Le responsable des jeunes de la coalition de «Idy 2019», Mory Guèye, n’a pas la même chance que ses camarades de parti qui ont été relaxés par le juge des flagrants délits de Dakar, avant-hier, mardi. Devant cette même juridiction où il a comparu, hier, mercredi, pour rassemblement illicite, diffusion de fausses nouvelles, violences et voies de fait, menaces et outrage à magistrat, il a été condamné pour rassemblement illicite et relaxé des autres infractions.
Ses camarades de parti relaxés avant-hier, mardi, après plusieurs jours en détention préventive, le responsable des jeunes de la coalition «Idy 2019», Mory Guèye, s’est présenté, hier, devant la barre des flagrants délits de Dakar, où il répondait des chefs d’attroupement illicite, diffusion de fausses nouvelles, violences et voies de fait, menaces et outrage à magistrat. Au cours de son interrogatoire, cet ingénieur en génie civil a contesté tout, excepté l’outrage à magistrat. Si dans les PV, il avait reconnu les propos injurieux qu’il avait tenus à l’encontre du premier président de la Cour d’appel de Dakar, Demba Kandji, à la barre du tribunal hier, il s’est débiné en soutenant ainsi que ses propos n’étaient pas destinés au juge Kandji. Sur les propos destinés au président de la Cena Doudou Ndir dont il disait qu’il le connaissait, ainsi que ses fréquentations, Mory Guèye a affirmé que ses propos ne sont que de la communication politique et qu'il voulait qu'il joue sa partition dans le vote.
Par ailleurs, Mory Guèye a déclaré avoir réagi et organisé une conférence de presse, en tant que responsable politique, pour alerter. Parce que, souligne-t-il, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne avait fait une sortie en faveur de Macky Sall dans laquelle il annonçait sa victoire au 1ertour à 57%. Pour Mory Guèye, sur la base des procès-verbaux qu’il possédait, il était sûr qu’un 2ndtour était inéluctable. C’est à l’issue de ça qu’il avait affirmé que si le président Macky Sall faisait un forcing, il pouvait mobiliser des jeunes pour manifester.
Interrogé sur la diffusion de fausses nouvelles en ce qui concerne les journaux «L'Observateur» et «Le Soleil», le mis en cause a soutenu que ces organes publiaient le tableau des résultats en faveur de Macky.
La représentante du ministère public a requisla relaxe sur l’attroupement illicite et 6 mois de prison ferme pour les autres délits. «Je suis d'accord que la justice doit comprendre et être clémente. Mais elle a un autre rôle, à savoir la sanction, la dissuasion. Il s’y ajoute qu’il y a, de l'autre côté, l'intérêt général. Si on laisse passer certaines choses, cela voudrait dire que nous sommes d'accord que des magistrats soient tous les jours insultés», indique le procureur.
Me Fatou Ndiaye Touré démonte les accusations une à une
Avocat de la défense, Me Fatou Ndiaye Touré a commencé par contester toutes les infractions. «Pour la diffusion de fausses nouvelles, les médias cités, dont la Rts et la Tfm, ne sont pas des institutions. Le fait de dire que ces médias s'apprêtent à proclamer les résultats ne peut en aucun cas porter atteinte à la morale du pays. Ce délit n'est pas constitué en l'espèce. Vous le renverrez des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Pour les violences et voies de fait et menaces, celles-ci doivent être des écrits anonymes, images ou emblèmes, alors qu'il n'en a pas fait. Pour la participation à un attroupement illicite, il se rendait à la conférence de presse organisée par les femmes lorsqu'il a été arrêté au siège de Bokk Gis-Gis. Sur l'outrage à magistrat, la deuxième personnalité du pays s'est arrogée la mission de proclamer des résultats en faveur du président sortant. N'est-ce pas une provocation ? Je ne justifie pas cet acte, parce qu'il était en colère. C’est un jeune fougueux», plaide la robe noire, qui s’indigne des arrestations notées récemment envers ceux qui ne sont pas du camp du pouvoir. «Par ailleurs, des poursuites sont engagées de manière sélective à l'encontre de certains citoyens. Mais nous avons confiance en votre justice. Il a regretté et retiré lesdits propos sur le PV. Je sollicite de lui tendre la perche parce qu'il a trébuché, en lui faisant une application bienveillante de la loi pour l'outrage à magistrat et en le relaxant pour les autres délits», a souhaité Me Ndiaye, après les plaidoiries de Me Alioune Badara Fall. Au terme des débats, Mory Guèye a été relaxépour les autres délits et condamné à 6 mois dont 1 mois de prison ferme pour l’outrage à magistrat.
Fatou D. DIONE
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