Ce sont des candidats déterminés et prêts à aller au front qui se sont adressés aux Sénégalais, hier, pour alerter, avertir et menacer. Idrissa Seck et Ousmane Sonko ont, en effet, coanimé une conférence de presse pour dire à qui veut les entendre qu’un second tour est inévitable après ce scrutin de dimanche et que si Macky Sall compte outrepasser la volonté du peuple, il devra leur faire face.
Ils sont les deux candidats de l’opposition qui ont pu faire bonne figure lors de la présidentielle d’hier. Et Idrissa Seck et Ousmane Sonko ne comptent pas abandonner le combat. Au contraire, les deux candidats qui se sont voulu responsables en décidant de ne pas proclamer de résultats à la place des organes habilités, ont tout de même tenu à alerter, avertir et même menacer, quant à toute tentative de confiscation de la volonté du peuple. Indiquant que les premiers résultats qu’ils ont compilés au niveau de leur quartier général prouvent que les scores de l’opposition réunis sont largement supérieurs à celui de la majorité présidentielle, Idrissa Seck a indiqué qu’un second tour s’annonce. «Nous nous sommes abstenus de proclamer quelque résultat que ce soit et nous avons constaté que certains organes de presse, y compris la presse étrangère, se sont arrogé le droit de proclamer des résultats de premier tour totalement inacceptables. Aucune instance habilitée à donner des résultats ne s’est encore réunie. Nous sommes donc venus dire, avec clarté et fermeté qu’à ce stade, un second tour s’annonce et les résultats qui sont déjà compilés nous permettent de leur dire», a-t-il déclaré.
Avant de préciser qu’ils ne donneront pas d’indication et invitent tout le monde à observer la même responsabilité. Mais déjà, il avertit : «c’est exposer la stabilité du Sénégal à des risques très graves et irréparables que de précipiter sous la pression du président sortant, des résultats préfabriqués. Nous ne l’accepterons pas, le peuple sénégalais ne l’acceptera pas».
Ainsi, l’ancien Premier ministre invite l’État et l’ensemble des organes de presse qui semblent être à leur service à observer le même sens des responsabilités. «Nous ne permettrons pas que le président sortant confisque la volonté populaire. Nous invitons toutes les populations à rester mobilisées, à être vigilantes au regard des tentatives de manipulation. Et surtout, nous les invitons à soigneusement préparer le second tour dont l’issue nous sera favorable», a alerté le candidat de la coalition «Idy 2019».
Ousmane Sonko attaque Gfm, 2s Tv et des organes français
Plus déterminé, peut-être, à cause de sa «fougue de jeunesse», Ousmane Sonko prévient quant à toute violation de la loi. «A l’état actuel du dépouillement, aucun candidat, moi y compris, ne peut se proclamer vainqueur de cette élection. Au-delà, il y a une organisation établie qui assure la responsabilité de la proclamation des résultats», explique le leader de Pastef. Qui précise qu’en dehors de ces organes, aucun Sénégalais, fut-il candidat, n’est habilité à proclamer des résultats, a fortiori, la presse. «Mais il se trouve qu’il y a une certaine presse, pour être précis, le Groupe futurs médias, la 2Stv et deux ou trois organes qui, depuis 18 heures, transmettent de manière tendancieuse des résultats pour préparer l’opinion à l’annonce d’une victoire du candidat Macky Sall. Cela est inacceptable. Que des groupes de presse soient des tribunes ouvertes, à longueur d’année, à des gens qui se permettent d’insulter les autres, ça passe encore. Mais une élection présidentielle, c’est extrêmement sérieux. Et dans d’autres pays, le comportement irresponsable d’organes de presse a pu conduire à des situations irréparables», prévient-il, disant que c’est intolérable, quand il s’agit de la presse nationale et que ça l’est davantage, quand il s’agit de la presse internationale. «Nous n’acceptons aucune immixtion », dit-il à ce propos.
Appel aux forces de défense et de sécurité à être républicaines et à rester à équidistance des parties
Très en verve, Ousmane Sonko appelle à mettre fin à «cette dérive» «parce que le peuple ne l’acceptera pas, la jeunesse ne l’acceptera pas». «Nous appelons les forces de défense et de sécurité à être républicaines et à rester à équidistance des parties, puisque nous connaissons bien la pratique. C’est susciter des manifestations et mettre les candidats en prison».
Appel au peuple à refuser par tous les moyens nécessaires à la confiscation du pouvoir
Au-delà des forces de défense et de sécurité, le candidat de la coalition Sonko Président a fait appel au peuple à qui il demande de prendre ses responsabilités. «Nous appelons le peuple sénégalais à faire barrage, parce que ce qui est en jeu, c’est la confiscation de leur souveraineté. Donc, ce peuple doit faire barrage et par tous les moyens nécessaires à la confiscation du pouvoir par Macky Sall et son régime», a-t-il dit.
Sidy Djimby NDAO