
Portrait En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, cet ancien banquier central est le grand favori pour succéder à Justin Trudeau comme Premier ministre du Canada.
1. Trump
Pressenti pour être propulsé à la tête du Parti libéral du Canada (centre-gauche), Mark Carney devrait devenir le prochain Premier ministre et tourner la page de la décennie Justin Trudeau, démissionnaire en janvier. Le contexte de cette élection est inédit : la seule question qui préoccupe les Canadiens est de savoir si leur prochain dirigeant sera la bonne personne pour affronter Trump.
2. Guerre commerciale
Consacré en 2011 « Canadien engagé pour sauver le monde » par le magazine Maclean’s, Carney, 59 ans, arrive en pleine ébullition politique. Les problèmes intérieurs, l’immigration et l’inflation sont éclipsés par les menaces de hausse des tarifs douaniers de Trump. Carney, qui devrait faire valoir sa maîtrise de l’économie, s’est jusqu’ici abstenu de donner franchement son avis pour ne pas envoyer de « signaux contradictoires » dans les négociations de Trudeau avec Washington.
Publicité
2. Banquier
Diplômé d’Harvard et d’Oxford, haut fonctionnaire au ministère des Finances en 2004, Carney a été directeur de la Banque du Canada entre 2008 et 2013 en pleine crise financière mondiale. Un mois après son entrée en fonction, il a réduit les taux d’intérêt et a été salué pour la rapidité de sa réaction.
3. Brexit
Carney est tenu en haute estime Outre-Atlantique, où entre 2013 et 2020, il a dirigé la Banque d’Angleterre et eu pour mission périlleuse de gérer le Brexit. Jugé politiquement trop impliqué par les plus fervents « brexiters », il avait averti des risques économiques d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Un atout face aux défis posés par Trump ?
4. Elite
Son curriculum vitæ très étoffé – il a aussi été directeur général chez Goldman Sachs et a fait partie du conseil d’administration de la fondation du Forum économique mondial —, vierge de tout mandat politique, Carney traîne une image de bureaucrate d’une élite guindée, déconnectée de la base. Il a tenté de redorer son image en accordant un entretien dans l’émission humoristique de Jon Stewart, le « Daily Show », plaisantant avec l’animateur pendant vingt minutes.
5. Catholique
Né dans la petite ville reculée de Fort Smith dans les Territoires du Nord-Ouest, il a grandi à Edmonton, dans l’Alberta voisin où ses parents étaient enseignants. Son père, impliqué dans la communauté catholique locale, a transmis à son fils le goût de la chose religieuse. Carney, fidèle assidu de l’église, a siégé au comité du Conseil pour un capitalisme inclusif du Vatican. Il est marié à l’économiste Diana Carney avec qui il a eu quatre filles.
Publicité
6. Héritage
Carney s’apprête à diriger un parti en lambeaux et des électeurs désenchantés par la direction que prend le pays, accablé par la flambée des coûts du logement, un système de santé surchargé et des prix élevés des produits de consommation courante. L’ancien banquier a pris ses distances avec Trudeau, dont il a été conseiller économique. Il a émis une critique à peine voilée de son programme progressiste, affirmant que « nous ne pouvons pas réaliser notre plein potentiel avec les idées de l’extrême gauche ».
7. Français
Bien qu’il ait présenté une version plus douce et plus affable de lui-même pendant la campagne, Carney est un technocrate pragmatique, connu pour ses manières brusques et son irritabilité… ainsi que pour son manque d’aisance en français. Une tare qui a son importance dans un Canada officiellement bilingue.
8. Climat
Mark Carney est un évangéliste de l’investissement vert. À la Banque d’Angleterre, il était connu pour prononcer des discours politiques, notamment autour des dangers du changement climatique sur les marchés mondiaux. Si son programme comprend des incitations à une transition vers une énergie verte, il devra éviter de braquer l’Alberta, province au cœur de l’industrie pétrolière et gazière.
9. Immigration
Carney a promis qu’il annulerait la hausse de l’impôt sur les gains en capital du gouvernement Trudeau et limiterait les effectifs du gouvernement. Selon lui, plafonner l’immigration jusqu’à revenir aux niveaux d’avant la pandémie de Covid-19 contribuera à atténuer la crise du coût de la vie et du logement.
Publicité
10. Sursis
Reste à voir si ses références résisteront à l’épreuve du temps. Les partis d’opposition ont juré de provoquer des élections législatives dès la reprise des travaux au Parlement le 24 mars où le Parti libéral n’a pas de majorité. A moins que Carney ne soit tenté de le faire lui-même, porté par les inquiétudes que Trump s’en prenne au pays.