Le maire de Mermoz-Sacré Cœur Barthélemy Dias a annoncé une série de plaintes contre le ministère de l’Intérieur, le Directeur de l’Automatisation des fichiers (Daf) et le Directeur général des Elections. Ces derniers sont coupables à ses yeux d’avoir tripatouillé l’état-civil pour faire voter des personnes virtuelles. Une révélation faite lors de la conférence de presse de restitution des «preuves» qui ont permis au président sortant de passer au premier tour de la dernière présidentielle.
Depuis la proclamation des résultats de la présidentielle du 24 février dernier, Barthélemy Dias, s’est évertué à rassembler les «preuves» de ce qu’il considère comme une fraude à grande échelle ayant abouti à la réélection du Président Macky Sall. «Il est le premier responsable du coup d’Etat institutionnel et électoral, qui s’est fait avec la complicité des institutions de la République qui ont manqué aux devoirs de leur charge. Il s’agit du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême, de la Direction de l’Automatisation des fichiers (Daf), de la Commission électorale nationale autonome (Cena), de la Direction générale des Élections, du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra)…», indique d’emblée Barthélemy Dias, qui faisait face à la presse, ce samedi. Si le Président sortant a toujours refusé de mettre à la disposition de l’opposition le fichier électoral, c’est, jure Barthélemy Dias, pour multiplier les anomalies dans toutes les circonscriptions électorales. «Ces anomalies lui ont permis d’insérer dans le fichier électoral près d’un million d’électeurs fictifs, car, n’ayant pas d’actes d’état-civil valables», ajoute le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Dans cette dynamique, il révèle que l’état-civil de sa commune d’arrondissement n’a pas échappé à ces tripatouillages relevés dans le fichier électoral.
L’état-civil d’un garçon d’un an attribué à un électeur
En effet, dans cette logique de gonfler le fichier avec des électeurs fictifs, Barthélemy Dias a décelé un numéro d’identification nationale qui correspond aux données de l’état-civil d’un garçon d’un an, en l’occurrence C. A. M. Sall, déclaré dans sa commune le 30 mars 2018. «Ce qui est inadmissible», se désole-t-il. Brandissant la copie d’acte de naissance de l’enfant, Dias fils d’indiquer que le numéro d’identification 1 998 2018 00093 attribué à un électeur appartient au petit C. A. M Sall, avant de se désoler de constater que quelqu’un a voté à sa place. «Le ministre de l’Intérieur a fait une pièce d’identité avec le numéro d’identification de cet enfant», jure Barthélemy Dias, qui annonce une plainte contre le ministère de l’Intérieur, le directeur de l’Automatisation des fichiers (Daf) et contre le Directeur général des Élections. «Lorsqu’on s’amuse à tripatouiller l’état-civil, ça devient du grand banditisme d’Etat», martèle le conférencier, avant de trancher le débat : «ce qui s’est passé, c’est du vol, c’est de la triche. Et, la place d’un voleur, c’est la prison. Nous avons à la tête de ce pays des voleurs et des tricheurs, qui veulent nous faire croire qu’ils ont gagné l’élection présidentielle au premier tour», fait remarquer le maire de Mermoz-Sacré Cœur.
Moussa CISS
REELECTION DU PRESIDENT MACKY SALL
Barthélemy Dias met à nu les irrégularités du fichier électoral
Si le Président Macky Sall a été réélu dès le premier tour, c’est en grande partie grâce aux multiples irrégularités perpétrées sur le fichier électoral et qui ont permis de le gonfler par centaines de milliers d’électeurs fictifs. Du moins, c’est l’avis du maire de Mermoz-Sacré Cœur, qui est revenu, face à la presse, sur les sept points qui justifient cette fraude à grande échelle.
Comme des chefs d’inculpation, le maire de Mermoz-Sacré Cœur est revenu sur les irrégularités relevées suite à l’audit du fichier électoral. Parmi ces procédés mis en place, Barthélemy Dias liste d’emblée l’établissement des cartes d’identité sur la base de pièces d’état-civil inexistantes. Sur cette base, de fausses pièces d’identité ont été produites. Un autre cas de tripatouillage découle des numéros de carte d’identité antérieurs à la création du centre d’état-civil.
Inscription massive d’électeurs par audience foraine et les doublons
Poursuivant, le maire de Mermoz-Sacré Cœur estime que les audiences foraines constituent également un prétexte pour gonfler l’électorat dans certains départements. C’est le cas, informe-t-il, de la commune de Boké Dialoubé, fief de l’ancien ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. Cette commune a enregistré, à l’en croire, 381 inscriptions par audience foraine en 2013, 533 en 2014, 929 en 2015, 204 en 2016 et 874 en 2017, soit un total de 2921 cas en cinq ans. Ce qui est impossible, selon Barthélemy Dias, car le tribunal départemental de Podor ne peut traiter de tous ces cas dans une des 22 communes du département de Podor en cinq ans. Sans compter les cas de doublons qui, de l’avis de Barthélemy Dias, ont été orchestrés par la Direction de l’Automatisation des Fichiers (Daf). Dans ce cas précis, le numéro d’identification national qui est de 13 chiffres passe à 14 avec l’ajout du chiffre 2. «Et, ces électeurs à 14 chiffres sont au nombre de 155.248 dans le fichier électoral. C’est le cas des électeurs Y. Sy et A. Wone, qui sont nés à Podor et qui détiennent le même acte d’état-civil. Idem pour M. Pam et A. Sow de Agnam. C’est compréhensible d’avoir 100% dans cette localité, étant donné que les moutons et les poules ont voté», se désole Dias-fils. En outre, il existe dans le fichier des électeurs avec le lieu de naissance Sénégal alors que le lieu de naissance doit être une ville.
Attitude d’unité et de conquête du pouvoir
Après avoir dessiné les contours de cette fraude électorale, Barthélemy Dias estime que l’homme qui va prêter serment le 2 avril n’est pas le chef de l’Etat, mais un Président élu sur la base d’un hold-up électoral, avec la complicité des plus hauts magistrats et des institutions qui ont la charge d’organiser un scrutin équitable et viable. C’est pourquoi il a décidé d’envoyer ces preuves du hold-up à l’Union des magistrats sénégalais, à Amnesty International, à la Raddho, au Forum civil et à toutes les autres organisations de défense des droits de l’homme. Pour remédier à cette situation, Barthélemy Dias invite l’opposition à avoir «une attitude de lutte, d’unité et de conquête du pouvoir par tous les moyens légaux et républicains. Si tel n’est pas le cas, indique-t-il, plus personne ne gagnera d’élection dans ce pays si ce n’est le camp du pouvoir.
Moussa CISS