette élection. «Le système de vote proposé par la Direction générale de Sen'Eau n'est ni transparent ni crédible. Il viole les principes fondamentaux de la participation des travailleurs et travailleuses et du contrôle indépendant des élections. Sen'Eau tente de contrôler le processus électoral par le biais d'un système numérique qu'elle a conçu et qu'elle gère. Cela fait de l'entreprise à la fois l'arbitre et l'acteur de sa propre élection - un conflit d'intérêt évident que les travailleurs ne peuvent pas accepter», précise l’Isp pour motiver sa décision. En effet, pendant deux ans, ajoute le communiqué de l’Isp, Sen'Eau a délibérément retardé les élections physiques régulières. «Aujourd'hui, sans véritable consultation, elle cherche à imposer un système qui manque de transparence, tient les syndicats à l'écart de la prise de décision et ouvre la voie à l'ingérence. Il ne s'agit pas seulement d'une réforme administrative, mais d'une attaque contre les libertés sur le lieu de travail», charge l’Isp qui informe que le ministre du Travail a déjà rejeté ce système de vote numérique.
Les travailleurs méritent des dirigeants qu’ils choisissent librement
«L'Isp est aux côtés de Sates et des travailleurs de Sen'Eau pour rejeter tout processus électoral qui manque de transparence et de légitimité. Les travailleurs méritent des dirigeants qu'ils choisissent librement, et non des dirigeants triés sur le volet dans le cadre d'un processus truqué», martèle l’Isp qui exige dans la foulée, la suspension immédiate du processus électoral du 3 juin. Aucun vote, ajoute le communiqué, ne devrait avoir lieu dans le cadre d'un système auquel les travailleurs et les syndicats ne font pas confiance. L’Isp exige aussi l’abandon de toute tentative d'imposer une méthode de vote numérique contrôlée par l'employeur ; l’organisation d'élections physiques conformément aux règles établies ; la mise en place d'un forum de consultation transparent qui respecte le paysage syndical de Sen'Eau. Ce qui implique un véritable dialogue et non des diktats imposés par la Direction. «La tentative de la Direction de Sen’Eau de contourner la représentation syndicale légitime n'est pas seulement illégale, elle est dangereuse. Elle sape la confiance dans les institutions, ne respecte pas le rôle du ministre du Travail et menace le dialogue social sur les lieux de travail et au Sénégal», tranche l’Isp.
M. CISS