Après l’interdiction du président de la République de tout rassemblement et manifestation religieuse, la parole est donnée au sociologue. Selon Djibril Diakhaté, le chef de l’Etat a pris des mesures au moment opportun. Mais des mesures qui ont des impacts directs sur la société. Le sociologue Djibril Diakhaté revient dans cet entretien sur les conséquences que peuvent engendrer ces mesures dans la société dans sa globalité.
Les mesures prises par le chef de l’Etat sont parfaitement acceptables. Dans les faits, il faut savoir que nous avons des pratiques culturelles qui ne sont pas en phase avec ces mesures retenues. Conséquence, il y a un travail de communication qu’il faut faire, un travail de sensibilisation de masse à faire. Pousser les uns et les autres à se rendre à l’évidence :
1- Que la maladie existe ; 2- Qu’elle se propage à un rythme excessivement rapide ; 3- Qu’elle est arrivée au Sénégal ; 4- En raison des relations que les Sénégalais entretiennent entre eux le risque de propagation est bien réel ; 5- Il y a toujours des poches de résistance chez certaines catégories qui estiment que c’est de la pure fabulation ; 6-En conséquence, il faudrait bien dans un contexte de ce genre que l’autorité médicale puisse faire des propositions suivies en cela par l’autorité politique, l’autorité étatique. Je vois que de ce point de vue, nous avons un ensemble de mesures qui répondent bien au contexte. Maintenant, derrière, il faut faire des sensibilisations et des communications en direction des groupes et familles acteurs pour que finalement les habitudes et les comportements changent pendant une période qui permet d’avoir un faible niveau de propagation du virus.
Evidemment vous allez avoir des comportements d’évitement, à la limite une méfiance, une forte tendance à la stigmatisation. Il faut éviter la panique parce que si on ne fait pas attention, cette panique risque de s’installer. Il y a des signes avant-coureurs de cette panique qui sont en train de se manifester. Sur ce il nous faut éviter les exagérations qui nous conduisent à des actions ou à des formes de panique qui ne sont pas acceptables dans des conditions de ce genre.
Effet sociologique de ces mesures
Il est clair que les gens sont habitués à des pratiques de ce genre. Il y aura des entités entières qui se heurtent à des difficultés économiques pendant cette période, parce que ces regroupements religieux constituent un gagne-pain pour certains. Donc, lorsque cette espace n’est plus fonctionnel et que ceux-là qui tirent leurs ressources de ces organisations vont avoir de sérieux problèmes économiques. Il y a aussi des activités corrélées, ceux qui sont dans l’évènementiel, ces gens-là vont voir leur chiffre d’affaires être considérablement entamé par des mesures de ce genre. Il est clair qu’il y aura des pertes collatérales sur le plan économique, sur le plan psychologique… Il faut éviter la panique, il faut éviter la stigmatisation. Les malades ont besoin de notre protection, de notre accompagnement, de notre renforcement, de sentir que nous sommes à leurs côtés parce qu’il s’agit de la famille sénégalaise, de la famille humaine. Chacun de nous peut être malade un jour ou l’autre et on aura besoin de l’accompagnement des autres. Il ne faut pas oublier que c’est une maladie et de toute façon, il ne faut pas tomber dans la peur panique. Si la maladie est bien prise en charge, l’individu peut en guérir. Il y a des cas de guérison au Sénégal. C’est bien possible… Après, il faut en tirer toutes les conséquences sur le plan sociologique et psychologique, sur le plan politique…
Traitement des personnes guéries
Il y a un travail d’éducation qui va consister à dire aux autres : faites attention dans nos rapports que nous établissons avec les personnes qui ont été atteintes du virus et guéries. Elles n’ont rien fait de mauvais. Qui de nous n’est pas tombé malade dans sa vie ? La santé et la maladie se côtoient. Donc, lorsqu’on est bien portant, on doit savoir peut-être qu’il y a une maladie qui sommeille en nous et que nous n’avons pas encore détectée. Que nous sommes malades en puissance. De ce point de vue, l’attitude la plus raisonnable consiste à accompagner l’autre et non pas à le stigmatiser. Les gens guéris doivent retrouver leur place dans la société, retrouver leur occupation, retrouver leur place dans la famille, dans la communauté. Au Sénégal, nous avons suffisamment de ressources, suffisamment de valeurs, de principes, d’éthique coutumière et religieuse pour mettre l’accent sur la sacralisation de la personne et surtout le respect de l’être humain quand il est traverse des moments de souffrance, des moments de difficulté. C’est là où nous sommes distincts des animaux. Chacun de nous souffre d’une façon ou d’une autre. Il faudra trouver les moyens de lutter contre la souffrance qui est en nous et qui est chez les autres. C’est la meilleure façon de donner du sens à l’empathie.
Il faudra continuer à prier pour le personnel soignant. Je pense que c’est extrêmement important. Ils sont à la première ligne de ce combat. Ils sont confrontés à beaucoup de problèmes, à des risques, à des infections de type nosocomial. Il faudra qu’on leur rende hommage et qu’on soit derrière eux. Il faut qu’on soit attentif et qu’on écoute leurs conseils. C’est l’occasion aujourd’hui de reconnaitre la place qu’occupe le personnel soignant dans cette société. Nous l’avons vu, les syndicats de santé ont sursis à leur grève lorsque la maladie s’est déclarée. Je crois que l’autorité devra les appeler pour discuter de leurs préoccupations. La situation nous montre que nous sommes en face de patriotes. Il y a des patriotes dans ce pays. Des situations de ce genre ont montré qu’il y a la possibilité de développer une fibre patriotique, une fibre nationaliste autour d’un même problème. Il faudra prier que cet élan soit gardé après que cette maladie a disparu, cet élan d’union autour de l’essentiel.
