baie de hann-zone de captage, Une canalisation charriant son contenu dans la mer
Pendant plus de dix ans, les reporters photographes Cheikh Tidiane Ndiaye (Les Echos) et Abdou Cissé (Le Quotidien) ont longé la baie de Hann jusqu’à Mbao pour retracer les origines de pollution de cette baie et ses conséquences sur l’environnement, la santé et la pêche. Ce sont plus de 60 tableaux qui ont été exposés hier au Parc forestier et zoologique de Hann pour retracer des années de pollution, en partanariat avec Open Society Initiative for West Africa (Osiwa).
S’il y a la communication par les mots, les reporters photographes, en l’occurrence Cheikh Tidiane Ndiaye (Les Echos) et Abdou Cissé (Le Quotidien), ont décidé de communiquer par l’image pour retracer les formes et sources de pollution de la baie de Hann, à travers une exposition au Parc forestier et zoologique éponyme, lieu de conservation de la biodiversité. Et, c’est plus de 60 tableaux qui retracent, outre les sources de pollution, la dégradation de la baie, les responsabilités des uns et des autres, les conséquences sur l’environnement, la santé humaine, mais aussi, sur la pêche. En effet, il a fallu dix longues années au duo pour réaliser cette documentation en longeant la baie de Hann jusqu’à à Mbao ; l’objectif fixé sur la dégradation de cet écosystème. Ainsi, le résultat se passe de commentaire avec des tableaux qui «parlent». Des tableaux qui retracent toutes ces eaux usées domestiques et industrielles et des déchets de toutes sortes qui finissent à la baie de Hann. Des eaux usées qui proviennent de Colobane et des Hlm 1 à 6 à travers le canal 6 ; le bassin de rétention de la zone de captage, les bassins de rétention de Dalifort ; les usines de Mbao et leurs produits toxiques, les abattoirs de la Sogas qui déversent du sang dans la mer ainsi que des eaux usées et des amas de cornes, entre autres. A ce cocktail explosif, s’ajoutent les fosses septiques des riverains qui se déversent dans la mer, les immondices composées de déchets de toutes sortes (carcasses d’animaux, pneus, matières plastiques, etc.). Cependant, c’est sur cette plage repoussante et les eaux répugnantes que les enfants des riverains jouent en toute inconscience. L’érosion côtière est aussi mise en exergue et la cohabitation dangereuse entre les habitations, les industries chimiques et la mer.
Cette exposition vise à alerter et à sensibiliser…
L’un des acteurs de cette initiative, en l’occurrence Cheikh Tidiane Ndiaye, reporter photographe au journal «Les Echos», est revenu sur cette forme simple et efficace de communiquer, mais aussi de sensibiliser sur la pollution de la baie de Hann. La baie de Hann, dit-il, faisait partie des plus belles baies au monde, malheureusement, c’est avec le cœur meurtri qu’on regarde, aujourd’hui, cette plage. Revenant sur le projet, il rappelle qu’il longeait la baie de Hann pour prendre des photos. Abdou Cissé, de son côté, faisait pareil. Le hasard faisant bien les choses, ils se sont rencontrés un jour sur la baie de Hann. C’est ainsi qu’ils ont décidé de travailler ensemble sur ce projet de pollution de la baie. Pendant plus de dix ans, dit-il, ils ont longé ensemble la plage et les endroits où provenait la pollution. «Cette exposition vise à alerter les autorités, mais aussi à sensibiliser la population, notamment les élèves. Car si la baie de Hann est polluée, la responsabilité de la population est engagée. Mais aussi, la responsabilité des usines et de l’Etat chargé de protéger cet écosystème. L’Etat doit prendre ses responsabilités d’autant plus qu’il a engagé des travaux de dépollution de la baie. Si ce n’est pas le cas, la baie risque, après la dépollution, de retrouver ce visage hideux qu’elle présente», fait remarquer Cheikh Ndiaye qui souhaite montrer ces tableaux à tous les élèves qui habitent le long de la baie.
Installation d’une conscience éco citoyenne
De son côté, le commandant Momar Sèye, Directeur du Parc forestier et zoologique de Hann et représentant du ministre de l’Environnement et du Développement durable, s’est réjoui de l’initiative des reporters photographes. «Cette exposition retrace plusieurs années de pollution de la baie de Hann dont l’objectif principal est de sensibiliser sur les conséquences désastreuses que peuvent avoir certains de nos comportements sur l’environnement», a d’emblée indiqué le commandant Sèye qui rappelle que le thème abordé dans cette exposition figure parmi les problématiques qui préoccupent le ministre de l’Environnement. «Votre travail contribue de façon sensible à l’installation d’une conscience éco citoyenne au niveau des populations en général et des jeunes en particulier et cette conscience éco citoyenne est nécessaire si nous voulons faire face aux défis environnementaux présents et futurs», ajoute le directeur du Parc. Le Directeur de l’Onas, Babacar Mbaye, s’est félicité de cette initiative qui, à l’en croire, est une contribution aux préoccupations, non seulement des riverains, mais de toute la population du Sénégal, car la baie de Hann est un patrimoine au niveau national. «Ce travail est un support, un référentiel pour l’Onas chargé des travaux de la dépollution de la baie de Hann, mais aussi pour l’Etat du Sénégal. Ils l’ont fait pour l’Etat, c’est une question de citoyenneté», dit-il, avant d’inviter à délocaliser cette exposition au niveau des écoles pour que les élèves puissent regarder ces tableaux. Il a profité de cette occasion pour révéler que le lot 1 des travaux de dépollution a démarré et le lot 2 qui concerne les travaux d’épuration a été attribué. A l’en croire, le projet de dépollution de la baie sera réceptionné en 2024.
M. CISS