La sortie de Macky Sall après son discours à la nation a été suivie jusqu’au-delà de nos frontières. Interpellé sur le «sentiment anti-français» qui se développe en Afrique de l’Ouest, le président de la République du Sénégal a défendu bec et ongles l’ancienne puissance, suscitant la colère de certains internautes.
Au Sénégal, le président de la République Macky Sall a respecté la tradition en prononçant, le 31 décembre à 20 heures, son discours de nouvel an. Juste après ce moment institutionnel, le président de la République s’est départi de son ensemble costume, arborant une tenue traditionnelle, comme il l’aime, pour faire face à des journalistes animateurs de plateaux pour lui poser des questions. Lors de ce grand oral, Macky Sall, interpellé sur le «sentiment anti-français» théorisé par le Président français Emmanuel Macron, a pris la défense de l’ancienne puissance, la France. «Il faut faire très attention. Nous devons rendre hommage à la France pour son soutien, surtout au plan sécuritaire. Elle paie un lourd tribut avec la mort de ses soldats. Et si elle n'était pas intervenue au Mali, je vous assure que les choses seraient beaucoup plus catastrophiques», avait répondu le Président Macky Sall. Même s’il a par ailleurs reconnu qu'«il est difficile de défendre la France parce que c'est l'ancien colonisateur», Macky Sall a tout de même insisté : «hommage doit lui être rendu, pour ce qu'elle fait aujourd'hui», s'empressant de préciser que «dans l'esprit de la démocratie, chacun est libre de critiquer la France, sur pas mal d'aspects».
Un langage diplomatique du Président Sall qui apparemment voulait éviter de s’attirer les foudres d’une Afrique marquée par une citoyenneté nouvelle qui lutte à sortir les pays africains du tutorat français. Peine perdue. Puisque la déclaration du Président sénégalais a déjà fini de faire des mécontents sur le continent. Et les Africains ont largement commenté la déclaration de l’homme fort de Dakar. «La jeunesse africaine est maintenant lucide. Et c'est malheureux pour ces présidents Macky Sall et Alassane Dramane Ouattara. L'Afrique doit changer de cap et l'heure est arrivée. Attention aux néocolonialismes», alerte cet internaute camerounais du nom de Armand Diouka. Pour Tahirou Diallo de la Guinée, la France n’est pas ce que Macky Sall veut nous vendre. «Arrêtez de nous bluffer avec ‘’si la France n'était pas intervenue’’. Elle (la France) l'a fait sur plusieurs terrains sans réussite, ce n'est pas son premier, la France est un échec militaire».
L’ivoirien Jo Kwaku lui n’est pas surpris. Pour lui, «c’est le contraire qui nous aurait étonné». Mais cela ne devrait étonner personne, c’est que, pense savoir son compatriote Jules Sika, «certains chefs d'État doivent clairement leur fauteuil à la France».
Pour le Centrafricain Songré Venem, il s’agit plutôt d’interpeller directement la jeunesse africaine. «D'aucuns disaient que les injonctions de faire taire tout mouvement qui critiquera la mauvaise politique française s'adressait aux Pays du G5 Sahel, mais l'on comprend maintenant que cela était adressé aux présidents des ex-colonies. Les fossoyeurs de l'Afrique seront toujours surpris. Jeunesse africaine, accepteriez-vous qu'une conférence de presse hypothèque l'avenir de notre continent ? Non, demain se construit aujourd'hui».
Macky Sall a raison…
Mais quelques internautes sur le continent sont d’accord avec les mots de Macky Sall. C’est le cas de Clément Ossoka Boukong, pour qui ceux qui affublent la France de tous les maux de l'Afrique, sont muets comme des carpes, face aux pillages des autres, notamment la Chine. «Dès lors, on comprend que ce n'est pas tant les pillages qui gênent ces pseudo panafricanistes, mais leur ressentiment et leur haine gratuits contre la France. De tels sentiments sont contreproductifs pour l'Afrique ; et c'est la raison pour laquelle je suis parfaitement d'accord avec le Président Macky Sall. La Côte d'Ivoire et le Sénégal ont avec la France une relation décomplexée et déparasitée de ses mauvais sentiments ; et l'on voit bien comment ces pays marquent des points dans leur développement», a écrit l’internaute ivoirien.
Il faut dire que les mouvements et protestations contre la présence française en Afrique se multiplient et commencent véritablement à créer des difficultés sérieuses à l’ancienne puissance coloniale. L’on se rappelle que ces actes avaient même fait sortir le Président Emmanuel Macron de ses gonds, suite aux vives critiques essuyées par son pays, du fait de la présence de ses forces en Afrique, au Sahel notamment.
Lors de son déplacement à Niamey le 22 décembre, le chef de l'Etat français a demandé à ses homologues africains un positionnement politique plus clair vis-à-vis de la France. «Je vois des mouvements d’opposition, des groupes qui dénoncent la présence française comme une présence impérialiste néocoloniale [...] Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-français. Je ne peux pas accepter d'envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande [de présence française] n'est pas clairement assumée», a-t-il déclaré aux côtés de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou.
Sidy Djimby NDAO