Alors que les Sénégalais célébraient la fête de la Korité en famille, Idrissa Seck avait décidé de faire autre chose. Animant une conférence de presse samedi après-midi à Thiès, le président de Rewmi a confirmé sa candidature à la présidentielle du 24 février 2023. Aussi, Idrissa Seck a profité de l’occasion pour annoncer qu’il va présenter au chef de l’Etat dès ce lundi sa démission comme président du Cese et dans la foulée quitter la coalition Benno Bokk Yakaar. Le candidat déclaré à la présidentielle de février 2024 a ajouté que les ministres membres de Rewmi ont décidé de quitter le gouvernement. Il s’est auto-déclaré leader de l’opposition.
Décidé à se mettre sous la lumière, Idrissa Seck enchaine les sorties médiatiques pour, une nouvelle fois, réitérer sa ferme volonté de briguer le suffrage des Sénégal en 2024. A l’occasion de la Korité, le leader du parti Rewmi a formulé un appel à la foi, au calme et à l’unité. «Un appel à la foi pour nous guider vers un Sénégal de paix et de stabilité dont nous rêvons tous, nous peuple sénégalais. Un appel au calme puisé au plus profond de nous-mêmes pour juguler notre propre violence individuelle. Ceci est d’autant plus nécessaire que nous sommes confrontés à des temps périlleux qui peuvent présenter un risque pour notre démocratie et la stabilité de notre pays. Les esprits sont échauffés et les résultats des procédures en cours sont incertains. Nous sommes à moins d’un an d’une élection décisive, une élection où la liste des candidats potentiels reste un mystère, ce qui fait monter nos émotions, et les tensions», a expliqué Idrissa Seck.
Mais si l’ancien maire de Thiès parle ainsi, c’est que, dit-il, «le vent qui souffle dans la sous-région est porteur de risques : terrorisme et diverses autres sources de tensions». «Nous ressentons la colère, le doute et le désespoir. Pourtant, nous aspirons au plus profond de nous-mêmes à ressentir de l’espoir. Nous pouvons être en désaccord ouvertement au Sénégal, mais nous ne devrions jamais forcer nos frères et sœurs au silence par la persécution, la pensée unique, le terrorisme intellectuel et la violence. Ce mois de Ramadan et cette journée d’Aïd-el-fitr appellent à l’apaisement et au sang-froid, afin de trouver la meilleure voie à suivre par le dialogue, comme celui initié par le président de la République au lendemain de l’élection présidentielle et qui a vu la classe politique, majorité et opposition réunies, s’accorder sur 25 des 28 points alors discutés», dit-il. Avant de poursuivre : «en ce qui me concerne, je vous confirme ma candidature à l’élection pour la présidence de la République du Sénégal en février prochain».
Ainsi, en vue d’apaiser les tensions politiques et dans une démarche de clarification, Idrissa Seck informe que dès lundi (aujourd’hui, ndlr), il remettra au président de la République sa lettre de démission comme président du Conseil économique social et environnemental. «Je lui remettrai aussi une lettre disant mon choix de quitter la coalition Benno Bokk Yakaar. J’annonce également que les ministres membres de Rewmi ont décidé de quitter le gouvernement », ajoute-t-il entouré de ses deux ministres Aly Saleh Diop (élevage) et Yankhoba Diatara (sports).
La distance avec le régime en place prise, Idrissa Seck ne compte pas perdre de temps. Il le dit lui-même. «Dès le lendemain, je repars chers compatriotes à votre rencontre, dans une démarche d’écoute et de partage pour que nous construisions ensemble le présent et l’avenir du Sénégal», propose-t-il, disant à qui veut l’entendre qu’avec sa sortie de Benno Bokk Yakaar, il redevient le chef de l’opposition. «Je suis le chef de l’opposition. J’ai choisi de soutenir le Sénégal durant la période de la Covid-19 et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais je reste le chef de l’opposition», croit-il.
Idrissa Seck a également profité de l’occasion pour régler ses comptes avec les conseillers membres de l’Apr qui ont «tenté de saboter» les travaux au niveau du Conseil économique, social et environnemental. Selon le président de Rewmi, ces conseillers n’ont décidément rien compris. «Parce que ce que je fais à la tête du Cese, c’est pour le président de la République, donc s’il y a des gens qui devraient travailler à ce que les choses marchent, ça doit d’abord être les partisans du président de la République. Mais cela renseigne également sur le rapport que certains ont avec les lois et règlements. Puisque si ce sont ceux-là qui sont au pouvoir qui violent la loi, on ne pourra rien dire quand l’opposition décide de le faire à son tour».
Sidy Djimby NDAO
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