Ousmane Sonko accuse toujours Macky Sall de s’être «fabriqué» une victoire lors de la présidentielle de février dernier. Et il ne boude guère son plaisir d’être sorti comme 3ème force avec 15% de voix ; un pourcentage qui, assure-t-il, aurait pu être beaucoup plus important si l’élection s’était passée dans les normes. Dans une interview publiée lundi par le journal espagnol «El Pais», le président de Pastef met au feu la politique et les grands projets du chef de l’Etat qui, dit-il, ignore les priorités du pays. Selon Sonko, le Sénégal est au bord de l’implosion du fait de la pauvreté, du chômage, du recul de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage.
Ousmane Sonko se met de plus en plus sur l’orbite international. Le leader du Pastef a en effet accordé une interview au journal espagnol «El Pais (le pays)», dans laquelle il réitère sa position de rejet des résultats de la présidentielle du février 2019. «Bien sûr que je ne les accepte pas, le Président Macky Sall a fabriqué une victoire technique bien avant l’élection, en manipulant le recensement et la distribution des cartes électorales», explique-t-il. Pour lui, si tout s’était passé dans les normes, il aurait pu faire un score beaucoup plus intéressant que ses 15%. «Dans des conditions normales, nous aurions atteint 25 ou 30%», soutient-il. Mais le président de Pastef est loin de bouder son plaisir d’avoir atteint un tel pourcentage. Et pour cause : «malgré tout, nous avons été fantastiques. C'était notre première présidentielle, avec un nouveau parti, des gens sans expérience et presque sans ressources».
«gouvernance scandaleuse et le manque de patriotisme» du Président»
Interpellé sur sa non-participation au dialogue national, Sonko ne voit aucune pertinence à prendre part à de tels échanges. «Quel est l’intérêt ? Un dialogue national est nécessaire après une guerre civile ou en raison d'un grave danger. Or ici, le seul risque est l'incompétence, la gouvernance scandaleuse et le manque de patriotisme du Président, qui veut maintenant partager la responsabilité de la hausse des prix, de la situation économique désastreuse, de l'endettement explosif et de l'instrumentalisation de la justice». Dénonçant l’impertinence des politiques publiques et des gros projets, au moment où tout va mal dans le pays, l’opposant embraye : «ce pays est au bord de l'implosion et le gouvernement est orienté vers des investissements non prioritaires, comme un train de 38 kilomètres ou une frénésie routière, alors qu'il n'y a pas d'emploi, la pauvreté est endémique et l'agriculture, l'élevage et la pêche sont coulés. Voilà le danger», martèle-t-il.
«nous grandissons pour les autres»
Et l’ancien inspecteur des impôts et domaines ne veut surtout pas qu’on lui parle de croissance. «De quelle croissance parle-t-on, qui en profite, d'où vient-elle ? 80% de notre économie est entre des mains étrangères, nous grandissons pour les autres. Même si nous atteignons 20%, cela n'aidera pas, cela ne résoudra pas la pauvreté ou le chômage, cela ne réglera pas les problèmes de l'Afrique», dénonce-t-il. Pour lui, la solution pour le Sénégal et les autres pays africains, est de «miser sur une mobilisation endogène de nos ressources et nous concentrer sur nos véritables priorités, comme l'éducation ou la santé». Et ce doit être les entreprises sénégalaises qui mènent la danse.
Mbaye THIANDOUM