L’Afrique va bientôt inaugurer sa zone de libre-échange. Les chefs d'État des pays membres de l'Union africaine se sont réunis dimanche et lundi à Niamey pour un sommet principalement consacré à la Zone de libre échange économique africaine(Zlecaf) dont le siège sera abrité par le Ghana. Pourtant, même si le palais n’y a pas communiqué pour le moment, le Sénégal était candidat pour abriter le siège de l’organisation. Dakar a dû retirer sa candidature au dernier moment pour des raisons qu’on ne sait pas encore.
Ça y est ! on y est presque. Sauf extraordinaire, l’Afrique aura sa Zone de libre-échange continentale dans les prochaines semaines. Dimanche, en marge du sommet de l’Union africaine, le Nigeria et le Bénin, deux des pays qui n’avaient pas encore signé l’accord, ont adhéré à la Zone de libre échange économique africaine(Zlecaf). Les deux pays ont signé lors de l’ouverture du sommet de l’Union africaine ce dimanche à Niamey. Ce qui fait que pour le moment, seule l’Érythrée manque encore à l’appel.
Mais, à l’image de toutes les grandes institutions internationales, la Zone de libre-échange continentale a également été l’objet de vives tractations diplomatiques, notamment sur le choix de la ville devant accueillir son siège. À l’arrivée, c’est le Ghana qui a été désigné pour abriter le siège du secrétariat de la Zone de Libre-échange économique africaine (Zlecaf).
La candidature du Ghana pour abriter le secrétariat de la Zlecaf a été validée vendredi à Niamey par le Conseil exécutif de l'Union Africaine (UA). La décision a été approuvée hier par les chefs d’État et de gouvernement de l’UA dans la capitale nigérienne. Selon Seidik Abba, un journaliste et analyste de l’actualité africaine, le choix d’Accra par le Conseil exécutif de l’UA comme le siège de la Zlecaf est un clin d’œil à l’histoire de l’Afrique, car Kwame Nkrumah, le premier président du Ghana, s’était tant battu pour l’unité continentale.
L’Égypte, le Kenya, le Sénégal, Madagascar et Eswatini (ex-Swaziland) étaient candidats. Seulement, Dakar, pour des raisons qu’on ignore, a décidé de jeter l’éponge à un moment donné de la course. Une abdication en faveur du voisin en Afrique de l’Ouest : le Ghana. En effet, même si la présidence de la République du Sénégal n’a jamais communiqué sur la candidature du Sénégal, des informations en notre possession rapportent que Dakar était bel et bien sur la ligne de départ de la course pour accueillir le siège de la plus grande zone de libre-échange au monde.
Le Président ghanéen Akufo-Addo exprime sa gratitude au Président sénégalais Macky Sall
Seulement, face au lobbying intense d’Accra, porté par le très charismatique président Nana Akufo-Addo, Dakar ne pouvait plus rien faire. C’est ainsi que le Sénégal a décidé de retirer sa candidature pour soutenir celle du Ghana. «Le Président Akufo-Addo a exprimé sa gratitude au président du Sénégal Macky Sall, pour avoir retiré la candidature du Sénégal en faveur du Ghana», nous dit source une basée à Accra.
Le problème dans cette affaire, ce n’est pas le fait que le Sénégal ait décidé de retirer sa candidature en faveur d’un pays «ami et frère» comme le Ghana. Les relations entre les États sont souvent source de concessions, compromis et même compromissions selon les intérêts du moment. Le problème, c’est l’absence de communication sur la candidature du Sénégal.
Dans les autres pays, quand on veut candidater à quelque chose, une large communication est faite des mois avant l’échéance. Le Ghana, par exemple, a depuis longtemps fait savoir à sa population d’abord et aux autres Africains qu’il voulait accueillir le siège de la Zlecaf. «Les Ghanéens ont été les premiers à adhérer au projet. Cela a peut-être aussi joué sur la victoire du Ghana», a ajouté notre source.
Sidy Djimby NDAO