Pour avoir menacé de publier les images obscènes de leur patron commun, Abdoulaye Loum, le couple Badji en a payé les frais. Car, même s'ils ont bénéficié d'une liberté provisoire avant leur face à face hier avec le juge des flagrants délits de Dakar, ils ont été condamnés à 2 ans de prison assortis du sursis. Ousmane Badji et son époux sont poursuivis pour collecte illicite de données à caractère personnel, extorsion de fonds et complicité de ces chefs.
Les époux Astou Mbène Ndiaye et Ousmane Badji sont tombés dans les filets d'un «pervers sexuel» si on s'en tient aux déclarations de ces derniers, prévenus dans cette affaire de mœurs. Abdoulaye Loum, au lieu de lui apprendre les rudiments de son travail et se limiter à la relation patron-employeur, a franchi le Rubicon en jetant le dévolu sur la femme d'autrui, Astou Mbène Ndiaye. Cette dernière, fatiguée des assauts sexistes de son patron, comme une bonne respectable et respectée épouse, a fait part à son homme des harcèlements sexuels qu'elle subissait au quotidien au boulot de la part de son supérieur. Ils ont alors décidé d'agir pour freiner Abdoulaye Loum et le faire tomber. Ainsi, ils ont mis un plan bien huilé dans le but d'obtenir des images obscènes du directeur de la boîte.
Ainsi, en complicité avec son mari, Astou Mbène Ndiaye a donné un rendez-vous à son harceleur dans une auberge aux Almadies. Et c'est Ousmane Badji qui avait transporté sa femme à l’auberge. Une fois sur place, le mari s'est mis en retrait laissant seuls son épouse et Abdoulaye Loum dans une chambre de l'auberge. Astou Mbène Ndiaye, pour communiquer à son mari le numéro de la chambre pour qu'il la rejoigne, a fait croire à son boss qu'elle devait se préparer avant de passer à l'acte. Là, elle s'est enfermée dans les toilettes pendant que Abdoulaye Loum s'était déshabillé. C’est ainsi que son conjoint Ousmane Badji est alors entré dans la chambre. Il trouve Abdoulaye Loum nu comme un ver de terre et se met à le filmer.
Avec les vidéos, il exige une augmentation de salaire, une moto, des contrats à durée indéterminée pour lui et son épouse, 15 millions F Cfa pour construire sa maison à Tivaouane Peulh etc. Par peur que son intimité soit divulguée au grand public, Abdoulaye Loum a dit oui à toutes les exigences du couple Badji. Dès le lendemain, il leur donne un acompte de 5 millions sur les 15 millions F Cfa. N’empêche, les époux, pressés de recevoir leur reliquat, continuent à exercer une forte pression sur leur patron. Celui-ci, las de ce chantage qu'il subissait perpétuellement, porte plainte.
Abdoulaye Loum dément et indique que c’est Astou Mbène Ndiaye, qui le harcèle
Ainsi, pour des faits de collecte illicite de données à caractère personnel, extorsion de fonds et complicité de ces chefs, le couple a comparu hier devant le juge des flagrants délits de Dakar. Premier à être entendu, Ousmane Badji a réfuté les faits de collecte et d'extorsion de fonds. Son épouse, Astou Mbène Ndiaye a elle aussi nié les faits. La victime Abdoulaye Loum a quant à elle avancé des faits de mystique. Selon le patron, c'est la femme de son employé, Astou Mbène Ndiaye, qui ne cessait de le harceler constamment. Pis, dit le plaignant, c'est elle qui a voulu entretenir des relations sexuelles avec lui moyennant la construction de leur maison. À sa suite, son avocat a réclamé le montant de 10 millions F Cfa à titre de dédommagement après avoir indiqué que les délits pour lesquels ils ont comparu sont constants.
Le procureur requiert 5 ans dont 3 mois ferme
Prenant la parole, le procureur a requis leur relaxe pour l'infraction de collecte illicite de données à caractère personnel puisque, selon lui, les agents ont, dans la procédure, mentionné n'avoir pas trouvé dans leurs portables d'enregistrement et de vidéos compromettants de la victime. S'agissant du délit d'extorsion de fonds, le ministère public a estimé qu'il est constant à leur encontre, avant de requérir 5 ans dont trois mois ferme. La défense n'étant pas d'avis avec l'avocat de la victime et le procureur, Me Mor Samb a attesté que madame Badji n'a jamais proposé des relations sexuelles à son patron. C'est, selon lui, son boss qui a voulu avoir des faveurs sexuelles. «La dame est victime de harcèlement et on a produit un PV de constat des conversations qu'elle a eues avec son patron», a dit la robe noire, sollicitant la relaxe de ses clients. Finalement, le tribunal les a condamnés à 2 ans de prison assortis du sursis en sus d'une amende de 50 mille F Cfa pour les délits d'extorsion de fonds et de complicité dudit chef. Avant qu'ils ne soient relaxés pour la collecte illicite d'images obscènes. Aussi, le couple est condamné solidairement à payer la somme de 500.000 F Cfa à leur patron pour le préjudice qu'il a subi.
Fatou D. DIONE
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