Attrait à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, hier, Serigne Cheikh Mbacké Gadiaga a nié avoir injurié et tenté d'extorquer des fonds à Mouminatou Kébé. Et même si le tribunal ne le poursuit plus pour le délit de diffamation, le représentant du procureur a requis l'application de la loi pénale contre lui pour les autres chefs d'inculpation.
Lors de sa dernière comparution, le 17 février dernier, devant la première chambre du tribunal correctionnel de Dakar, Me Ciré Clédor Ly avait soulevé des exceptions sur la violation des droits de son client, Serigne Cheikh Mbacké Gadiaga. Aussi, l'avocat avait demandé au tribunal de déclarer l'action publique éteinte en ce qui concerne le délit de diffamation pour lequel il est poursuivi dans cette affaire qui l'oppose à Mouminatou Kébé, fille de feu Ndiouga Kébé. Le tribunal a donc statué sur ces exceptions mardi dernier. Ainsi, dans son délibéré, le tribunal les a rejetées. Mais, Me Ly a eu gain de cause sur celle de la diffamation. Car, à ce propos, le tribunal a déclaré l'action publique éteinte avant d'abandonner les poursuites pour ledit délit. Revenant sur les faits qui lui sont imputés, Cheikh Gadiaga a, face au juge, réfuté l'infraction d'extorsion de fonds et d'injures qui sont visés sur le procès-verbal. «Le 2 décembre 2019, on m'avait convoqué et interrogé sur des vidéos que j'avais faites à Khelcom. Après cela, on m'a relâché et je suis parti en voyage. C'est à mon retour de ce voyage qu'on m'a cueilli à l'aéroport», a-t-il renseigné tout en précisant qu'il ne connaissait pas Moumy Kébé. Mais, après avoir visionné la vidéo incriminée, le juge lui a confié qu'il a envoyé des émissaires pour réclamer de l'argent à Moumy. Et si elle refusait, précise-t-il, il allait publier sa vidéo. Là, Cheikh Gadiaga, 38 ans, condamné à trois reprises à des peines ferme pour diffamation,nie : «je n'ai jamais envoyé des personnes leur demandant d'aller lui réclamer de l'argent pour mon compte».
Me Ciré Clédor Ly parle de machinations suite à une conspiration dans cette affaire
Selon lui, c'est au nommé Talla Diakhaté qu'il portait une réplique dans la vidéo, parce que celle-ci avait émis des propos à son endroit. La plaignante, Mouminatou Kébé, absente à la barre, le représentant du procureur a requis l'application de la loi pénale contre Cheikh Mbacké Gadiaga. Mais, son conseil Me Ciré Clédor Ly a fait savoir au tribunal que ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu, parce que l'action publique était éteinte. En plus, révèle-t-il, l'extorsion n'est pas caractérisée si on dit que cette vidéo avait un seul but qui était de forcer Moumy Kébé à remettre des fonds sous peine de divulgation. Et mieux encore, Me Ly de préciser que dans sa plainte, la partie civile s'était tenue aux injures et à la diffamation. Puisque lorsqu'elle a été entendue au mois de novembre 2019, elle soutenait qu'elle comprenait l'acharnement de Cheikh Mbacké à son endroit et qui était de lui tordre la main pour qu'elle lui donne de l'argent. Ce que Me Ciré Clédor Ly considère comme une divagation de l'esprit parceque, selon lui, le témoin Adama Ndiaye, entendu à la police, ne dit pas que Cheikh l'a pris comme émissaire pour aller auprès de Moumy et lui réclamer de l'argent. La robe noire qui a plaidé la relaxe pure de son client a affirmé que dans ce dossier, il y a eu des machinations suite à une conspiration. Sur ce, il a estimé que lorsque Moumy a retiré sa plainte, tous ceux qui ont comparu pour témoigner avaient disparu comme s'ils n'existaient pas.
Délibéré le 21 avril prochain.
Fatou D. DIONE