Manifestement, le procureur de la République et les juges d’instruction, notamment le Doyen des juges d’instruction et le juge d’instruction du deuxième cabinet, n’émettent plus sur la même longueur d’onde. Du moins, pour ce qui concerne les dossiers des responsables du Pastef et celui du coordonnateur de Y en a marre, il y a désaccord entre les deux. Chaque fois que le parquet demande un mandat de dépôt, les juges passent outre. C’est le cas dans l’affaire Aliou Sané, Cheikh Bara Ndiaye et récemment El Malick Ndiaye. Suffisant pour susciter des interrogations.
Le torchon brûle-t-il entre le procureur de la République et les juges d’instruction, notamment le Doyen des juges et le juge du deuxième cabinet ? Si c’est peut-être un peu exagéré de le dire, il est tout de même évident qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde dans plusieurs affaires, en l’occurrence celles de responsables de Pastef, du coordonnateur de Y en a marre etc. A tort ou à raison et peut-être même plus à tort qu’à raison, des accusations ont été portées sur les juges Oumar Maham Diallo et Mamadou Seck que très souvent, ils suivent les réquisitions du parquet. Mais aujourd’hui, leurs détracteurs doivent s’étonner et se poser des questions. Car, depuis quelque temps, c’est le désaccord entre Abdou Karim Diop et les magistrats instructeurs.
Aliou Sané, Bara Ndiaye…
Dans l’affaire Aliou Sané, le juge d’instruction a refusé de placer sous mandat de dépôt le coordonnateur du mouvement Y en a marre, comme l’a souhaité le chef du parquet. Fort heureusement pour Aliou Sané, il a été relâché avant même que le procureur ne fasse appel. N’empêche Abdou Karim Diop fera appel de l’ordonnance de refus de placement sous mandat de dépôt et de mise en liberté provisoire sous contrôle judiciaire. Il vient d’obtenir gain de cause puisque la Chambre d’accusation a infirmé l’ordonnance du juge. Le dossier sera tranché par la Cour suprême qui a été saisie par l’avocat d’Aliou Sané.
Mardi dernier, le juge Mamadou Seck a rendu une ordonnance de mise en liberté provisoire assortie du contrôle judiciaire concernant Cheikh Bara Ndiaye. Ce, contrairement aux réquisitions du procureur de la République qui a donné un avis défavorable. Le juge est donc passé outre les réquisitions du procureur. Mais, c’était sans compter avec les pouvoirs du procureur qui interjette appel, maintenant le chroniqueur de Walf en prison. Cheikh Bara Ndiaye n’a pu avoir la même chance que Aliou Sané.
Et maintenant El Malick
C’est quasiment ce qui risque de se passer pour le cas de El Malick Ndiaye. Le chargé de communication de Pastef a été inculpé une première fois, en mars dernier, mais, il a été placé sous surveillance électronique par le Doyen des juges d’instruction. Le 23 juillet dernier, il a été à nouveau inculpé dans l’affaire d’une vidéo qui lui a été imputée. Oumar Maham Diallo n’a pas estimé nécessaire de le placer sous mandat de dépôt. El Malick Ndiaye a donc été placé sous contrôle judiciaire. Cela, manifestement n’a pas plu au chef du parquet qui a interjeté appel de l’ordonnance du magistrat instructeur. La Chambre d’accusation va encore trancher. Si l’on est habitué à voir les avocats des inculpés saisir la Chambre d’accusation pour une demande de mise en liberté provisoire rejetée, dans ces différentes affaires, c’est le contraire qui se passe : le procureur saisit la juridiction de recours après une liberté provisoire d’un inculpé. De quoi s’interroger ? Pour ce qui est de l’indépendance des juges, les magistrats instructeurs ont ici prouvé la leur.
Alassane DRAME












