La prison à vie, c’est ce que risquent l’artiste Souleymane Diouf et le soudeur métallique Yakhya Keita, qui comparaissaient hier devant la Chambre criminelle de Dakar, pour vol avec effraction commis la nuit et en réunion, avec usage de véhicule. Ils seront fixés sur leur sort le 10 décembre prochain.
Devant la Chambre criminelle de Dakar où ils comparaissaient hier pour vol en réunion commis la nuit avec effraction et usage de véhicule, l’artiste Souleymane Diouf et le soudeur métallique Yakhya Keita encourent des travaux forcés à perpétuité, après 5 ans de détention préventive. Quant à leur acolyte Mor Diallo, il est en fuite et il est resté introuvable jusqu’à présent. Sur les faits qui leur sont reprochés, il a résulté des débats que durant la nuit du 17 au 18 avril 2015, ils ont cambriolé le magasin sis à l’avenue Blaise Diagne du commerçant Mansour Mbengue. Les malfrats avaient fracassé la porte de son local et emporté des compresseurs, un ordinateur, un téléviseur, entres autres matériels. Ayant avisé ses collègues de ce vol qu’il a subi, l’un d’eux l’a informé avoir acheté un compresseur auprès du nommé Ibrahima Ndiaye. Interrogé, Ibrahima Ndiaye révèle que le compresseur lui a été vendu par Mamadou Sow. Le sieur Ndiaye explique avoir acquis auprès de Souleymane Diouf et Yakhya Keita 8 compresseurs, un ordinateur portable de marque HP et un téléviseur. Interpellés, Souleymane Diouf et Yakhya Keita ont déclaré que vers les coups de 2 heures du matin, ils ont cassé les cadenas du magasin avec une barre de fer et ont embarqué le matériel dans un taxi avant de l'écouler à Colobane. Entendu, Le propriétaire du magasin a évalué le coût de sa marchandise volée à 4 millions.
Ils avouent devant les enquêteurs et le juge d’instruction et nient tout devant la barre
Inculpés pour vol en réunion commis la nuit avec effraction et usage de véhicule, ces accusés qui avaient fait des aveux circonstanciés à l’enquête et devant le juge d’instruction, ont vacillé, hier, dans leurs déclarations devant la Chambre criminelle. Domicilié à Rebeuss, le garçon de 23 ans Yakhya Keita jure n’avoir rien à voir dans cette histoire de cambriolage. A l’en croire, ce sont les agents et le juge d'instruction qui leur ont imputé les faits et écrit qu’ils les reconnaissaient, mais qu’il n’en est rien. «C’est Mor Diallo qui m'a dit qu'il avait des pièces qu’il vendait et qui provenait d'un conteneur. Ainsi, il m'a demandé de le mettre en rapport avec un client pour les écouler. C’est là que je l'ai trouvé à l'avenue Blaise Diagne, lieu de notre rencontre. Et je l’ai mis en rapport avec Mamadou Sow. Mais, je me suis mis à l'écart au moment où ils discutaient. Et après, Sow m'a offert 5000 F», s’est-il défendu. Et pourtant, il avait déclaré aux enquêteurs que Souleymane Diouf avait défoncé le cadenas du magasin avec une barre de fer. Il soutenait même avoir vendu 8 compresseurs a Mamadou Ndiaye pour un montant de 110.000 F.
A son tour, le soudeur métallique de 24 ans Souleymane Diouf a nié. «C'est Mor Diallo que je connais, on travaillait ensemble. Cela faisait longtemps que je ne l'ai pas vu. Mais un jour, je l'ai rencontré à Ouakam et c'est là qu'il m'a confié qu'il avait des bagages qu'il devait transporter à Petersen. De là, je suis parti avec lui à Petersen et il les a donnés à Mamadou Sow», s’est-il dédouané. Et pour les propos qui lui sont prêtés sur procès-verbal, il dégage en touche : «tout ceci n'est qu'une création des policiers».
Le Procureur demande la perpét
Malgré leurs dénégations, ils n’ont pas réussi à convaincre le procureur qui a souhaité qu’ils soient condamnés à des travaux forcés à perpétuité. «Le vol avec effraction est constant, parce que les cadenas ont été défoncés avec une barre de fer. La circonstance de nuit est établie puisqu’ils ont commis les faits vers 2h du matin. L'usage de véhicule n'est pas aussi contesté parce qu'ils ont utilisé un taxi. La circonstance de réunion est aussi constante parce qu'ils ont unanimement reconnu avoir commis le vol ensemble. C'est des faits constants et qui leur sont imputés», a expliqué le parquetier.
Pour la défense de Yakhya Keita, Me Ousseynou Gaye dira : «c'est la rue qui l'a accueilli parce qu'il a un père malade jusqu’à présent. Et avec une mère débordée par le boulot, il n'a personne pour le redresser. De ce fait il mérite magnanimité du tribunal», a plaidé la robe noire. A sa suite, Me Ndiogou Ndiaye a sollicité du tribunal d’écarter la circonstance aggravante en ce qui concerne l'usage de véhicule. Me Abdou Aziz Djigo pour sa part a souhaité une application bienveillante de la loi pour Souleymane Diouf parce que, selon lui, la circonstance de nuit fait défaut. Délibéré le 10 décembre 2019.
Fatou D. DIONE