
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored) dans les médias ferme provisoirement ses portes faute de moyens. Une situation symptomatique d’un secteur en crise, où la survie de l’éthique dépend désormais de la volonté politique et de la solidarité des médias eux-mêmes.
La nouvelle est tombée comme un couperet : les bureaux du Cored à la Maison de la presse Babacar Touré sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Après 14 mois d’arriérés de salaires, une équipe épuisée mais digne, et un budget 2024-2025 toujours en attente, le Cored s’est retrouvé dans l’obligation de tirer le rideau. Malgré le rôle crucial qu’il joue, le Cored n’a pas perçu les fonds d’appui prévus par le Code de la presse, notamment via le Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp). Les articles 46 et 53 de la loi sont clairs : l’organe d’autorégulation doit bénéficier d’un soutien institutionnel. Mais en pratique, les fonds n’ont pas suivi l’année dernière et cette année.
Une équipe permanente abandonnée à elle-même
Le personnel du Cored a fait preuve d’une résilience exceptionnelle, selon les termes du communiqué officiel. Depuis plus d’un an, aucun salaire n’a été versé. Et pourtant, les missions ont continué : arbitrages, régulation, dialogue avec les rédactions, publications. Jusqu’à ce que l’épuisement matériel l’emporte sur la vocation.
Pendant ce temps, les autres instances du Cored (bureau, directoire, tribunal des pairs), elles, fonctionnent toujours mais uniquement grâce au bénévolat. Une preuve d’engagement mais aussi une limite évidente dans un paysage médiatique confronté à des mutations profondes.
Baye Modou SARR