La Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris a évoqué hier l’affaire de corruption à la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) dans laquelle son ancien président Lamine Diack a été inculpé et renvoyé en jugement, de même que son fils Massata Diack. Mais, l’affaire a été renvoyée à des dates indicatives, à la demande du parquet financier de Paris qui a donné deux raisons pour solliciter le renvoi. Le Parquet financier a, entre autres raisons, parlé de lenteurs, en pointant du doigt le Sénégal. Mais selon Me Moussa Sarr, avocat de Massata Diack, la faute est à imputer au gouvernement français. Cette affaire sera donc à nouveau évoquée en avril et au 3 juin.
Lamine Diack et Massata Diack ont été appelés hier par le juge du Tribunal de Paris, Rose-Marie Hunault, mais seul l’ancien Président de l’Iaaf a répond présent à l’appel. C’était le démarrage du procès de l’affaire de corruption à l’Iaaf qui a fait les choux gras de la presse sénégalaise, mais aussi la presse internationale. Ç’aurait été au Sénégal, Mes Moussa Sarr et Cie, conseils de Massata Diack, n’auraient pas eu la parole étant donné que leur client n’a pas comparu. Mais, cela n’a pas été le cas hier à Paris. «On nous a bien donné la parole. Ce ne sont pas les mêmes textes. En France, le droit de la défense est absolu ; il n’y a aucune limite. Même si le prévenu ne comparait pas, l’avocat a droit à la parole. On nous a donné la parole publiquement, on a fait noter notre constitution. Il n’y a pas eu de problème. On a participé à toute l’audience. C’est différent du Sénégal. Nous sommes des avocats, si on se déplace, c’est parce que nous connaissons les textes», a expliqué Me Moussa Sarr que nous avons joint au téléphone.
Cependant, le procès a été renvoyé à la demande du Parquet financier. «Le Parquet financier a sollicité le renvoi pour deux motifs : il estime qu’il a reçu tardivement l’exécution de la commission rogatoire internationale qui a été exécutée par le Sénégal, au mois de novembre. Pape Massata Diack a été entendu (par le Doyen des juges), il a répondu à toutes les questions et produit toutes les preuves. Il dit qu’ils ont reçu cette commission rogatoire tardivement», révèle l’avocat qui blanchit le Sénégal. «Ce qu’il y a lieu de préciser, c’est que cette tardiveté n’est pas du fait de l’Etat du Sénégal; elle est liée aux lenteurs administratives de l’Etat français, entre le Quai d’Orsay et le ministère de la Justice français. Donc ce n’est pas du fait de l’Etat du Sénégal», renseigne Me Sarr. Faut-il le souligner, c’est le Parquet financier français qui a, dans ses développements, imputé la faute à l’Etat du Sénégal. La deuxième raison qui a motivé la demande de renvoi, de la part du Parquet financier, précise l’avocat, c’est que «le parquet financier a constaté qu’il y a une irrégularité dans l’ordonnance de renvoi contre Pape Massata Diack, parce qu’on a visé le délit de recel, alors que dans la mise en examen, il n’était pas poursuivi pour cela». A en croire donc l’avocat, «c’est le maître des poursuites lui-même qui a initié la procédure qui a dit qu’il n’était pas prêt pour un procès». L’avocat soutient qu’eux étaient prêts à «défendre l’innocence de Pape Massata Diack». Qu’est-ce que cela entraîne ? «Si l’affaire était plaidée, Massata Diack ne pourrait pas être poursuivi pour le délit de recel. Mais dès lors qu’elle est renvoyée pour régularisation, le juge d’instruction va régulariser cette anomalie».
L’affaire a été renvoyée au 27 avril, pour mise en état, «pour vérifier l’état de la régularisation des irrégularités et au 3 juin, pour vérifier si le dossier est en état d’être plaidée», précise Me Sarr. Ainsi, si le dossier est en état d’être jugé, le procès se déroulerait entre le 3 juin et le 22 juin, après la vérification de l’audience de mise en état.
Lamine Diack est poursuivi dans cette affaire, pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.
Alassane DRAME