Les conjectures sont allées bon train hier. En fait, Dr Babacar Niang n’est pas poursuivi pour les affaires liées à la maladie de Ousmane Sonko. Il était convoqué suite à des plaintes déposées par sa famille, mais aussi par Bamba Fall, maire de la Médina, suite au rappel à Dieu de Mamadou Ly, alias Doudou Fall, mort dans des conditions atroces. La clinique Suma Assistance a été accusée d’avoir négligé le patient dont le pronostic vital était engagé, parce qu’il n’était pas militant de Pastef. Ce que Dr Niang a totalement nié, indiquant que, contrairement à ce qui a été avancé, il n’a signé aucun contrat avec Pastef. Il est poursuivi pour négligence médicale et non-assistance à une personne en danger.
Arrêté à Médina Ndiathbé, Dr Babacar Niang a été conduit à la Sûreté urbaine où il a été longuement auditionné hier. D’emblée, le patron de la clinique Suma Assistance a dit avoir été poursuivi dans le passé pour non-assistance à personne en danger, mais, à l’issue de l’instruction, il avait bénéficié d’un non-lieu. Interrogé sur le cas Mamadou Ly, plus connu sous le nom de Doudou Fall, évacué à la clinique à la suite de manifestations du 16 mars, Dr Babacar Niang a déclaré que quand il a été admis le 16 mars dernier à la clinique, un scanner a été fait et a conclu à des lésions cérébrales accompagnées d’un «engagement». Ce qui signifie que le pronostic vital de ce dernier était engagé. Devant cette situation, dit-il, sa famille a demandé que le patient soit transféré à l’hôpital Principal de Dakar.
Questionné sur les déclarations de la famille du défunt ainsi que de Bamba Fall qui ont déposé plainte contre la clinique pour « négligences médicales et non-assistance à une personne en danger, selon lesquelles le défunt Mamadou Ly n’a pas été pris en charge à la clinique, malgré la gravité de ses blessures et que les agents trouvés sur place leur ont fait savoir que les patients affiliés au parti Pastef étaient pris en charge en priorité », Dr Babacar Niang a rejeté ces propos.
Dr Niang a aussi rejeté la déclaration de la famille du défunt selon laquelle la situation de Mamadou Ly s’était aggravée avec l’admission de Ousmane Sonko, puisque, selon eux, il a été abandonné sur les lieux sans traitement jusqu’au lendemain 17 mars où il décéda, au cours de son transfert à l’hôpital Principal de Dakar.
Le patron de Suma Assistance a aussi totalement nié que des questions aient été posées au défunt dans l’ambulance qui le transportait à la clinique pour savoir s’il était membre de Pastef et que devant sa réponse négative, les agents lui ont fait savoir qu’il y avait un contrat entre Suma Assistance et le Pastef pour la prise en charge prioritaire des manifestants de cette formation politique blessés lors de manifestations. D’autant que, insiste-t-il, il n’a signé aucun contrat avec Pastef. Dr Niang reconnaît tout de même que ses collaborateurs ont juste demandé si le patient avait une prise en charge.
Néanmoins, il a admis que le Docteur Ousmane Cissé et un infirmier nommé Alé Bâ lui ont demandé de les aviser à chaque fois qu’un patient militant de Pastef se présente devant eux.
Sur « l’abandon » de Mamadou Ly à la clinique sans soins à cause de sa non-appartenance à Pastef, Dr Niang a encore dégagé en touche en affirmant que le neurochirurgien devait passer le vendredi, mais la famille avait décidé de son évacuation.
Il faut dire que le cas Mamadou Ly était grave. Le certificat de genre de mort fait état de décès dû à un «traumatisme maxillo-facial par objet de nature indéterminé ayant traversé la poche infra orbitaire de l’œil droit puis la fosse moyenne droite et l’hémisphère cérébral droit puis gauche décrivant un trajet oblique de bas en haut en ayant entrainé une hémorragie cérébro-méningée et un hématome sous-dural massif». Ce qui veut dire qu’il devait être pris en charge d’urgence pour lui porter les soins dont il avait besoin pour assurer sa survie. Cependant, au lieu de le transférer dans une structure plus équipée pour prendre en charge son cas, Suma Assistance a décidé de le garder dans l’attente de l’arrivée de spécialistes en ne lui administrant aucun soin. Ce qui, sans nul doute, a aggravé son cas au point d’entrainer sa mort au cours de son évacuation. Ce qui, selon les enquêteurs, constitue indéniablement une négligence médicale et une non-assistance à une personne en danger.
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