Pour annoncer sa démission de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), Aliou Sall a choisi la mairie de la Ville de Guédiawaye, en présence de ses militants politiques et de ses agents. Conséquence, ces derniers se sont opposés à son entrée à la mairie, pour protester contre toute décision de démission. Ainsi, en dépit de la présence policière, le frère du Président a tout simplement rebroussé chemin.
La conférence de presse annoncée par le maire de la Ville de Guédiawaye, Aliou Sall, dans l’enceinte de la mairie, n'a finalement pas eu lieu. Le décor était pourtant planté, avec un chapiteau installé à l’esplanade de la mairie. Cependant, quelques militants (jeunes et femmes), des communicateurs traditionnels - flagorneurs à souhait du frère du Président - ainsi que des agents de la mairie ont fait office de bouclier pour apporter leur soutien à Aliou Sall, d’une part et, d’autre part, pour s’opposer à toute déclaration de démission de celui-ci. Ces inconditionnels ont commencé à se faire entendre avant l’arrivée du maire. Munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Aliou Sall, les agents disent non à la démission du maire», «Pas de démission de la mairie», «Guédiawaye soutient son maire», ou encore «Aliou Sall reste».
En plus de ces inscriptions, les militants scandaient le nom de leur maire pour qu’il reste. C’est dans cette ambiance que le véhicule de Aliou Sall est arrivé à la devanture de la mairie de Guédiawaye. Mais, le maire de la Ville n’a pu franchir le portail de cette institution, sous le seul prétexte que des militants ont pris d’assaut le cortège du maire pour le contraindre à rebrousser chemin. Ce qui fut fait sans grande peine, avec le regard complice des forces de l’ordre, qui ont déployé deux véhicules pour assurer la sécurité du maire de cette localité.
Les limiers ne pouvaient-ils pas encadrer le désormais ex patron de la Cdc, pour qu’il accède à sa mairie ? Quid des gros bras qui ont escorté le cortège du maire et qui pouvaient tenir en respect ces manifestants ? Aucun acte n’a été posé pour permettre à la délégation de Aliou Sall, renforcée par la présence du Directeur du Soleil, Yakham Mbaye, d’accéder à la mairie. De leur côté, les militants ont continué à jubiler. «Aliou Sall a été élu par la population de Guédiawaye et s’il doit démissionner, il doit d’abord nous écouter», a lancé un jeune inconditionnel du frère du Président, qui ne cherche pas à faire la distinction entre une démission de la Cdc et une démission de la mairie de Guédiawaye. Une dame de s’inscrire dans cette dynamique : «avant de prendre une quelconque décision, Aliou Sall doit aviser la population de Guédiawaye. Ce n’est pas Macky Sall qui l'a élu», renchérit-elle.
Coup de comm ?
Cependant, au-delà de cette démonstration de sympathie, force est de constater que cet accueil s’apparente plus à un coup de communication, aux allures de mise en scène qu’à une volonté de refuser l’accès à la mairie au tout-puissant frère du Président. En effet, tout porte à croire que cette théâtralisation de ce qui devait être un simple acte de démission n’est pas fortuite. Si le maire Aliou Sall voulait faire face à la presse, ce ne sont pas ces deux pelés et trois tondus qui peuvent l'en dissuader. De plus, pour une démission de la Cdc, force est de reconnaître qu’il pouvait le faire ailleurs, au lieu de convier sa base politique à la mairie de Guédiawaye. N’est-ce pas l’effet recherché, à travers ce scénario ?
M. CISS