Devant les arrestations d’opposants, l’emprisonnement de chroniqueurs, l’ancien Premier ministre Amadou Ba a proposé à l’ouverture du Dialogue un pacte national de pacification politique fondé sur la libération des détenus politiques, l’indépendance des médias, et des procédures judiciaires perçues comme justes et impartiales. Il a aussi déploré la morosité économique du pays, en plus de s’indigner du débat qu’il juge agressif.
Amadou Ba a fait forte impression dans son intervention à l’ouverture du Dialogue national sur le système politique présidée par le Président Bassirou Diomaye Faye. D’emblée, il a justifié sa participation au dialogue, non pas par naïveté, mais par fidélité à ses principes, par foi en l’avenir et par amour pour la patrie. «Que vaut une démocratie où l’on arrête les opposants sans ménagement ? Où des journalistes, des chroniqueurs sont convoqués, parfois détenus, pour avoir fait leur travail ? Nous appelons à un pacte national de pacification politique, fondé sur la libération des détenus politiques, l’indépendance des médias, et des procédures judiciaires perçues comme justes et impartiales», rapporte l’ancien Premier ministre, avant d’appeler à faire du statut du chef de l’opposition une réalité. Poursuivant, il a appelé à réformer la Haute Cour de justice. En effet, il est d’avis que la composition actuelle de cette juridiction alignée sur la majorité parlementaire, ne garantit pas l’impartialité attendue.
L’enjeu central du Sénégal : l’économie
Cependant, au-delà des questions politiques, Amadou Ba estime que l’enjeu central reste l’économie. «Le Sénégal fait actuellement face à des pertes d’emplois, à une dette croissante et à une situation budgétaire préoccupante, sur fond de vulnérabilité externe. On peut ne pas s’entendre sur les causes, mais il faut qu’on s’accorde sur des solutions. Ainsi, le nouveau référentiel stratégique de l’action publique doit être mieux partagé, pour améliorer sa mise en œuvre. De même, un Pacte national pour l’emploi productif qui mobilise tous les acteurs autour des secteurs à fort potentiel serait opportun. Enfin, la réforme de la politique budgétaire me semble nécessaire et urgente», explique le président de Nouvelle Responsabilité.
«Je rêve d’un Sénégal où le débat est loyal, pas agressif…»
S’agissant en outre de la reddition des comptes, il fait remarquer que l’histoire a montré que ces vagues émotionnelles sont cycliques. «A chaque alternance, les mêmes scandales, les mêmes sanctions, puis l’oubli. Et on recommence. Tirant les leçons, nous devons engager des réformes pour mieux protéger le patrimoine de l’État, au-delà des régimes et des contingences politiques», préconise Amadou Ba, avant d’ajouter : «je rêve d’un Sénégal où l’opposition est écoutée pas écartée où le débat est loyal, pas agressif où la critique est utile, pas criminalisée», indique l’ancien Pm.
M. CISS