Pour une liberté provisoire, Lat Diop va abattre sa dernière carte devant la Cour suprême. La 2ème Chambre pénale de la haute juridiction dirigée par le président Amadou Bal va examiner le pourvoi formé par le Parquet général à son audience du 19 juin prochain. Les avocats de l’ancien Directeur général la Lonase vont jouer leur va-tout pour sortir leur client du bourbier installé par le Parquet général du Pool judiciaire financier, qui a fait un recours en cassation contre l’arrêt de la Chambre d’accusation financière qui avait ordonné l’assignation en résidence surveillée avec bracelet électronique pour l’ancien ministre des Sports. Lat Diop peut croiser les doigts.
Plus que quelques jours pour que Lat Diop soit fixé sur son sort et ainsi savoir s’il pourra quitter la prison et rentrer auprès des siens ou pas. Le grand jour s’approche, car la Cour suprême va statuer sur le pourvoi formé par le Parquet général contre l’arrêt de la Chambre d’accusation financière qui lui avait donné le ticket de sortie. En effet, c’est le 19 juin prochain que la 2ème Chambre pénale de la haute juridiction, dirigée par le président Amadou Bal, va se pencher sur le recours du Procureur général du Pool judiciaire financier. L’expérimenté magistrat, aguerri et pondéré, va-t-il suivre la Chambre d’accusation financière qui avait infirmé l’ordonnance de rejet du juge d’instruction en ordonnant le placement sous bracelet électronique pour Lat Diop, ou bien va-t-il aller dans le sens du Parquet général qui a demandé le maintien en détention de l’ancien Directeur général de la Lonase ? Ce dernier peut, en tout cas, croiser les doigts. Ses chances de humer l’air de la liberté à son domicile et auprès des siens sont vraiment réelles. Car, en infirmant l’ordonnance du magistrat instructeur, la Chambre d’accusation financière a surtout bien motivé sa décision.
Pour s’opposer à la liberté provisoire pour Lat Diop, le Parquet général et même l’agent judiciaire de l’Etat qui ont appuyé le juge d’instruction ont invoqué plusieurs motifs. L’une des raisons est qu’il n’y a pas de contestations sérieuses ainsi l’ancien Dg de la Lonase n’ayant ni cautionné ni remboursé le montant allégué, ne peut bénéficier d’une liberté provisoire. L’autre point soulevé est que Lat Diop ne présente pas de garanties de représentations en justice et qu’ayant des attaches en Europe et aux Etats-Unis, il pourrait se soustraire à l’action de justice. L’agent judiciaire a également évoqué le fond en soutenant qu’il y a un message WhatsApp dans lequel l’ancien Dg de la Lonase réclame 15 millions à son accusateur d’aujourd’hui, en l’occurrence Mouhamed Dieng, à titre de contrat de sponsoring. L’autre élément évoqué comme motif de rejet est que le juge d’instruction a fait une commission rogatoire en France et il n’a pas encore les résultats. Ce, entre autres arguments.
Seulement, au grand bonheur de Lat Diop, la Chambre d’accusation a écarté tous ces motifs. Pour la Chambre, en effet, depuis le début de l’instruction Lat Diop conteste vigoureusement les faits et il n’y a depuis lors aucun autre élément nouveau qui l’incrimine en dehors des affirmations de son accusateur. La juridiction de recours retient donc qu’il y a des contestations sérieuses. La Chambre souligne également que le juge ne peut pas se fonder sur une commission rogatoire sur laquelle il n’a aucune prise pour retenir l’inculpé en détention. S’agissant des 15 millions, elle estime que c’est une somme infime pat rapport au montant astronomique évoqué par l’accusation.
En somme sur bien des points, la Chambre d’accusation financière rejoint les avocats de Lat Diop. La juridiction de recours a ainsi infirmé l’ordonnance de rejet du juge.
La Chambre d’accusation financière a ordonné le placement sous bracelet électronique
Toutefois, elle estime que l’ancien ministre des Sports doit être assigné à résidence avec bracelet électronique. Cette décision s’accompagne de certaines mesures, notamment l’interdiction de sortie sans autorisation écrite du juge d’instruction, la remise de son passeport au greffe du cabinet du juge d’instruction, l’interdiction d’entrer en contact direct ou indirect avec les témoins cités dans l’affaire et toute personne susceptible d’être impliquée dans les faits et l’obligation de répondre à la convocation du juge ou de toute autorité judiciaire compétente. Toute violation d’une de ces mesures, selon la Chambre, peut lui coûter le renvoi en prison. Une petite victoire donc de Lat Diop qui espère la confirmation devant la Chambre pénale de la haute juridiction.
Alassane DRAME