Il y a eu un double crime crapuleux par balle en plein jour, samedi dernier, vers les coups de midi, au marché central de Mbour. A. Kouyaté, qui voulait opérer une conversion dans un bureau de change, établi dans le marché en question, a tué à bout portant le cambiste, Ndiaga Ndiaye, et le charretier manutentionnaire, Ngagne Cissé. Il a ensuite blessé accidentellement trois autres individus par balle, au moment où il tirait des coups de feu à tout bout de champ dans la foule, histoire de sauver sa peau face à la clameur publique.
Samedi dernier, vers midi, A. Kouyaté débarque au marché central à bord de sa moto en provenance de Thiès et se gare devant le bureau de change de Ndiaga Ndiaye. Il s’engouffre ensuite dans le bureau et exprime son désir de procéder à une conversion des billets de dollars en francs Cfa. Seul à son lieu de travail, le cambiste accepte l’offre. Kouyaté sort alors deux billets de 1 dollar et les présente au jeune homme. Ce dernier puise aussitôt dans sa caisse, prend le montant conventionnel et le dépose sur le comptoir. Mais, subitement, le client dégaine un pistolet et le braque contre le cambiste. Il lui profère ensuite toutes sortes de menaces et demande de lui remettre dare-dare tout l’argent de la caisse. Au risque de le transformer en passoire à coups de feu.
Le cambiste se jette sur l’assaillant à sa sortie et l’empoigne au cou
Le cambiste panique, prend les fonds de roulement du bureau et les donne à son braqueur. Qui récupère aussitôt tout le fric et le fourre en vitesse dans ses poches. Il marche à reculons et continue de pointer le pistolet contre le jeune homme. Lequel craint pour sa vie, maintient les bras en l’air et laisse son assaillant dérouler son raid tout en le dévorant du regard. Mais, au moment où le gangster tente de ressortir du bureau, le cambiste fait le tour du comptoir de son box, se jette par surprise sur lui et l’attrape avec force par le cou.
Le gangster ouvre le feu et atteint le cambiste à l’épaule
Le voleur se rebiffe et tente de s’extirper du bourbier. Il débite des énormités à tout rompre et se débat comme un beau diable pris dans un sordide piège. Mais, Ndiaga resserre davantage l’étreinte, s’emploie à le maîtriser et lui réclame le pognon. Une vive altercation éclate entre les deux hommes dans le bureau de change. Face à la témérité de son antagoniste, Kouyaté ouvre le feu et l’atteint au niveau de l’épaule. Ndiaga accuse le coup et continue néanmoins de s’agripper à son agresseur. Il se vide de son sang, s’affaiblit et s’écroule brusquement au sol.
Il tue par balle un charretier qui voulait le rattraper
Alerté par la détonation, Ngagne Cissé, charretier manutentionnaire d’un magasin à proximité, accourt vers le grand portail du bureau de change et tombe sur le malfaiteur, qui prend la fuite et tente d’enfourcher sa moto pour s’échapper. Il est très vite pris en chasse cependant par le charretier, qui tente de le rattraper. Le braqueur se retourne contre le cocher, tire encore un coup de feu et l’atteint au niveau de la gorge et de la poitrine. Ce dernier s’affale au sol et décède sur le champ.
Il fait trois victimes collatérales, qui ont reçu des balles perdues
Ce fut alors la ruée vers le bureau de change. Des gens trouvent le cambiste dans un piteux état de santé, l’embarquent et le conduisent en toute urgence dans un centre hospitalier. Mais, au cours de son évacuation, le jeune homme succombe à ses blessures par balle. Ce qui a déclenché un tollé dans le marché central. Mais, dans sa folle course-poursuite avec la foule, le malfrat tire des coups de feu à tout bout de champ pour assurer sa fuite et fait trois victimes collatérales ; des individus ont reçu des balles perdues dans leurs lieux de commerce respectifs. Aux dernières nouvelles, le pronostic vital des victimes de balles perdues n’était pas engagé. Leur état de santé était stable.
Vieux Père NDIAYE
CAMBISTE ET CHARRETIER TUES PAR BALLE
La foule crie à la vengeance, brûle des pneus et attaque les policiers
De violents affrontements ponctués d’intifada ont éclaté entre des jeunes et des policiers du commissariat central de Mbour dans les ruelles du marché central de la localité et ses environs.
A la suite du double assassinat par arme à feu, les jeunes issus de différents quartiers affluent par vagues et prennent d’assaut le marché central, où la tragédie est survenue. Et le présumé auteur des faits, A. Kouyaté, pour se tirer d’affaire, dégaine son pistolet et court comme un dératé pour échapper à la vindicte populaire. Mais, face à la clameur publique, il s’arrête par moments, se retourne et fait face à ses poursuivants. Il brandit encore son pistolet et tire des coups plusieurs fois dans le tas. Ce qui ne décourage pas pour autant les jeunes. Qui grondent encore de colère et se laissent aller à des insanités.
Le braqueur se réfugie au service départemental de la pêche pour sauver sa vie
Coincé, le malfaiteur redoute pour sa vie devant la furie des habitants et court se réfugier dans les locaux du service départemental de la pêche, où il sera rejoint par les agents du commissariat central de Mbour. Lesquels usent de la manière forte et tentent de disperser la foule. Ils embarquent le meurtrier présumé et manœuvrent pour se frayer un chemin. Meurtris, les habitants s’y opposent de manière farouche, laissent éclater leur colère et réclament la tête du braqueur. Qui finit par être exfiltré puis conduit toutes sirènes hurlantes au commissariat avec le concours du renfort des éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi).
Les manifestants engagent des actions de guérilla, les agents ripostent
N’ayant pu venger leurs voisins, les jeunes envahissent les rues, se livrent à des vandalismes et brûlent des pneus au niveau des grandes artères et autres points névralgiques de la cité. Les flics reviennent à la charge et tentent de disperser les manifestants qui se redéployent aussitôt à d’autres endroits et organisent des actions de guérilla. La police charge à coups de lacrymogènes. C’est le sauve-qui-peut. Les jeunes ripostent par des jets de projectiles. Ils se massent devant le commissariat et donnent encore l’assaut, histoire d’accéder à l’intérieur et sortir le malfrat pour lui faire la peau.
Face à la clameur populaire, les policiers opèrent un repli stratégique, se repositionnent et quadrillent les quatre coins de leurs locaux. Ils maintiennent ensuite le dispositif anti émeutes jusque tard la nuit pour parer à toute éventualité.
V. P. NDIAYE
L’arme du crime : un pistolet automatique de marque Browning ; 2 chargeurs et des cartouches de 7.65
Suite à l’éclatement de la tragédie au marché central de Mbour, le procureur de la République du Tribunal de grande instance de Mbour, Mamadou Diop, a fait un communiqué pour parler de l’affaire. Ainsi, selon la note du parquet, l’arme du crime est un pistolet automatique de marque Browning. Le braqueur détenait «deux chargeurs et des cartouches de calibre de 7.65 pour commettre un vol». «L’assaillant s’appelle A. Kouyaté, né le 2 février 1985 à Nzérékoré en République de Guinée», conclut le document.
V. P. NDIAYE
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