Baye Modou SARR
Les mesures prises par le chef de l’Etat sont parfaitement acceptables. Dans les faits, il faut savoir que nous avons des pratiques culturelles qui ne sont pas en phase avec ces mesures retenues. Conséquence, il y a un travail de communication qu’il faut faire, un travail de sensibilisation de masse à faire. Pousser les uns et les autres à se rendre à l’évidence :
1- Que la maladie existe ; 2- Qu’elle se propage à un rythme excessivement rapide ; 3- Qu’elle est arrivée au Sénégal ; 4- En raison des relations que les Sénégalais entretiennent entre eux le risque de propagation est bien réel ; 5- Il y a toujours des poches de résistance chez certaines catégories qui estiment que c’est de la pure fabulation ; 6-En conséquence, il faudrait bien dans un contexte de ce genre que l’autorité médicale puisse faire des propositions suivies en cela par l’autorité politique, l’autorité étatique. Je vois que de ce point de vue, nous avons un ensemble de mesures qui répondent bien au contexte. Maintenant, derrière, il faut faire des sensibilisations et des communications en direction des groupes et familles acteurs pour que finalement les habitudes et les comportements changent pendant une période qui permet d’avoir un faible niveau de propagation du virus.
Les conséquences sociologiques
Evidemment vous allez avoir des comportements d’évitement, à la limite une méfiance, une forte tendance à la stigmatisation. Il faut éviter la panique parce que si on ne fait pas attention, cette panique risque de s’installer. Il y a des signes avant-coureurs de cette panique qui sont en train de se manifester. Sur ce il nous faut éviter les exagérations qui nous conduisent à des actions ou à des formes de panique qui ne sont pas acceptables dans des conditions de ce genre.
Effet sociologique de ces mesures
Il est clair que les gens sont habitués à des pratiques de ce genre. Il y aura des entités entières qui se heurtent à des difficultés économiques pendant cette période, parce que ces regroupements religieux constituent un gagne-pain pour certains. Donc, lorsque cette espace n’est plus fonctionnel et que ceux-là qui tirent leurs ressources de ces organisations vont avoir de sérieux problèmes économiques. Il y a aussi des activités corrélées, ceux qui sont dans l’évènementiel, ces gens-là vont voir leur chiffre d’affaires être considérablement entamé par des mesures de ce genre. Il est clair qu’il y aura des pertes collatérales sur le plan économique, sur le plan psychologique… Il faut éviter la panique, il faut éviter la stigmatisation. Les malades ont besoin de notre protection, de notre accompagnement, de notre renforcement, de sentir que nous sommes à leurs côtés parce qu’il s’agit de la famille sénégalaise, de la famille humaine. Chacun de nous peut être malade un jour ou l’autre et on aura besoin de l’accompagnement des autres. Il ne faut pas oublier que c’est une maladie et de toute façon, il ne faut pas tomber dans la peur panique. Si la maladie est bien prise en charge, l’individu peut en guérir. Il y a des cas de guérison au Sénégal. C’est bien possible… Après, il faut en tirer toutes les conséquences sur le plan sociologique et psychologique, sur le plan politique…
Traitement des personnes guéries
Il y a un travail d’éducation qui va consister à dire aux autres : faites attention dans nos rapports que nous établissons avec les personnes qui ont été atteintes du virus et guéries. Elles n’ont rien fait de mauvais. Qui de nous n’est pas tombé malade dans sa vie ? La santé et la maladie se côtoient. Donc, lorsqu’on est bien portant, on doit savoir peut-être qu’il y a une maladie qui sommeille en nous et que nous n’avons pas encore détectée. Que nous sommes malades en puissance. De ce point de vue, l’attitude la plus raisonnable consiste à accompagner l’autre et non pas à le stigmatiser. Les gens guéris doivent retrouver leur place dans la société, retrouver leur occupation, retrouver leur place dans la famille, dans la communauté. Au Sénégal, nous avons suffisamment de ressources, suffisamment de valeurs, de principes, d’éthique coutumière et religieuse pour mettre l’accent sur la sacralisation de la personne et surtout le respect de l’être humain quand il est traverse des moments de souffrance, des moments de difficulté. C’est là où nous sommes distincts des animaux. Chacun de nous souffre d’une façon ou d’une autre. Il faudra trouver les moyens de lutter contre la souffrance qui est en nous et qui est chez les autres. C’est la meilleure façon de donner du sens à l’empathie.
Saluer les sacrifices du personnel soignant
Il faudra continuer à prier pour le personnel soignant. Je pense que c’est extrêmement important. Ils sont à la première ligne de ce combat. Ils sont confrontés à beaucoup de problèmes, à des risques, à des infections de type nosocomial. Il faudra qu’on leur rende hommage et qu’on soit derrière eux. Il faut qu’on soit attentif et qu’on écoute leurs conseils. C’est l’occasion aujourd’hui de reconnaitre la place qu’occupe le personnel soignant dans cette société. Nous l’avons vu, les syndicats de santé ont sursis à leur grève lorsque la maladie s’est déclarée. Je crois que l’autorité devra les appeler pour discuter de leurs préoccupations. La situation nous montre que nous sommes en face de patriotes. Il y a des patriotes dans ce pays. Des situations de ce genre ont montré qu’il y a la possibilité de développer une fibre patriotique, une fibre nationaliste autour d’un même problème. Il faudra prier que cet élan soit gardé après que cette maladie a disparu, cet élan d’union autour de l’essentiel.
Baye Modou SARR