L’instruction aura duré plusieurs années, mais l’affaire du Range Rover va peut-être bientôt connaitre son épilogue. Pour cause, le juge d’instruction, qui avait clôturé son enquête depuis bien longtemps, a rendu son ordonnance de renvoi. Reste maintenant au Procureur d’enrôler l’affaire. Car, au terme de son enquête, le magistrat instructeur a trouvé des charges suffisantes contre Ibrahima Seck plus connu sous le nom de Waly Seck, Pape Massaly Niang, Ibrahima Touré, Abdou Dieng, Serigne Mbacké Guèye et Sanou Kébé. Il les a tous renvoyés pour diverses infractions, notamment association de malfaiteurs, escroquerie, faux et usage de faux dans un document administratif etc.
Pour une affaire correctionnelle, le fameux dossier du Range Rover est quelque peu bizarre. Elle aura duré 5 ans, sans même qu’on aille en procès. Tout de même, l’ordonnance définitive est sortie, même s’il aura fallu au juge trois ans pour clôturer son enquête et qu’il aura fallu plus d’un an au parquet pour rendre un réquisitoire définitif et retourner le dossier au juge d’instruction. Finalement, le magistrat instructeur a dit son dernier mot et il s’agit d’une ordonnance de renvoi en police correctionnelle, pour diverses infractions à l’encontre de Waly Seck, Ibou Touré et Cie.
Association de malfaiteurs, escroquerie, escroquerie au service, faux et usage de faux dans un document administratif et complicité de ces chefs, sont les infractions visées par le juge d’instruction, dans l’affaire du Range Rover. Il s’agit de charges suffisantes qu’il a trouvées au bout de son enquête et qu’il impute à l’artiste chanteur Ibrahima Waly Seck dit Waly Seck, Pape Massaly Niang, Ibrahima Touré dit Ibou Touré, international sénégalais de football, Abdou Dieng, Serigne Mbacké Guèye dit Baye Fall et Sanou Kébé. Depuis bien longtemps que cette ordonnance est rendue, l’on ne comprend pas pourquoi le Parquet qui détient la balle désormais tarde à l’enrôler, ne serait-ce que pour se conformer à la loi, respecter les droits des personnes renvoyées qui souhaiteraient certainement être libérées de ce fardeau.
Retour sur Les faits
Dans son ordonnance rendue, le magistrat instructeur a fait un ramassé de cette affaire en revenant au tout début de l’histoire. Selon l’ordonnance du juge, la plainte remonte à avril 2016. Pour le compte de Lamarana Diallo, Bécaye Diop avait déposé une plainte à la Division des investigations criminelles contre Ibou Touré, pendant que Guillé Sèye déposait sa plainte au parquet. Selon Bécaye Diop après avoir fait le dédouanement du véhicule Range Rover, Lamarana Diallo lui avait dit de remettre le véhicule à Ibou Touré, mais qu’il devait garder les originaux des papiers afférents jusqu’’à ce que l’international de football paie intégralement le montant. Mais, la transaction n’étant même pas terminée, Ibou Touré a vendu le véhicule à Waly Seck sans avoir les pièces afférentes. De son côté, Guillé Sèye soutenait avoir acheté le Range Rover auprès de Pape Massaly Niang à 26 millions de francs. Il a constaté ensuite que le certificat de mise en circulation que ce dernier lui avait remis était un faux. Par la suite, il a été dédommagé. Seulement l’affaire n’était pas terminée car Pape Massaly Niang a soutenu devant les enquêteurs avoir acheté auprès de Waly Seck et que c’est ce dernier qui l’a mis en rapport avec Baye Fall pour lui permette d’obtenir des pièces pour le véhicule moyennant un million de francs. C’est ainsi qu’il est allé voir le transitaire Abdou Dieng pour la copie de la déclaration en douane et un certificat de perte moyennant 150.000 francs.
S’agissant de la dame Sanou Kébé, elle est accusée d’avoir aidé à se procurer le certificat de mise à la consommation (Cmc) pour 200.000 francs. Devant les enquêteurs, ils ont reconnu les faits. Baye Fall a avoué avoir été sollicité par Waly Seck pour les pièces afférentes au véhicule. Cependant, il s’est rétracté devant le juge en soutenant que c’est Pape Massaly Niang qui l’a contacté. L’artiste chanteur quant à lui a nié les faits. Selon lui, il a reçu la voiture d’Ibou Touré et il l’a cédée à Pape Massaly Niang sans lui remettre un document. Et c’est plus tard qu’il a appris que ce dernier a vendu la voiture avec de faux documents. Pourtant, Pape Massaly Niang a juré que Waly Seck lui avait même donné un délai de 15 jours pour lui remettre les pièces de la voiture. Dame Dieng, de son côté, soutenait ignorer les litiges qui tournaient autour de cette voiture. S’agissant de Ibou Touré, il a contesté les faits. A l’en croire, il a acheté le véhicule auprès de Emmanuel Rivière avant de le remettre à Lamarana Diallo qui a mis la déclaration en son nom. Il a tout de même reconnu avoir vendu la voiture à Waly Seck.
Les motivations du juge d’instruction
«Il n’est pas contesté que Waly Seck et Pape Massaly Niang ont encaissé tous les deux des sommes d’argent pour avoir vendu le véhicule litigieux ; ils se sont prévalus de la qualité de propriétaire sans disposer de titre de propriété, encore moins de procuration», a constaté d’emblée le magistrat instructeur dans son ordonnance. Il poursuit : «l’escroquerie à eux reprochée est suffisamment établie, car la remise de sommes d’argent, notamment le prix de vente, a été déterminée par l’emploi de fausse qualité et de manœuvres frauduleuses». Pour ce qui concerne Ibou Touré, le magistrat instructeur a été clair : «il a produit la copie d’un acte de vente qui ne présente pas les caractères d’un acte authentique, contrairement au plaignant qui a produit un Cmc régulièrement établi à son nom, ce qui permet de considérer valablement son droit de propriété sur le véhicule». «Ibou Touré tombe sous le coup de l’article 379 CP pour avoir employé des manœuvres frauduleuses pour se faire remettre le véhicule et fait usage de fausse qualité pour le vendre», martèle le juge. «Que le revirement de Serigne Mbacké Guèye après ses aveux circonstanciés sur son implication et celle de Waly Seck ne résiste guère à l’analyse objective des éléments du dossier», souligne encore le juge.
Tout compte fait, il a renvoyé tout ce beau monde devant le juge pénal pour y répondre chacun des actes qu’il a posés.
Alassane DRAME
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