5 ans ferme et 2 ans ferme, c'est ce que risquent respectivement Barthélemy Dias et son agent municipal, Babacar Faye, dans l'affaire de l'attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur survenue en 2011. C'est devant la Cour d'appel de Dakar qu'ils ont été jugés, hier, pour coups mortels, complicité etc. En attendant qu'il soit fixé sur son sort le 18 mai prochain, Barthélemy Dias qui dit s'être défendu en tirant des balles lors de cette attaque, entend continuer son combat, même si la Cour d'appel lui inflige un sursis.
Le procès en appel de Barthélemy Dias dans l’affaire a enfin eu lieu hier. Et comme d’habitude, le fils de Jean Paul Dias a craché ses vérités aux juges et à l’opinion. Appelé à la barre, le maire de Dakar a rappelé que c’est lui qui a relevé appel quand il a été condamné en première instance. Ce,pour laver son honneur. «Je suis un acteur politique. Je suis devant la Cour d'appel et je souhaite être blanchi. Et même si la Cour d'appel me condamne à une peine de sursis, je vais continuer mon combat. J'ai insisté pour être jugé et j'ai prié le tribunal de me juger. Je ne voulais pas qu'on reporte le dossier. Et même si on faisait ce report, je viendrais ici en tant que député et il y aurait une immunité parlementaire à lever. Comment on peut tuer une personne et être condamné à une peine de 6 mois ferme ? Ce n'est pas sérieux! Il n'y a pas d'arme du crime dans le dossier. Ce qu'il y a dans le dossier, c'est que Barthélemy aurait tué quelqu'un. Ici on est au pénal.Il faut apporter la preuve», lâche-t-il.
Revenant sur les faits, il rappelle: «on m'accuse de coups mortels alors qu'il n'a jamais été brandi une arme et on veut me faire porter ce crime. J'étais porteur d'un calibre 9mm et mon permis correspondait à cette arme. Je n'ai pas eu à détenir cette arme du crime dont on me parle», a soutenu le prévenu qui a fustigé l'enquête de police qui a été menée dans cette affaire. «La pièce maîtresse dans ce dossier, à savoir cette vidéo produite, ne reflète pas la réalité. L'enquête n'a pas été bien menée. Je conteste l'enquête parce qu'elle a été menée par le ministre de l'Intérieur d'alors, Ousmane Ngom, qui était un haut responsable du pouvoir d'alors. Et elle a aussi été menée à charge. En plus, la scène de crime a été infectée. Je suis victime d'une injuste notoire. Je suis le seul à la barre avec le père du défunt. Où sont les nervis? Mme le juge, si je ne m’étais pas défendu, je n'allais pas être ici devant vous. Je me suis défendu avec mon arme à feu en tirant des coups de sommation pour leur demander de partir. Ces gens n'étaient pas venus pour me donner une carte d'invitation d'anniversaire, mais pour me faire la peau. Moi, j'ai vu la mort, je suis marié et père de 3 enfants», a-t-il renseigné.
Depuis 10 ans sous contrôle judiciaire
Sur la détention d'arme qui pèse sur lui, il balaie tout d'un revers de main. «C'est quand ils sont venus faire la perquisition que je leur ai aussi remis l'arme factice. Et ils m'ont demandé de donner les autres armes. Ce que j'ai refusé, parce que je ne voulais pas qu'ils inventent un calibre qui n'existe pas dans le dossier. À l'enquête, ils ont dit qu'il y avait 77 douilles. Alors que la bagarre avait duré quasiment une heure. Je leur ai dit qu'une personne ne pouvait pas tirer autant de balles. Ce dossier est éminemment politique», a-t-il avancé avant de révéler que pour sortir du pays, il lui faut l'autorisation du ministère de l'Intérieur. Parce que, souligne-t-il, il est depuis 10 ans sous contrôle judiciaire.
Le père de Ndiaga Diouf réclame 150 millions
Partie civile dans cette affaire, le père de Ndiaga Diouf, Alioune, a par le biais de son avocat, a réclamé 150 millions de dommages et intérêts alors que le présumé meurtrier de son fils, Barthélemy Dias, a été condamné à lui payer la somme de 25 millions F Cfa. Convaincu de la culpabilité de Barthélemy Dias, Me Pape Mor Niang a estimé que toutes les personnes entendues ont dit que la seule personne qui détenait une arme, c'est Barthélemy Dias. En sus, le conseil a demandé au Parquet général de requalifier les faits de coups mortels imputés à Barthélemy Dias en meurtre.
Dans ses réquisitions, le Procureur général a indiqué que l'excuse de provocation que le premier juge a retenue pour condamner Barthélemy Dias à cette peine est inopérante. Demandant à la Cour d'infirmer le premier jugement qui a été rendu, il a requis 2 ans ferme contre Habib Dieng qui n'a pas déféré à la convocation du juge et à l'endroit de Babacar Faye. Et pour ce qui est de Barthélemy Dias, c'est la peine de 5 ans ferme qu'il a requise. Et pourtant, dans ses observations, le parquet avait souligné que le médecin a, dans ses conclusions, révélé que les balles extraites du corps de feu Ndiaga Diouf et des autres blessés ne provenaient pas du pistolet de Barthélemy Dias puisque celui-ci avait un calibre 9. Mais, précise-t-il, ces balles provenaient d'une autre arme.
Barthélemy Dias à l’Avocat général : «Plus jamais dans ce pays, personne ne m'attaquera. Si on le refait, je referai la même chose»
Certains avocats de la défense, plaidant pour sa relaxe pure, d'autres ont évoqué le doute en s'appuyant sur les constatations de l'homme de l'art. Les débats clos, Barthélemy Dias a répliqué au parquet qui a réfuté d'être taxé comme le bras armé des politiques. «Je ne commenterai pas les 150 millions F Cfa parce que le nervi est mort pour 15.000 F. Madame l'Avocat général, vous avez dit que les véhicules à bord duquel se trouvaient ces nervis n'étaient pas immatriculés. Je vous demande d'aller vérifier la voiture L200 DK 264 AC, il roule jusqu'à l'heure où je vous parle. Si j'étais votre fils, je suis désolé de le dire, Mme l'Avocat général, vous n'alliez pas agir de la sorte. La vie de cette personne partie ne vaut pas plus que la mienne. J'ai vu la mort et je l'ai vécue. Plus jamais dans ce pays, personne ne m'attaquera. Si on le refait, je referai la même chose puisque j'ai une mère, une famille etc.» Délibéré le 18 mai prochain.
Fatou D. DIONE
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