Encore une affaire de famille sur fond de charlatanisme qui atterrit à la barre. Une dame n’a rien trouvé de mieux à faire que de diffuser un enregistrement téléphonique entre sa tante et un marabout. En fait, Th. C. Fall croyait que sa tante Kh. Ba, qui avait loué les services du marabout Abdou Bassirou Dramé, voulait la sacrifier. Poursuivie par cette dernière pour association de malfaiteurs et diffusion de données personnelles, elle a eu beaucoup de chance. Elle a juste été condamnée à 6 mois avec sursis.
S’il y a une relation qui risque d’être brisée à jamais, c’est celle de Th. C. Fall avec sa tante maternelle Kh. Ba. Toutes deux vivaient auparavant en parfaite harmonie, mais ont fini par solder leurs comptes devant le juge des flagrants délits de Dakar, où la tante poursuivait la nièce pour association de malfaiteurs et diffusion d’images à caractère personnel. Tout cela, à cause du charlatan Abdou Bassirou Dramé. Sur les faits, la prévenue Th. C. Fall, domiciliée aux Parcelles Assainies, a expliqué avoir mis sa tante en rapport avec le marabout. Mais curieusement, ce dernier l’a contactée un jour au téléphone pour lui dire que sa tante avait l’intention de mettre fin à ses jours pour devenir riche comme Crésus.
N’en croyant pas ses oreilles, Th.C. Fall a demandé à son interlocuteur d’enregistrer leur conversation, afin de lui permettre de déjouer ce plan diabolique que sa tante concoctait à son encontre. Quelques jours plus tard, le charlatan Abdou Bassirou Dramé lui envoie un enregistrement dans lequel elle entend sa tante qui disait au marabout : «Laissons de côté ce que je t’avais dit la dernière fois et parlons du cas de Kh. M. (sa cousine établie en France)», explique l’inculpée, qui a poursuivi en soutenant que le marabout a rétorqué à sa tante : «Je ne peux pas réaliser les deux en même temps».
Sans chercher à en savoir plus, elle a cru aux dires du marabout. «Envahie par la peur, j’ai envoyé la conversation à son mari, à ma mère et à mon oncle, pour les mettre au courant de la situation. Je n’avais aucunement l’intention de lui faire du mal», a déclaré la mise en cause Th.C. Fall.
La tante avait demandé au marabout un commerce florissant, la richesse et… le divorce de sa coépouse
Interrogée, la tante Kh. Ba est revenue sur les faits. Elle dit avoir émis trois souhaits au charlatan : un commerce florissant, le divorce de sa coépouse et la richesse, rien d’autre. Hélas, malgré le désistement de la partie civile qui a été évoqué par son avocat, le procureur a requis 6 mois d’emprisonnement, dont 2 mois ferme contre la prévenue. Selon le procureur, le charlatan, qui a fui, avait émis des contestations lors de son audition à la police. Selon le procureur, le marabout disait que sa cliente serait obligée de tuer une personne et que jusqu’à présent, elle ne lui avait désigné aucune victime. Le procureur de regretter que la prévenue, qui a promis un billet d’avion au marabout, se soit permise de diffuser la conversation pour salir la réputation de sa tante qui n’a pas prononcé son nom dans l’enregistrement.
Me Abou Abdoul Daff, constitué pour la prévenue, a plaidé la relaxe pour l’association de malfaiteurs. Pour le chef de diffusion d’images à caractère personnel, Me Daff a souhaité une application extrêmement bienveillante, avant de terminer en expliquant que sa cliente et sa tante sont des victimes du charlatan qui a tiré toutes les ficelles. Le juge a tout de même condamné Th.C. Fall à 6 mois assortis du sursis.
Fatou D.DIONE