Inculpé et placé sous mandat de dépôt depuis le 9 novembre dernier, pour diverses infractions pénales, Pape Alé Niang a fait face au Doyen des juges d’instruction, hier, pour s’exprimer sur les faits pour lesquels il a été arrêté. Durant deux tours d’horloge, le journaliste s’est prêté aux questions du magistrat instructeur. Au terme de son audition, ses conseils ont déposé une demande de mise en liberté provisoire sur la table du juge Mamadou Seck.
C’est le 9 novembre dernier que Pape Alé Niang a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. A la date du 9 décembre, hier, il a fait face au juge d’instruction du deuxième cabinet pour une audition au fond. C’est un Pape Alé Niang pas très bien portant qui a été soumis aux questions du juge Mamadou Seck. Les effets de la grève de la faim qu’il a commencé à observer depuis vendredi dernier sont peut-être passés par là. Néanmoins, le journaliste a fait preuve d’un mental de fer pour apporter des réponses «pertinentes», aux questions du juge d’instruction. Pendant, deux tours, il a échangé avec le juge d’instruction Mamadou Seck sur les faits pour lesquels il a été inculpé. Convaincu de n’avoir rien à se reprocher, le directeur de publication de Dakarmatin n’a pas fléchi. «Je suis journaliste et je suis fier de la profession», a-t-il martelé à chaque fois devant le magistrat instructeur.
Ses avocats ont déposé hier une demande de liberté provisoire, le dossier transmis au procureur pour avis
A la suite de son audition, ses conseils ont déposé sur la table du juge d’instruction une demande de mise en liberté provisoire, en espérant une suite favorable. Pour la défense,rien ne s’oppose à sa mise en liberté puisque le journaliste a été entendu sur le fond du dossier et il n’y a pas de risque de trouble à l’ordre public ni de risque de subornation de témoin. Qui plus est, leur client est régulièrement domicilié à Dakar et il ne risque pas de se soustraire à l’action de justice. Le juge a transmis la requête au Procureur qui doit donner son avis.
La requête déposée sur la table du juge, il appartient à ce dernier de communiquer au Procureur pour avis avant qu’il ne rende son ordonnance.
Pape Alé Niang, rappelons-le, a été inculpé le 9 novembre dernier pour divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale, recel de documents administratifs et militaires et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. En fait, le journaliste a fait une vidéo tenant en main un rapport interne de la gendarmerie portant sur l’affaire Sweet Beauté. La gendarmerie qui a estimé que le document est confidentiel et ne devrait pas être entre les mains d’un journaliste et encore moins diffusé, s’est plaint auprès du Procureur. Ce dernier, étant du même avis que les pandores, a ordonné l’arrestation du directeur de dakarmatin. Le chef du Parquet considère qu’il s’agit d’une question de sécurité nationale. C’est ainsi que le journaliste a été interpellé sur les Allées Papa Guèye Fall, alors qu’il réparait son véhicule. Suffisant pour susciter le courroux de la presse qui s’est scandalisée pour l’arrestation d’un journaliste pour des délits de presse avant d’exiger sa libération.
La balle est dans le camp du Procureur, car si ce dernier s’oppose, sa mise en liberté devient impossible.
Alassane DRAME