OUZA ANNONCE LA FIN DE SA CARRIERE MUSICALE
«Je suis au crépuscule de ma vie musicale….»
Certainement, il fait partie des artistes qui ont marqué leur génération de par leur engagement et de par leur ingéniosité ! Ouza Diallo affirme qu’il lui reste juste à faire une dernière œuvre qui va résumer sa carrière musicale. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Ouza revient sur le rôle que devrait avoir la musique au Sénégal, tout en jetant un regard critique sur les musiciens d’aujourd’hui.
Quelle est l’actualité de Ouza ?
Mes fils et moi avons émis l’idée de reprendre l’ensemble de mes chansons. Il y aura de nouveaux arrangements et nous allons les moderniser avec de nouvelles harmonies. On avait aussi l’intention d’ouvrir une école de musique, ce qui est extrêmement difficile, parce que nous avions un terrain à Diass, avec mes partenaires, mais nous n’avons pas pu entrer en possession du terrain. Sur le plan culturel, j’ai décidé depuis longtemps de ne plus jouer dans les boites de nuit parce que Adiouza est là.
Peut-on dire que vous allez bientôt arrêter la musique ?
C’est ça, je suis au crépuscule de ma vie musicale. L’inspiration n’y est plus et l’ouïe n’y est plus non plus. C’est à la demande de mes fans, amis et enfants que j’ai décidé de faire ce dernier tour d’honneur. Beaucoup de gens demandent ça. Ils ont la nostalgie de ces chansons.
Un artiste peut-il vraiment arrêter la musique ?
Une fille est venue interviewer Adji et m’a demandé de continuer, parce que quand un chanteur arrête sa carrière, il vieillit. Au fond, je sais qu’elle a raison. J’ai un ami intime avec qui je sors pour prendre du bon temps et écouter de la salsa, mais je n’ai plus l’âge. Je suis à un stade où je suis plus proche de répondre à l’appel de Dieu qu’à autre chose. Des fois, j’ai envie de jouer quand j’assiste aux prestations de ma fille et elle me permet de jouer quelques morceaux pour les nostalgiques (Sakhar gui Yokhou ou Yaye Amy). Quand je sors, je suis joyeux, mais avec l’âge, ce n’est plus possible.
Est-ce que cela veut dire que vous êtes en train de faire votre dernier album, si on peut l’appeler ainsi ?
Oui, oui ! et je dirais que c’est un rétro pas un album. D’ailleurs, je me pose la question de savoir si je vais le faire. Je ne sais pas encore.
Comment jugez-vous ceux qui chantent toujours avec leur fils sur la même scène musicale ?
Cela dépend des visions. Il y en a qui vont se retirer et d’autres pas. Je suis venu dans la musique en tant qu’artiste et musicien avant-gardiste. C’est ce qui m’a amené à faire de la musique avec l’aide d’un de mes grands-frères qui n’est plus de ce monde. Ma vision dans la musique a toujours été de parler des maux du peuple, d’être proche du peuple et de défendre la cause du peuple. J’ai toujours dit que le rôle du musicien, ce n’est pas de faire danser les gens. Je crois que l’Afrique ne dot plus continuer à danser. La danse est trop belle, c’est notre culture, c’est la base de tout, mais quand ele vire à la déchéance, ça n’a plus de sens. On en est à un stade où les jeunes parlent de Lutte Musique Danse (LMD). «Na goore, Na jigeene» ça n’a aucun sens. Je précise que c’est mon opinion. Encore une fois, c’est ma vision. Il y a des gens qui ne le verront pas comme ça, je le leur concède. Pour me retirer et laisser Adji faire son chemin, cela n’a aucun problème. Même si elle sait comment je vois la musique, elle veut faire son temps. Certainement, elle s’est dit que la révolution ne m’a pas porté chance (rires)…Mais je ne discute pas avec elle sur ce point.
Est-ce qu’il y a des artistes qui ont pris votre flambeau dans le style musical ?
Quand je vois un jeune comme Carlou D, je suis fier, parce qu’il sait danser et il sait chanter. On s’est vu récemment, lors des obsèques de son père, j’ai tenu à l’encourager et lui dire qu’il lui reste encore des choses à réaliser. Je vois en lui mon héritier, parce qu’aussi, il a un look de roots et chante comme un roots, ce que je faisais d’ailleurs. Chez les femmes, je vois plus Amy Collé. C’est une très grande chanteuse, mais l’Afrique à ses mystères. Elle est la Souleymane Faye des femmes de la musique sénégalaise. Elle peut faire ce qu’elle veut avec sa voix. Je suis sûr que si elle avait un peu d’aide, elle irait loin. A part elle, il y a Titi, elle chante très bien. Viviane, c’est ma fille et elle est très soft et elle n’est pas cantatrice comme Adiouza, raison pour laquelle elles peuvent se produire à l’international. Aida aussi est très bien…Queen, c’est une œuvre d’art, elle a sa façon de faire. Elle a son propre style qui lui réussit très bien.
