Trainé devant la barre des flagrants délits de Dakar hier, pour viol et profanation d’un lieu de culte, le marabout Abdou Lakhat Diop a été purement et simplement relaxé. Il lui était reproché d’avoir couché avec son élève Marième Faye dans son daara qui se trouve dans une mosquée à Niary Tally. Ce, avant qu’elle ne tombe enceinte.
Entre le maître coranique Abdou Lakhat Diop et Marième Faye, il était juste question tout au début de dispenser des cours de Coran à la demoiselle. Cependant, durant les 2 années qu'il a eu à lui enseigner le Coran, ils se sont liés d'amitié et ont fini par nouer une relation amoureuse. Et au cours de cette idylle, ils ont entretenu des rapports sexuels à l'issue desquels est née une grossesse. Marième Faye ayant attribué la paternité de sa grossesse à son maître coranique, ce dernier a été écroué pour viol et profanation d'un lieu de culte.
Interrogé lors de l'enquête préliminaire, Abdou Lakhat Diop avait reconnu avoir couché avec son élève dans la mosquée qui abrite son daara à Ouagou-Niayes, plus précisément à Niary-Tally. Et devant la barre des flagrants délits de Dakar, où il a été attrait hier, le marabout Abdou Lakhat Diop a avoué au juge que Marième Faye était sa copine et qu’ils ont été en couple 9 mois durant. Réfutant avec énergie le délit de viol, ce célibataire âgé de 33 ans donne sa version. «Je confirme que je lui donnais des cours de Coran au daara Massalikul Jinaan de Ouagou-Niayes, dans mon quartier. Et nous avons eu des relations sexuelles dans le daara, mais je ne l'ai jamais forcée. Toutefois, je sais qu'elle est en état de grossesse et j'accepte la paternité de l’enfant», a déclaré Abdou Lakhat Diop, qui pourtant lors de l’enquête préliminaire avait nié avoir eu des rapports sexuels avec sa petite-amie sur un fauteuil marron qui se trouvait au daara sis dans la mosquée. «Je n'ai jamais couché avec elle dans la mosquée. Et ce n’est même pas une mosquée mais une maison que le propriétaire a baptisée Massalikul Jinaan», a précisé le marabout.
Absente à l’audience, Marième Faye avait sur procès-verbal d’enquête donné sa version des faits. Selon ses déclarations consignées, le marabout lui aurait remis des potions magiques. Et c’est lorsqu'elle les a prises qu’elle a perdu toute lucidité. C’est sur ces entrefaites que Abdou Lakhat Diop a profité de son inconscience pour la violer. «J’ai couché avec lui sur un fauteuil marron à l'intérieur de la mosquée qui abrite un daara. On était en couple et nous envisagions de nous marier», soutient la résidente de la Médina.
Le procureur écarte le délit de viol mais retient le délit de profanation d’un lieu de culte
Faisant ses réquisitions, la représentante du ministère public, Adji Fatou Diouf, a sollicité la relaxe du marabout concernant l’infraction de viol. Et pour le délit de profanation d’un lieu de culte, la parquetière confirme sa constance et sollicite qu’il soit condamné à 3 mois d’emprisonnement ferme. «Ce délit est établi parce la victime soulignait qu'ils ont eu à coucher dans la daara à Massalikul Jinaan 2 de Ouagou-Niayes sur un canapé», lance-t-elle. Défendant les intérêts de Abdou Lakhat Diop, Me Iba Mar Diop a demandé au tribunal de renvoyer son client des fins de la poursuite sans peines, ni dépens. Chose que le juge a faite, car il l’a purement et simplement relaxé de tous les chefs.
Fatou D. DIONE