Le classement mondial du top 500 des meilleures universités au titre de l’année 2020 a été dévoilé par le «Time Higher Education». Et le moins que l’on puisse dire est que les universités sénégalaises ne font pas partie des meilleures au monde. Qu’elle soit privée et publique.
Lorsque la seule et unique préoccupation des pouvoirs publics réside dans la gestion des flux d’étudiants, il est clair que les conséquences ne peuvent être que négatives sur l’apport scientifique de l’université. C’est le moins que l’on puisse dire, lorsque l’on relève l’absence totale, ce depuis de longues années, du Sénégal dans les différents classements internationaux concernant les meilleures universités dans le monde et sur le continent africain, y compris pour l’année 2020. C’est d’ailleurs sans surprise que le classement mondial 2019 du World University Ranking (WUR) ne mentionne nullement le Sénégal dans son listing. Pis, notre pays ne figure pas, non plus, dans le classement des meilleures universités d’Afrique, où l’on retrouve pourtant la Tunisie, l’Égypte, l’Afrique du Sud et même le Nigeria.
Le classement des 1.400 universités se base sur 13 indicateurs de performance soigneusement calibrés, qui mesurent la performance d’un établissement à travers notamment l’enseignement, la recherche, le transfert de connaissances et les perspectives internationales, le ratio étudiants-professeurs, les publications scientifiques, le ratio de professeurs internationaux et le ratio d'étudiants internationaux.
L’absence du Sénégal dans ce classement pourrait s’expliquer par un manque de structuration de la recherche, qui est un grand problème dans l’enseignement supérieur.
LES 13 MEILLEURES UNIVERSITES AFRICAINES SONT EN EGYPTE ET EN AFRIQUE DU SUD
L'Université du Cap est la première institution du continent. Avec une progression de deux places, elle se classe à la 198e position mondiale. La deuxième place continentale revient à l’Université américaine du Caire, en Égypte, qui fait une progression de 25 places au classement mondial (395e). C’est l’Université de Witwatersrand d’Afrique du Sud qui complète le trio de tête en occupant la 400e place mondiale.
La performance africaine est en baisse, par rapport au dernier classement de 2019, où le continent comptait 17 institutions. En effet, quatre établissements ont été évincés du classement. Il s’agit des universités d’Al Akhawayn du Maroc, d’Al Azhar d’Égypte, du Nord-Ouest en Afrique du Sud et de Nairobi au Kenya.
LES ÉTATS-UNIS ET LE ROYAUME-UNI EN TETE DU CLASSEMENT
Encore une fois, les États-Unis sont extrêmement bien représentés parmi l’élite mondiale aux côtés du Royaume-Uni. L’Université d’Oxford occupe la première place du classement pour la quatrième année consécutive, tandis que le California Institute of Technology grimpe de trois points pour occuper la deuxième place. L’Université de Cambridge, quant à elle, passe au troisième rang, tandis que Stanford, Yale, Harvard et Imperial College London figurent tous parmi les dix premières.
De son côté, la Chine continentale regroupe désormais les deux meilleures universités d’Asie, à savoir celles de Tsinghua et de Pékin, qui se classent respectivement aux 23e et 24e places.
En Europe, les plus grandes universités italiennes se classent parmi les 200 premières tandis que la représentation allemande reste forte. Cette année, 23 universités allemandes figurent parmi les 200 meilleures universités au monde, contre 20 en 2016. La note globale moyenne de ces établissements est passée de 58,9 à 60,8 sur 100 au cours de la même période. La France occupe la 32ème place avec l'École Polytechnique qui est première dans l’Hexagone. Alors que l'université de la Sorbonne se positionne au 36ème rang et devance l'école normale supérieure qui est en 43ème position.
Khadidjatou DIAKHATE
cCréer PR ALIOU SOW, ANCIEN MINISTRE
«Il faut supprimer les indemnités de recherche du bulletin de salaire de ceux qui ne produisent rien pendant 2 ou 3 ans»
Suite à la publication du rapport, l’ancien ministre de la Jeunesse n’a pas manqué de réagir. Pour ce dernier, l'avenir d'un pays dépend de la qualité de son école et du niveau de sa recherche et il faudrait penser à créer au Sénégal une nouvelle université d'excellence entièrement bilingue (anglais-français), avec des enseignants, des étudiants et des personnels administratifs, techniques et de services totalement bilingues.
La recherche est indispensable pour une université. C’est la conviction du Pr Aliou Sow. Pour lui, il est inconcevable de dépenser énormément de l’argent pour des recherches, alors que rien n’est produit annuellement. «Pourquoi ne reformons-nous pas nos textes en vue de prévoir l'exclusion des enseignants-chercheurs et des chercheurs qui n'avancent pas pendant une certaine durée bien précise ? La théorie du "Publish or perish" (publier ou périr) doit être appliquée. À défaut, il faut supprimer les indemnités de recherche du bulletin de salaire de ceux qui ne produisent rien pendant 2 ou 3 ans. Au nom de quoi continuer à financer des voyages d'études de certains qui n'aboutissent à rien du tout ?», questionne-t-il.
Beaucoup de questions méritent d’être posées pour essayer de comprendre pourquoi le Sénégal ne dispose pas d’université performante, d’après l’ancien ministre. Et pour Pr Aliou Sow, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a beaucoup de limites et il faudrait trouver des solutions.
Pour les heures complémentaires, il faut interdire qu'un enseignant-chercheur ou un chercheur puisse avoir plus que le double de ses charges horaires réglementaires. À la place, il faut recruter des assistants. «Pour les écoles privées du supérieur qui s'aventurent à créer des écoles doctorales, les autorités compétentes ne doivent plus laisser passer aucune négligence ou violation flagrante des textes en vigueur. "Vendre du savoir" n'est pas vendre du "fëgg jaay" au "louma". C'est scandaleux de voir un assistant titulaire du doctorat de troisième cycle diriger une école doctorale dans un institut qui se dit respecté. C'est une tragique farce que de laisser des étudiants soutenir des thèses dans de telles conditions d'une légèreté insultante. Il faut nécessairement créer au Sénégal une nouvelle université d'excellence entièrement bilingue (anglais-français) avec des enseignants, des étudiants et des personnels administratifs, techniques et de services totalement bilingues», laisse-t-il entendre.
Avant de poursuivre : «il devient urgent de respecter une exigence de la réforme LMD : assurer systématiquement l'enseignement de l'anglais et de l'informatique avec des équipements adéquats. Arrêtons le bricolage. Ne pas publier en anglais, c'est se mettre en marge du classement mondial des universités. Arrêtons de brandir des rangs discutables parmi les universités francophones».
Khadidjatou DIAKHATE