Que pensez-vous de ceux qui font le buzz pour vendre leur album ou leur single ?
Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum disait qu’il vaut mieux ressembler à son époque que ressembler à son père. Quand on montre une femme nue, chaque homme veut regarder, mais quand on montre un artiste qui relate son parcours en disant qu’il a fait le conservatoire…, ça n’intéresse personne. Chacun avec son époque. Les gens disent que les jeunes ne chantent pas, je dis non, ils s’adaptent selon l’époque. Ils ne chantent pas des thèmes importants. Mais «Yaako ubi, Yaako…», c’est n’importe quoi.
Musicalement, comment jugez-vous les musiciens d’aujourd’hui ?
Les instrumentistes d’aujourd’hui sont beaucoup plus performants que les anciens. Le seul souci, c’est que les jeunes sont pressés. Après, c’est trop de bruit et ce n’est pas consommable sur le plan international. Quelqu’un comme Baba Hamdy doit continuer à former les jeunes, sinon ce sera très compliqué.
Êtes-vous fier de la musique sénégalaise ?
Je suis fier de la musique aujourd’hui, parce que des gens y ont gagné leur vie. Comme Youssou Ndour, Ismaïla Lo, Baaba Maal… Youssou Ndour a réussi sa vie par la musique, quoi qu’on puisse lui dire, il a réussi. Le fait de voir beaucoup de filles chanter, c’est une fierté. Viviane qui joue au Zénith, c’est une fierté ! Il y a tant d’autres. Ce qui reste juste, c’est adapter leur mélodie sur le plan international.
Quel a été votre plus grand regret ?
Mon plus grand regret, c’est que je n’ai pas pu avoir mon école musicale, pourtant je l’avais dit à Abdoulaye Wade depuis 1988. Je voulais autre chose dans la musique, pas ce que je vois actuellement. L’idée que j’avais de la musique, je ne l’ai pas réalisée.
Sidy Djimby NDAO et Samba THIAM
«Je suis au crépuscule de ma vie musicale….»
Certainement, il fait partie des artistes qui ont marqué leur génération de par leur engagement et de par leur ingéniosité ! Ouza Diallo affirme qu’il lui reste juste à faire une dernière œuvre qui va résumer sa carrière musicale. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Ouza revient sur le rôle que devrait avoir la musique au Sénégal, tout en jetant un regard critique sur les musiciens d’aujourd’hui.
Quelle est l’actualité de Ouza ?
Mes fils et moi avons émis l’idée de reprendre l’ensemble de mes chansons. Il y aura de nouveaux arrangements et nous allons les moderniser avec de nouvelles harmonies. On avait aussi l’intention d’ouvrir une école de musique, ce qui est extrêmement difficile, parce que nous avions un terrain à Diass, avec mes partenaires, mais nous n’avons pas pu entrer en possession du terrain. Sur le plan culturel, j’ai décidé depuis longtemps de ne plus jouer dans les boites de nuit parce que Adiouza est là.
Peut-on dire que vous allez bientôt arrêter la musique ?
C’est ça, je suis au crépuscule de ma vie musicale. L’inspiration n’y est plus et l’ouïe n’y est plus non plus. C’est à la demande de mes fans, amis et enfants que j’ai décidé de faire ce dernier tour d’honneur. Beaucoup de gens demandent ça. Ils ont la nostalgie de ces chansons.
Un artiste peut-il vraiment arrêter la musique ?
Une fille est venue interviewer Adji et m’a demandé de continuer, parce que quand un chanteur arrête sa carrière, il vieillit. Au fond, je sais qu’elle a raison. J’ai un ami intime avec qui je sors pour prendre du bon temps et écouter de la salsa, mais je n’ai plus l’âge. Je suis à un stade où je suis plus proche de répondre à l’appel de Dieu qu’à autre chose. Des fois, j’ai envie de jouer quand j’assiste aux prestations de ma fille et elle me permet de jouer quelques morceaux pour les nostalgiques (Sakhar gui Yokhou ou Yaye Amy). Quand je sors, je suis joyeux, mais avec l’âge, ce n’est plus possible.
Est-ce que cela veut dire que vous êtes en train de faire votre dernier album, si on peut l’appeler ainsi ?
