Lors du vote du budget du ministère des Infrastructures des Transports terrestres et du Désenclavement arrêté à 295.350.566.500 francs Cfa, Ousmane Sonko considère que ce budget, le second derrière l’Éducation nationale, est le principal poste justificatif de la dette au Sénégal. De son côté, le député de Rewmi, Déthié Fall, raille le chef de l’Etat dont la vision, dit-il, s’arrête à Diamniadio. C’est pourquoi, dans un contexte de compétitivité avec Abidjan sur le Mali, dans le cadre du transport de marchandises, il a proposé la construction d’un port sec à Kidira pour se rapprocher davantage du Mali.
Mame Diarra Fam : «Me Moussa Diop se glorifie partout d’être le meilleur alors qu’il n’a rien fait»
Mame Diarra Fam s’est attaquée, dans son intervention, au Directeur général de Dakar Dem-Dikk (DDD), Me Moussa Diop. A l’en croire, celui-ci se glorifie partout d’être le meilleur directeur, alors que, dit-elle, il n’a absolument rien fait. Il en veut pour preuve le déficit de bus dans la banlieue, notamment Pikine et Thiaroye. En effet, le patron de DDD doit revoir à la hausse le nombre de bus qui desservent cette partie de la banlieue. D’autant plus que, dit-elle, le coût du transport du Ter n’est pas à portée de la population. «3000 francs pour le ticket de transport Dakar-Rufisque, c’est trop cher. Au lieu de lutter contre les embouteillages, vous ne faites qu’augmenter les véhicules sur la route et les bouchons, car tout le monde va emprunter la route». Un avis qui n’a pas été partagé par le député de la majorité Abdou Mbow, qui persiste à croire, malgré les attaques, que Me Moussa Diop est en train d’abattre un «excellent travail». Il en veut pour preuve le renforcement du parc automobile de DDD, sans compter l’entrée dans l’ère «Sénégal Dem Dikk (SDD) et «Afrique Dem Dikk» (ADD) ; en plus du climat social qui a été, dit-il, apaisé. Le député de Guédiawaye, Lika Ba, s’est également inscrit dans cette logique pour tresser des lauriers au patron de DDD qui a permis à cette société de transport de redorer son blason.
Le député de Rewmi est également revenu sur le Train express régional (Ter) qui, dit-il, a englouti «énormément de milliards» et son démarrage tarde à être effectif même si le mois d’avril 2020 a été récemment avancé. Outre ce constat, il trouve que le prix de 1500 francs Cfa entre Dakar et Diamniadio est trop cher. Or, pour le même trajet, les Sénégalais déboursent, dit-il, 500 francs Cfa soit une différence de 1000 francs de plus par jour et 30.000 francs par mois alors que la situation financière de nos compatriotes ne s’améliore pas.
Déthié Fall : Il faudrait que le Président aille au-delà de Diamniadio
Abordant la politique du transport et des infrastructures du gouvernement, Déthié Fall n’a pas manqué de railler le chef de l’Etat. «On a toujours dit que le président de la République à une vision qui s’arrête à Diamniadio, mais il faudrait qu’il aille au-delà de Diamniadio», ironise-t-il. Déthié Fall s’est désolé de constater que Dakar concentre 80% de l’économie et 23% de la population, alors que rien n’est fait pour désengorger la capitale. Suite à cette remarque, le député de Rewmi s’est attiré les foudres de certains de ses collègues de la majorité. Selon la députée de Kaolack, Awa Guèye, c’est parce que les déplacements de son collègue de Rewmi s’arrêtent à Diamniadio qu’il croit que la vision du Président Macky s’arrête à Diamniadio. «Dire que la vision de Macky Sall s’arrête à Diamniadio, c’est parce que vous n’avez pas de parents à l’intérieur du pays. Vous ne connaissez rien du Sénégal ; les préoccupations des sénégalais qui sont au fin fond du Sénégal ne vous intéressent pas. Votre vie se limite à Dakar, contrairement au Président Macky Sall qui a fait le tour du pays pour améliorer le sort de ses concitoyens», martèle la députée de Gniby, Amy Ndiaye ; avant que Sana Kandé ne renchérisse : «dire que le Président Macky Sall n’a pas de vision relève du nihilisme», fait-il remarquer.
Ce budget est le principal poste justificatif de la dette au Sénégal
Avec un budget de 295.350.566.500 francs Cfa, le député de Pastef, Ousmane Sonko révèle que le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement est le second budget derrière celui de l’Éducation nationale. A ce titre, le président de Pastef révèle que ce budget constitue le principal poste justificatif de la dette au Sénégal. A l’en croire, rien que le Ter et l’autoroute Patte d’Oie-Diamniadio-Aibd et Aibd-Mbour-Ila Touba, c’est 2036 milliards francs Cfa, soit 25% de l’encours de la dette actuelle. Au même moment, il se désole de constater les déséquilibres notés à travers le pays. Sonko s’est également interrogé sur la gestion de l’autoroute à péage. En effet, il ne comprend toujours pas, pour un ouvrage de 354 milliards, que Eiffage injecte 61 milliards et bénéficie de l’exclusivité pendant 30 ans. «M. le ministre, je voudrais savoir si Eiffage a abreuvé l’Etat d’une potion magique, parce qu’il y a problème», raille-t-il.
