Face à la presse, le chef de mission du Fmi Edward Gemayel est d’avis que l’économie sénégalaise a connu un ralentissement. Ainsi, contrairement aux projections de la croissance à 4,7% en 2022, la croissance devrait ressortir à 4%. L’inflation a également atteint son plus haut niveau avec 9,7% du fait de la flambée des prix. Cependant, en 2023, l’inflation devrait baisser à 5% et la croissance devrait atteindre 8% avec l’exploitation du pétrole et du gaz en fin d’année. Si tel n’est pas le cas, la croissance sera de 5,3%.
Une équipe du Fonds monétaire international (Fmi) était en mission au Sénégal du 8 au 14 mars pour faire le point sur l’évolution récente de l’économie, mettre à jour les prévisions macroéconomiques et discuter des options potentielles pour un nouveau programme économique et financier soutenu par l’institution de Bretton Woods. Au terme de ce séjour de travail, le chef de mission du Fmi Edward Gemayel a fait face à la presse. «L’économie sénégalaise a connu en 2022 un ralentissement plus marqué que prévu, avec une croissance du Pib réel désormais estimée à environ 4% au lieu de 4,7% projeté, en raison d’une campagne agricole moins favorable et d’une contraction de la production industrielle. L’inflation moyenne a atteint 9,7%, son plus haut niveau depuis plusieurs décennies, en grande partie du fait de la flambée des prix des denrées alimentaires. Les recettes fiscales ont été légèrement inférieures aux prévisions, tandis que les dépenses courantes ont dépassé l’objectif fixé en raison de l’augmentation de la masse salariale de l’administration publique. Les subventions à l’énergie ont atteint le niveau record de 692 milliards de francs Cfa (4% du Pib). Pour contenir le déficit budgétaire, les dépenses d’investissement ont été réduites. La dette publique est estimée à 75,0% du Pib, dont 67,5% du Pib pour le gouvernement central. Le déficit des comptes courants s’est considérablement creusé en raison principalement de l’augmentation des factures d’importations», a d’emblée fait remarquer Edward Gemayel.
Une croissance projetée à 8% en 2023
Pour 2023, le chef de mission du Fmi estime que la croissance de l’activité économique devrait s’accélérer, bien qu’à un rythme plus lent qu’initialement projeté, tandis que l’inflation devrait baisser à 5%. A l’en croire, les perspectives à moyen terme restent favorables et devraient bénéficier à la fois du démarrage de la production de pétrole et de gaz et de la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à renforcer la participation du secteur privé à l’activité économique dans la mise en œuvre du Pap3 du Plan Sénégal émergent (Pse) en cours de préparation. En effet, Gemayel est d’avis que si la production pétrolière et gazière a lieu à la fin de 2023 comme prévu, le Fmi projette la croissance du Sénégal aux alentours de 8%, contrairement à une croissance à deux chiffres, annoncée par les autorités. Par contre, si la production va commencer en 2024, dit-il, la croissance est estimée à 5,3% pour 2023. Poursuivant, il précise que les premiers signes d’un resserrement des conditions de financement sur le marché régional des titres publics appellent à la vigilance et à l’élaboration d’un plan de contingence. «Dans ce contexte, l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales et la rationalisation des dépenses publiques non prioritaires contribueront à atténuer les pressions financières, tout en préservant la viabilité de la dette», explique Gemayel persuadé que la dette du Sénégal est toujours soutenable.
Une dette soutenable avec des marges de manœuvres épuisées
«C’est important de mettre la dette sur une tendance baissière. La dette publique du Sénégal est toujours soutenable, elle est à risque modéré, mais la marge de manœuvre a été épuisée ces trois dernières années ; d’où l’importance d’une consolidation graduelle sur les prochaines années à travers un renforcement des recettes internes et une rationalisation des dépenses publiques», ajoute le chef de mission du Fmi qui fait cependant remarquer que le Sénégal a la capacité de payer le service de la dette. En outre, cette mission du Fmi a été également l’occasion pour les autorités sénégalaises d’échanger avec le Fmi sur les possibilités et contours de conclusion d’un nouveau programme économique et financier d’ici la fin de l’année 2023. Ce programme devra s’inscrire sur une durée de trois ans (2023-2025) et intégrer un large spectre de problématiques actuelles, liées notamment à l’environnement, à la protection sociale et à l’énergie, afin de saisir toutes les opportunités de financements multilatéraux, bilatéraux et commerciaux qu’elles offrent. L’ancien programme, pour rappel, celui de la sixième et dernière revue du Programme relatif à l’Instrument de coordination des politiques économiques (Icpe) a été conclu avec le Fmi sur la période 2020-2022. Ainsi, en dépit des différents chocs qui sont intervenus durant la période sous revue (crise sanitaire, crise économique, crise sécuritaire, crise énergétique, crise climatique et crise alimentaire), les autorités estiment que le Sénégal a réalisé avec succès l’essentiel de son programme économique et financier, entre autres, plancher des recettes fiscales, plafond d’endettement et niveau de dépenses sociales, etc.)
M. CISS