
Les journées de concertations sur l’orpaillage artisanal et semi-mécanisé de Bakel ont été l’occasion pour le secrétaire exécutif du Centre d’action pour le développement et la recherche (Cadre) de magnifier l’accompagnement de l’Ong Ibp, mais aussi et surtout d’inviter le Mali à s’inscrire dans la dynamique du Sénégal en interdisant l'exploitation de l’or sur un rayon de 500 mètres de la Falémé.
Alors que les opérations de démantèlement de sites d’orpaillage clandestin se poursuivent suivant le décret portant suspension de l'exploitation de l’or sur un rayon de 500 mètres de la Falémé, l’arrondissement de Kéniéba a abrité les journées de concertations sur l’orpaillage artisanal et semi-mécanisé à Bakel. Des rencontres initiées dans le cadre du Programme de lutte contre les vulnérabilités liées aux mauvaises pratiques d'exploitation des ressources naturelles et au changement climatique et soutenues par l’Ong Ibp, le Centre d’action pour le développement et la recherche (Cadre) en collaboration avec l’Ong Grdr (Migration-Citoyenneté-Développement). « Nous avons constaté que les vulnérabilités étaient accrues dans la zone par la pollution de l'eau due à l’orpaillage artisanal et semi-mécanisé, notamment incontrôlé. C’est ainsi que nous avons fait le tour de la Falémé en commençant par le delta du fleuve Sénégal, remonté vers Ourossogui pour aller vers Bakel et nous avons aussi longé la Falémé. Ce qui nous a permis de constater les impacts de la pollution de la Falémé, de discuter avec les populations, les groupes affectés, particulièrement les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs qui habitent le long du fleuve », fait d’emblée remarquer le secrétaire exécutif du Centre d'action pour le développement et la recherche, Pape Faye qui s’est félicité de l’accompagnement de l’Ong Ibp, à travers une subvention au Cadre, pour exécuter, dit-il, les activités identifiées lors de l’atelier de co-construction tenu à Kidira en août 2024. Outre la subvention, l’Ong Ibp et ses partenaires, poursuit-il, préconisent des solutions pour que la Falémé puisse retrouver son lustre d’antan. Il s’agit, dit-il, de bannir les mauvaises pratiques, de contrôler l’orpaillage afin de permettre aux exploitants d’exercer dans la légalité. Selon Pape Faye, il s’agit d’amplifier ce que l'État a déjà entrepris. « L’Etat a commencé à ouvrir des couloirs d'orpaillage autorisés. On en a trois dans la commune de Sadatou, dans la zone où nous intervenons. Mais cela ne suffit pas. S’il n'y a pas suffisamment de couloirs autorisés, si vous fermez les sites clandestins, les gens vont aller dans la forêt pour créer d'autres sites clandestins. Il faut aussi penser à la dépollution de la Falémé. En effet, même si on arrivait à arrêter l'orpaillage, on aura passé encore plusieurs décennies à gérer les méfaits qui sont déjà créés avec les produits chimiques qui ont souillé la nappe, notamment le fleuve et même les eaux de surface de la Falémé », indique le secrétaire exécutif du Cadre. Dans cette dynamique, il n’a pas manqué de rappeler que la Falémé est une ressource transfrontalière. Et, c’est pour annoncer que le Mali devrait suivre les pas du Sénégal. « Le Sénégal a pris un décret portant suspension de l'exploitation minière dans un rayon de 500 mètres de la Falémé. Le problème, c'est que le Mali n'a pas pris une telle mesure. Ainsi, pendant que le Sénégal procède au démantèlement des sites d’orpaillage sur l’emprise concernée par le décret ; de l’autre côté de la rive droite, les exploitations se poursuivent. Et, c’est ce qui est dommage », tranche Pape Faye qui appelle le Mali et le Sénégal à accorder leurs violons.
M. CISS