Marième Soda Ndiaye se démarque
Devenue députée suite à la nomination de la présidente de «Osez l’avenir», Aïssata Tall Sall, Envoyée spéciale du président la République, Marème Soda Ndiaye a cristallisé les attentions lors de son intervention, hier, à l’hémicycle. En effet, la jeune parlementaire s’est démarquée des considérations partisanes et politiciennes pour interpeller le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement sur les préoccupations de ses mandants, notamment sur l’autoroute à péage. «Avez-vous une estimation journalière du nombre de transactions qui se fait sur l’autoroute à péage gérée par Eiffage ? Est-ce que vous avez accès aux données journalières (de ces transactions) pour permettre aux Sénégalais de connaitre les retombées générées par l’autoroute, ainsi que ce que la population y gagne ?...».
Pour sa part, la députée de Keur Massar, Aïssatou Sabara a déploré l’absence d’éclairage sur l’autoroute à péage. «C’est inacceptable dans un pays qui se respecte. L’autoroute est chère et meurtrière», sérine-t-elle. Pourtant, elle fait remarquer que toutes les gares de péage sont éclairées. Ce qui lui fait dire que Eiffage n’est intéressé que par l’argent et non la sécurité et le confort des usagers.
Moussa CISS
ME OUMAR YOUM SUR LA PERTINENCE DU TER ET DU BRT
«Le Sénégal perd chaque année 108 milliards depuis 1998, soit plus de 2000 milliards perdus dans les embouteillages»
A l’image de certains députés de la majorité, le ministre Oumar Youm n’a pas apprécié les remarques du député de Rewmi, Déthié Fall, faisant croire que la vision du Président Macky Sall devrait aller au-delà de Diamniadio. A l’en croire, le chef de l’Etat, depuis 2012, a engagé des infrastructures à travers tout le Sénégal pour répondre à l’équité territoriale. Il en veut pour preuve le désenclavement de l’Ile à Morphil ainsi que d’autres populations dans l’intérieur du pays qui, dit-il, estimaient qu’ils n’avaient pas droit à des routes bitumées, à des infrastructures hospitalières et éducatives. «C’est pourquoi, dire que le Président Macky Sall n’a pas de vision, on peut le tolérer, on peut l’admettre, mais ça restera ici à l’hémicycle», rétorque Me Oumar Youm. Il cite les «grandes réalisations» comme le Pudc, le Puma. Avantd e louer sa vision: 1862 km de routes revêtus en 12 ans, en moyenne 260 km de route par année, 191 km d’autoroute en cinq ans, en moyenne 38 km par an, contre 32 km trouvés sur place depuis l’indépendance du Sénégal.
Il faut gagner le pari du report sur les modes de transport collectif
Pour le Ter, il faut comprendre que c’est des ouvrages qui sont engagés pour améliorer la mobilité urbaine à Dakar qui concentre 25% de la population, 50% de la population urbaine du Sénégal, 95% des agents travailleurs dans les services commerciaux et bancaires, 70% du parc automobile, une population de trois millions d’habitants, contre 500.000 habitants prévus. «Les embouteillages nous coûtent depuis 1998 environ 108 milliards par année. Tous les régimes du Sénégal qui se sont succédé depuis cette date savaient que les embouteillages coutaient 108 milliards et n’ont rien fait. De 98 à maintenant, c’est plus de 2000 milliards francs Cfa, soit quatre fois plus que le coût du Brt et deux fois le coût du Ter et le Brt réunis. Le Ter va coûter 678 milliards alors que le gouvernement a perdu 1200 milliards depuis 1998», révèle M. Youm.
Ter : le tarif n’a pas encore été fixé
Sur la date de livraison, le ministre fait remarquer qu’il s’agit de projet et non de rêve. Ainsi, le retard accusé dépend de la volonté divine, avec les désagréments causés par la pluie. Toutefois, il prend date avec les députés en avril 2020 pour inaugurer la mise en exploitation commerciale. Il n’a pas manqué de préciser que les travaux physiques prendront fin ce 31 décembre. Concernant le tarif jugé trop cher par certains députés, Me Oumar Youm estime qu’il n’a pas encore été question de tarifs. «Aucun prix n’a encore été fixé ; le gouvernement n’a pour le moment validé aucun prix. Nous sommes en phase de discussion et n’avons pas encore terminé. Ceux qui avancent des chiffres font de l’amalgame pour semer la confusion dans la tête des Sénégalais pour qu’ils boudent le Ter». Seulement il révèle que le tarif sera compétitif.
Moussa CISS
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