Barthélemy Dias n’a finalement pas fait face au juge d’appel puisque le procès a été renvoyé au 1er décembre prochain. Cependant, décidé à se présenter au Tribunal, le maire de Mermoz Sacré-Cœur, Ousmane Sonko, Malick Gakou et les militants qui l’accompagnaient, ont eu une longue journée mouvementée pour avoir été gazés, chassés et arrêtés.
Le procès en appel de Barthélemy Dias pour le meurtre de Ndiaga Diouf n’a finalement pas eu lieu hier. En effet, le président de la Cour d’appel a décidé du renvoi au 1er décembre prochain, estimant que ce dossier n’est pas en état d’être jugé. Contrairement à l’Avocat général qui, dans ses observations, était favorable au jugement de cette affaire. Seulement, le seul prévenu (sur plus d’une dizaine) qui était à la barre, en l’occurrence Cheikh Mbacké Siby, n’était pas assisté de son avocat. Un motif suffisant de renvoyer cette affaire. Les avocats de la partie civile étaient cependant présents à la barre, ainsi que Me Khoureichy Ba, avocat de Barthélemy Dias qui n’était pas arrivé au tribunal. Tous les autres conseils de la défense n’étaient pas dans la salle au moment où le dossier a été évoqué.
Des affrontements et des blessés
Cependant, en dépit du renvoi, le maire de Mermoz Sacré-Cœur a tenu, contre vents et marées, à se rendre au tribunal en compagnie d’Ousmane Sonko, Malick Gakou et Déthié Fall et sous escorte de leurs militants. Un parcours aux allures d’un véritable chemin de croix, puisque tout au long de cette procession, ils ont fait face aux forces de l’ordre. Contre les grenades lacrymogènes, la foule a riposté par des jets de pierres. Ce qui a permis à la foule de franchir plusieurs obstacles. Ce qui n’a pas été le cas à la Médina, à hauteur du stade Iba Mar Diop où s’était formé un impressionnant cordon sécuritaire. Les leaders ainsi sommés de rebrousser chemin ont opposé un niet catégorique aux éléments du Gmi. Ce qui a débouché sur des affrontements entre forces de l’ordre et militants. Des grenades lacrymogènes d’un côté et jets de pierres de l’autre. Les véhicules de Sonko et de Barthélémy Dias ont, à cet effet, subi la furie des projectiles des forces de l’ordre avec des vitres cassées ; occasionnant du coup des blessés, dont le garde du corps du maire de Mermoz Sacré-Cœur. Un autre garde du corps, celui de Sonko, a été blessé par balle. Un autre partisan de Barth a aussi été blessé par balle. Les partisans de Barth accusent le commandant Mbengue (de l’affaire Adji Sarr) d’avoir ordonné cet assaut contre les leaders de l’opposition. Une jeune fille a également été renversée par le fourgon de la police et a été admise en réanimation.
Barth, Sonko, Gakou, Déthié Fall, les grenades lacrymogènes et le magasin
A la suite de cet affrontement, Ousmane Sonko et Barthélemy Dias sont descendus de leurs véhicules pour poursuivre le trajet à pied. Mais, les forces de l’ordre ne l’entendaient pas de cette oreille. «Soyez raisonnables ! Arrêtez ce que vous faites. Vous avez des armes, j’ai une arme, faites attention. Ne me faites pas faire ce que je ne veux pas faire», menace Barth, excédé, avant de péter un câble et débiter des insanités à ses antagonistes et non moins forces de l’ordre. Mais la riposte des éléments du Gmi appuyés par la Bip n’a pas tardé. Alors que Sonko, Barth, Gakou et Déthié Fall poursuivaient leur procession, ils ont été surpris par une pluie de grenades lacrymogènes. C’était le sauve-qui-peut des leaders qui ont tous détalé pour fuir cette odeur âcre aux effets irritants sur la peau. Ils ont trouvé leur salut dans un magasin qui a pignon sur rue pour s’y engouffrer. Dans un post sur Facebook, Ousmane Sonko avertit : «…nous sommes coincés à l’instant à la Médina, rue 7 angle Blaise Diagne par des éléments de la Bip qui s’apprêtent à donner l’assaut final…». En tout cas, à l’extérieur, la foule a été tenue en respect loin de la maison abritant Barth et compagnie. Cependant, après plus d’un tour d’horloge, une issue heureuse a été trouvée à l’arrivée de Khalifa Sall.
Barth, Sonko et Gakou arrêtés
Ce fut la délivrance à la sortie des leaders de leur cachette. La foule devenue compacte acclamait de nouveau les noms de ces leaders de l’opposition, tout en brocardant le chef de l’Etat. Finalement, le maire de Mermoz Sacré-Cœur consent à rebrousser chemin et son convoi escorté par les éléments du Gmi. Cependant, cette ambiance bon-enfant ne va pas tarder à virer au vinaigre. Une fois à hauteur de la Rue 6, les éléments du Gmi ont de nouveau repoussé la foule à coups de gaz lacrymogènes. Quelques minutes plus tard, les véhicules de Barth, Sonko et Malick Gakou ont été immobilisés sur la corniche à hauteur de l’université. Les leaders gazés, malmenés et jetés dans la fourgonnette de la police. Lors de cette intervention musclée, Gakou a fait une violente chute. Khalifa Sall qui venait d’arriver a décidé, lui aussi, de partir avec Barth et consorts, mais sera tenu en respect par les forces de l’ordre. «Nous sommes arrêtés arbitrairement», a commenté le maire de Mermoz Sacré-Cœur dans un post illustré par une photo avec Sonko à l’intérieur du fourgon. Khalifa Sall et Déthié Fall ont par la suite fait le tour des commissariats avant d’apprendre que Barth, Sonko et Gakou étaient détenus au camp Abdou Diassé ; et seront libérés plus tard dans la soirée, après que la Vdn a été bloquée par des manifestants.
Moussa CISS