Pour sa première saison à la tête de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp), Djibril Wade tire un bilan satisfaisant. Dans cet entretien, le patron du football local s’est exprimé sur les perspectives de la saison prochaine, notamment avec les démarches d’une télévision partenaire pour diffuser les matchs de ligue 1 ET 2. Il nous a aussi confié le projet pour une indépendance financière de la Lsfp.
Président vous venez de boucler votre première saison a la tête de la Lsfp, quel bilan en tirez-vous ?
On a bien fini la saison 2021-2022. En Ligue 1, c'est le Casa sports qui a été sacré et en Ligue 2 c'est la Sonacos de Diourbel. A signaler que c’est la première fois, depuis la création de la Ligue professionnelle, qu’une équipe championne de Ligue 2 est couronnée et fêtée avec une remise de trophée et de médaille. Il faut savoir qu'il n'y a qu'un seul champion de la Ligue professionnelle. C’est le Casa Sport qui est champion du Sénégal. On ne voulait pas de nivellement par le bas. Nous voulons encourager tout le monde à aller de l'avant.
S'agissant des compétitions, nous avons commencé à temps et fini à la date voulue. On a préféré ne pas organiser la Coupe de la Ligue parce que tous les moyens n'étaient pas réunis. On ne voulait pas aussi mettre encore plus de pression aux clubs. Mais la saison prochaine, on jouera la Coupe de la Ligue.
On a joué près de 364 matchs et on a eu que 4 incidents. Sur ce point-là, on a fait une énorme progression. Les clubs aussi ont fait beaucoup d'efforts sur le plan organisationnel. Il faut prendre l'exemple du Jaraaf de Dakar qui a fait de sorte de pouvoir jouer au stade Iba Mar Diop pour attirer le public. Bien que le terrain ne soit pas le meilleur mais l'objectif était de recoller le public à leur équipe. Ils ont une bonne organisation et ont les plus nombreux supporters en plus de sa base affective qui est la Médina. Ils feront certainement encore plus d'efforts surtout pour une pose de gazon synthétique dans leur stade.
D'autres clubs aussi ont beaucoup progressé sur le plan organisationnel surtout au niveau de la Ligue 1. En Ligue 2 c'est un peu compliqué parce que les clubs n'ont pas beaucoup de moyens. Il y a même des clubs qui peinent à payer les salaires. C'est à la Ligue de faire encore des efforts pour les aider et les tirer.
On a aussi fait beaucoup de séminaires de formation. Nos personnels, les arbitres, les secrétaires généraux, les managers ainsi que les commissaires de match ont été formés. Il faudra aussi faire des semaines de formation pour les présidents de commission d'organisation et les comités de supporters. C'est important surtout avec la récurrence des pratiques mystiques.
On a aussi eu des sponsors qui nous ont accompagnés et faisons appel aux autres pour un soutien au football local.
Nous avons démarré par un symposium. On a fini les documents et on les a remis au président de la fédération qui va les acheminer vers le ministre des Sports. Je suis en train de trouver les moyens pour que le président de la République reçoive la Ligue professionnelle pour exposer nos véritables problèmes.
Le taux de fréquentation des stades a considérablement augmenté cette saison. Il y a eu l'effet de la Coupe d'Afrique, le niveau de l'organisation qui a été amélioré par la ligue, mais aussi le retour du spectacle. En Ligue 1 on a eu un taux de remplissage de plus de 80%. On a à peu près 50% en Ligue 2. Par rapport à la capacité des stades, je pense quand même qu'on a fait de bons résultats.
On n'a pas encore reçu la subvention de la fédération alors que toutes ces dernières années, c'est grâce à cette perfusion qu'on arrive à tenir. On a donné aux clubs de Ligue 1 chacun 4 millions et ceux de la Ligue 2 chacun 2 millions. C'est très peu comparé à là où les clubs devaient avoir 30 ou 40 millions, ce n'est rien. Mais c'est un pas et il faudra mieux s'organiser l'année prochaine.
Ou avez-vous trouvé ce budget de fonctionnement pour cette saison ?
Nos sponsors nous ont beaucoup aidés. Ensuite, on a essayé d'avoir des partenaires qui nous donnaient des coups de pouce. Pour certaines activités comme la formation, on arrivait à se préfinancer.
Que faites-vous pour prendre définitivement votre Indépendance financière par rapport à la Fédération ?
