C’est dans une atmosphère de sérénité institutionnelle, loin des fièvres préélectorales habituelles, que le Président Bassirou Diomaye Faye a ouvert ce lundi la deuxième édition du Dialogue national, un an après son accession à la magistrature suprême. Une tribune qu’il a choisie pour poser les jalons d’un projet de réforme ambitieux du système politique sénégalais.
Un dialogue en temps de paix
«Ce dialogue en temps de paix nous enracine davantage dans la tradition continue de concertation et de préservation d’une paix sociale», a déclaré le chef de l’État. Pour lui, l’heure est venue d’aller au-delà des clivages partisans pour engager des transformations profondes et consensuelles. Le choix du thème «le système politique» traduit une volonté de toucher au cœur du contrat social sénégalais.
Un regard critique sur l’existant
Sans détour, le Président a posé un diagnostic lucide du fonctionnement actuel des institutions. Il a évoqué les limites du Code électoral de 1992, incapable d’éviter les crises politiques majeures qui ont jalonné les décennies suivantes (1993, 2011, 2021-2024).
La prolifération incontrôlée des partis politiques au nombre de 386 recensés, dont seulement 14 sont en règle, est également pointée du doigt. Tout en soulignant qu’il aurait pu appliquer la loi pour dissoudre les formations non conformes, le Président Faye a préféré le dialogue. «Je ne le ferai pas», a-t-il dit.
Une refondation au long cours
Le Président Faye a cité les grands axes de réflexion : la rationalisation du calendrier électoral, la création d’une Commission électorale nationale indépendante, l’organisation et la transparence du fichier électoral, le financement des partis politiques, le rôle de la justice dans le processus électoral, la dématérialisation du vote, le statut réel de l’opposition, l’inscription automatique des primo-votants, la révision des modalités du parrainage, la durée des campagnes électorales. Autant de pistes pour rénover un édifice institutionnel fragilisé par les crises successives et la défiance citoyenne.
Symbole de cette dynamique participative, la plateforme numérique Jubbanti, ouverte le 9 mai dernier, a déjà recueilli plus de 13.000 contributions citoyennes. Un record qui illustre, selon le Président, la soif de réforme et le désir d’implication populaire. «Le peuple sénégalais vous observe !», a-t-il lancé aux acteurs du dialogue, en appelant chacun à faire preuve de hauteur et de responsabilité.
Aucun agenda caché
Faye a également annoncé que les conclusions des assises nationales sur la justice, lancées l’année précédente, seront rendues d’ici fin juin. Avant de préciser qu’«aucun agenda n’est caché derrière ce dialogue».
Vers une démocratie apaisée
Le chef de l’État s’est voulu garant de l’équilibre républicain. «L’opposition sera respectée et exercera librement ses droits, dans le respect de la loi», a-t-il assuré, soulignant la nécessité d’un climat de confiance pour permettre des réformes durables.
Baye Modou SARR