L’extrémisme et le racisme continuent de miner la société italienne, qui tente depuis la fin de la seconde guerre mondiale de se départir de son passé fasciste. «Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes. Toute l'œuvre qui jusqu'à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme…», disait Telesio Interlandi dans «La défense de la race». À juste titre, est-on tenté de dire, au vu de la persistance du racisme dans ce pays. Et il faut dire que les Sénégalais, 14e communauté étrangère la plus représentative avec 98.176 dans ce pays d’Europe du sud, selon les chiffres officiels des autorités italiennes, restent des cibles privilégiées pour les «fous italiens». Hier encore, un compatriote vivant en Italie a été abattu à Florence par un extrémiste italien qui a déclaré vouloir se suicider «pour des raisons économiques».
Selon nos informations, tout s'est passé juste avant midi, sur le pont Vespucci, juste au centre de Florence, à quelques encablures du consulat général des États Unis. Aussitôt après l’acte ignoble, les sauveteurs sont immédiatement arrivés sur les lieux. Les employés du consulat américain, qui ont entendu les coups de feu, ont donné l'alarme. Mais les tentatives pour sauver la vie de Idy Diène sont restées vaines. Notre compatriote âgé de 54 ans avait déjà succombé sous les balles de l’Italien dont une à la tête.
De leur côté, les Sénégalais vivant dans cette ville du centre de l’Italie, las des tueries qui semblent les viser, ont rallié les lieux dès la tombée de la nouvelle. Selon nos sources, pas moins de 300 compatriotes sénégalais ont bloqué le pont Vespucci. Le présumé meurtrier Roberto Pirrone, 65 ans, a été arrêté et conduit au poste de police par des policiers qui ont déclaré au cours de la journée d’hier que le présumé meurtrier a confié qu’il voulait se suicider. Mais ne trouvant pas le courage d’ôter sa propre vie, il aurait décidé de tirer sur le Sénégalais et finir en prison.
Aussi apprend-on de témoins qui se sont confiés aux média italiens, Pirrone, qui semble-t-il n’était pas lucide au moment des faits, aurait évoqué, en pleurant, le désir de se suicider pour des raisons économiques. Il avait même pris le soin d’écrire une lettre à sa fille. La lettre nous dit-on a été trouvé chez lui, à Oltrarno, non loin du Pont Vespucci.
En signe de protestation, environ 300 Sénégalais ont rallié le lieu du drame à savoir le pont Vespucci dont ils ont bloqué la circulation. Très amers, nos compatriotes se sont dirigés vers le poste de police avant de traverser la place Signoria, où ils ont eu une réunion à Palazzo Vecchio avec le conseiller pour le bien-être Sara Funaro et l'Imam Izzedine Elzir.
De là, certains de nos compatriotes qui n’en pouvaient plus de la violence que certains Italiens exercent sur eux, se sont confiés aux journalistes. «Nous les avons tous vus parader ensemble, dévastant tout», a déclaré un commerçant sénégalais. Avant que Pape Diaw, membre de la communauté sénégalaise de Florence, ne monte le ton. «Nous avons recueilli deux morts dans cette ville et nous avons gardé le calme, ça suffit», a-t-il déploré. Du côté des autorités italiennes, le maire de la ville de Florence, Dario Nardella, qui a exprimé « une grande tristesse et sa solidarité avec la communauté sénégalaise», a appelé au calme. «J'invite toute la communauté (sénégalaise), à rester calme et ne pas aller au-delà des formes publiques d'expression de la douleur», a-t-il déclaré.
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que des Sénégalais tombent sous les balles racistes de militants d’extrême droit italiens. Le 13 décembre 2011, deux Sénégalais, Modou Samb et Mor Diop, ont été tués sur la Piazza Dalmazia, dans cette même ville de Florence par Gianluca Casseri, un extrémiste de droite qui s'est suicidé après son forfait. D’ailleurs, selon des informations qui nous sont parvenues, la victime d’hier était un parent de Modou Samb.
Sidy Djimby NDAO