Le projet, c'est de mutualiser nos efforts avec la fédération pour le sponsoring. Au Sénégal, tout le monde mise sur l'équipe nationale A. Donc il faudra négocier un package. Poser la condition de verser aussi sur le football local tout en se liant avec l'équipe nationale. Il nous faut ce format. On devait profiter du rush qu'il y a eu lors du match contre l'Égypte pour proposer ce genre de package. Il faut que ces retombées soient aussi au bénéfice du football local. Le football est un et divisible. On a juste besoin de le faire pensant 5 ans pour voir la ligue prendre son indépendance. Il ne faut pas toujours financer l'équipe nationale A et oublier le football local. Tous ces grands footballeurs tels que Sadio Mané ont été formé dans ce football local. On a encore besoin de coup de pouce.
Pensez-vous à augmenter le nombre d'équipes professionnelles qui est actuellement à 28, à l’image des autres championnats ?
C'est vrai que le débat est posé depuis 2 ans. C'est surtout la Direction technique nationale qui en avait fait la demande. On en discute. La réalité, c'est que si on veut égaler les autres championnats, qui ont près de 50 ou 60 matchs par saison, il faut augmenter les équipes. On pourra pour commencer jouer au minimum 30 matchs par année au niveau de toutes les catégories. On attend les propositions de la Direction technique nationale.
Comptez-vous organiser cette année le «Sargal foot» ?
On cherche des sponsors pour organiser le «Sargal foot pro». On a des joueurs, des dirigeants, des arbitres, des acteurs et même des journalistes qu'on doit honorer. Il faudra donc organiser cette cérémonie. C'est une façon d'encourager les acteurs du football local à encore persévérer. On travaille sur la date, on va dire d'ici le mois de septembre avant le démarrage de la prochaine saison.
Quels sont les maux du football local qu’il faudra traiter avant la prochaine saison ?
Nous avons plus de problèmes au niveau de la communication qu'ailleurs. On n’a pas eu de diffuseur. Aucune télé ne nous a accompagnés. Commencer la saison prochaine sans signer un partenaire télé est impensable. C'est le grand saut qu'on doit faire. On fait appel à toutes les chaînes de télévision. On est en train de discuter avec certaines télés pour que nos matchs soient télévisés. On ne voudrait pas que cela s'arrête seulement à Dakar. Il faudra aller à Ziguinchor, à Saint-Louis, à Mbour et dans les autres localités. Aujourd'hui, on a vu ce phénomène des clubs qui avec les moyens du bord trouvent les moyens de diffuser en direct leurs matchs sur les réseaux sociaux. C'est extraordinaire. Le match Casa Sports-Guédiawaye a fait 200.000 vues. Ils ont fait le travail mais il nous faut quelque chose de plus professionnel.
L'autre souci c'est l'éclairage au niveau de nos stades. C'est le problème du Sénégal. La programmation des matchs à certaines heures nous fatigue. Rien ne nous empêche de jouer à 21h les vendredis, week-ends ou au mois de Ramadan. Ça c'est un travail du ministère des Sports de mettre de la lumière dans tous les stades du Sénégal. Ça permettra aussi de s'adapter aux horaires des matchs en Europe.
On doit aussi faire en sorte que le stade Demba Diop soit très vite refait.
Avez-vous pensé à des réajustements de votre calendrier avec la Coupe du monde et la Coupe d’Afrique qui se joueront en pleine saison ?
On a réfléchi sur ce problème de calendrier. On va se réunir pour entériner ces dates. On veut commencer très tôt avec des trêves. On va éviter de ne pas jouer du tout comme on l'avait fait à la Coupe d'Afrique. D'ici peu de temps, on va sortir un calendrier pour 2 ans. On ne veut pas encore communiquer sur la date officielle de démarrage, mais on veut jouer 8 journées avant le Mondial. On ne va pas rester 3 mois sans jouer.
Enfin si le Casa Sports gagne la Coupe du Sénégal et étant déjà champion du Sénégal, quel sera le scénario pour les représentants du Sénégal en compétitions africaines ?
Ce n'est pas encore tranché. Cela dépend du nombre de clubs qu'on nous octroie. Normalement, si le Casa Sport gagne la Coupe du Sénégal, ils auront le devoir d'opter pour la Ligue des champions ou la Coupe Caf. En général, les clubs choisissent la Ligue des champions. La question est de savoir si Lusitana pourra aussi avoir les moyens d'y aller. C'est à voir. Je pense qu'il faut tenir compte des moyens. Si le Jaraaf peut aussi y aller, ce serait bien. C'est mon avis personnel, pas celui du président de la Ligue. Il faudra vraiment en discuter.
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