
Dans le sable chaud de Keur Massar, ce 31 mai 2025, ce n’est pas un ballon que l’on a vu rebondir, mais des rêves. Et derrière ce miracle silencieux, un homme : Édouard Mendy. Loin des stades européens, c’est dans une cour d’école qu’il est venu signer son plus beau match – celui du cœur. Il redonne l'espoir à l’école Yakaar.
Une école, un symbole, une promesse
L’école Yakaar – “espoir” en wolof – portait déjà un nom lourd de sens. Désormais, elle incarne bien plus : une renaissance. Créée pour offrir un enseignement gratuit et moderne aux enfants les plus démunis, cette école n’accueillait que 60 élèves. Trop peu pour un quartier débordant de jeunesse et de talent.
Mais aujourd’hui, grâce à l’engagement indéfectible d’Édouard Mendy et de ses partenaires – les startups PowerZ et Revibe – l’école va tripler sa capacité. Dès la rentrée, 200 enfants franchiront les grilles d’un établissement agrandi, équipé, et surtout, nourri d’espoir.
Un terrain omnisports verra aussi le jour, comme pour rappeler que l’éducation du corps accompagne celle de l’esprit. « Études et sport seront au cœur de nos priorités », confie Jonathan Szwarc, initiateur du projet. Avec Mendy comme parrain, cette priorité devient une promesse.
“Quand ma famille passera devant cette école…”
L’émotion d’Édouard Mendy était palpable. Ce n’était pas une inauguration, mais un retour aux origines. Là où tout a commencé, là où il revient, non pas en star, mais en fils du pays. « Je suis ému de savoir que ma famille, quand elle ira au marché, passera devant une école avec mon portrait. C’est fort. C’est très fort. »
Ces mots simples ont traversé la foule comme une caresse. Le gardien devenu champion est resté l’enfant d’ici. Il n’a pas oublié.
Une vie construite sur le refus de renoncer
Dans un silence presque sacré, il a évoqué son parcours. Les portes fermées. Les moments de doute. Les sacrifices. Mais aussi, cette lumière intérieure qui ne s’est jamais éteinte.« Pourquoi j’ai toujours gardé espoir ? Parce que je voulais rendre les gens autour de moi fiers. L’échec n’était pas une option. » Aujourd’hui, ce même feu, il le reconnaît dans les yeux des enfants de Yakar. « En les voyant apprendre dans leurs classes, on touche à la véritable définition du mot Yakaar. »
Le numérique, une passerelle vers le monde
Grâce à PowerZ, jeu éducatif interactif, et aux iPads fournis par Revibe, ces enfants accèdent à un apprentissage connecté, vivant, et aligné avec les meilleurs standards internationaux. Dans une zone où le numérique est encore un luxe, ce geste est une révolution silencieuse.
Une école, un homme, un héritage
Mais Mendy voit plus loin. Pour lui, l’avenir ne se bâtit pas seulement avec des outils, mais avec des valeurs.« Être meilleur que la veille ne doit pas être une option mais une obligation. »
Ces phrases, venues droit du coeur du portier senegalais presque au bord du larme, sont désormais inscrits sur les murs de l’école. Il est devenu le souffle quotidien de cette jeunesse en marche.
Keur Massar se souviendra longtemps de ce jour où un champion n’est pas venu montrer une coupe, mais tendre une main. Ce jour où un homme a choisi de transmettre plutôt que de briller. Ce jour où Édouard Mendy a prouvé qu’un gardien pouvait aussi être bâtisseur.
Samba THIAM