Oui, oui ! et je dirais que c’est un rétro pas un album. D’ailleurs, je me pose la question de savoir si je vais le faire. Je ne sais pas encore.
Comment jugez-vous ceux qui chantent toujours avec leur fils sur la même scène musicale ?
Cela dépend des visions. Il y en a qui vont se retirer et d’autres pas. Je suis venu dans la musique en tant qu’artiste et musicien avant-gardiste. C’est ce qui m’a amené à faire de la musique avec l’aide d’un de mes grands-frères qui n’est plus de ce monde. Ma vision dans la musique a toujours été de parler des maux du peuple, d’être proche du peuple et de défendre la cause du peuple. J’ai toujours dit que le rôle du musicien, ce n’est pas de faire danser les gens. Je crois que l’Afrique ne dot plus continuer à danser. La danse est trop belle, c’est notre culture, c’est la base de tout, mais quand ele vire à la déchéance, ça n’a plus de sens. On en est à un stade où les jeunes parlent de Lutte Musique Danse (LMD). «Na goore, Na jigeene» ça n’a aucun sens. Je précise que c’est mon opinion. Encore une fois, c’est ma vision. Il y a des gens qui ne le verront pas comme ça, je le leur concède. Pour me retirer et laisser Adji faire son chemin, cela n’a aucun problème. Même si elle sait comment je vois la musique, elle veut faire son temps. Certainement, elle s’est dit que la révolution ne m’a pas porté chance (rires)…Mais je ne discute pas avec elle sur ce point.
Est-ce qu’il y a des artistes qui ont pris votre flambeau dans le style musical ?
Quand je vois un jeune comme Carlou D, je suis fier, parce qu’il sait danser et il sait chanter. On s’est vu récemment, lors des obsèques de son père, j’ai tenu à l’encourager et lui dire qu’il lui reste encore des choses à réaliser. Je vois en lui mon héritier, parce qu’aussi, il a un look de roots et chante comme un roots, ce que je faisais d’ailleurs. Chez les femmes, je vois plus Amy Collé. C’est une très grande chanteuse, mais l’Afrique à ses mystères. Elle est la Souleymane Faye des femmes de la musique sénégalaise. Elle peut faire ce qu’elle veut avec sa voix. Je suis sûr que si elle avait un peu d’aide, elle irait loin. A part elle, il y a Titi, elle chante très bien. Viviane, c’est ma fille et elle est très soft et elle n’est pas cantatrice comme Adiouza, raison pour laquelle elles peuvent se produire à l’international. Aida aussi est très bien…Queen, c’est une œuvre d’art, elle a sa façon de faire. Elle a son propre style qui lui réussit très bien.
Que pensez-vous de ceux qui font le buzz pour vendre leur album ou leur single ?
Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum disait qu’il vaut mieux ressembler à son époque que ressembler à son père. Quand on montre une femme nue, chaque homme veut regarder, mais quand on montre un artiste qui relate son parcours en disant qu’il a fait le conservatoire…, ça n’intéresse personne. Chacun avec son époque. Les gens disent que les jeunes ne chantent pas, je dis non, ils s’adaptent selon l’époque. Ils ne chantent pas des thèmes importants. Mais «Yaako ubi, Yaako…», c’est n’importe quoi.
Musicalement, comment jugez-vous les musiciens d’aujourd’hui ?
Les instrumentistes d’aujourd’hui sont beaucoup plus performants que les anciens. Le seul souci, c’est que les jeunes sont pressés. Après, c’est trop de bruit et ce n’est pas consommable sur le plan international. Quelqu’un comme Baba Hamdy doit continuer à former les jeunes, sinon ce sera très compliqué.
Êtes-vous fier de la musique sénégalaise ?
Je suis fier de la musique aujourd’hui, parce que des gens y ont gagné leur vie. Comme Youssou Ndour, Ismaïla Lo, Baaba Maal… Youssou Ndour a réussi sa vie par la musique, quoi qu’on puisse lui dire, il a réussi. Le fait de voir beaucoup de filles chanter, c’est une fierté. Viviane qui joue au Zénith, c’est une fierté ! Il y a tant d’autres. Ce qui reste juste, c’est adapter leur mélodie sur le plan international.
Quel a été votre plus grand regret ?
Mon plus grand regret, c’est que je n’ai pas pu avoir mon école musicale, pourtant je l’avais dit à Abdoulaye Wade depuis 1988. Je voulais autre chose dans la musique, pas ce que je vois actuellement. L’idée que j’avais de la musique, je ne l’ai pas réalisée.
Sidy Djimby NDAO et Samba THIAM