Amadou Bâ a été «touché et choqué» par les accusations selon lesquelles il a financé la campagne électorale de l’opposant Ousmane Sonko. Ce qui est tout simplement «impossible» pour lui. A propos du chef de l’Etat, il dit entretenir des «relations excellentes» avec lui et trouve que le débat sur sa succession en ce début de mandat est «indécent». Amadou Bâ, invité hier de «Jury du dimanche» sur I-radio, s’est prononcé sur la querelle Moustapha Cissé Lô, Yakham Mbaye et Farba Ngom. Étant «ami» à tous les trois, il affirme avoir dit clairement à Cissé Lô ce qu’il pensait de son comportement, non sans préciser qu’il est beaucoup plus proche de Farba Ngom. En outre, le ministre des Affaires étrangères a confirmé la poursuite de la fermeture des consulats et révélé qu’une enquête est en cours dans l’affaire d’achat d’immeuble au consulat de Milan, où il y aurait des soupçons de pots-de-vin.
S’il y a des allégations qui ont touché Amadou Bâ, ce sont celles relatives à son présumé soutien à l’opposant Ousmane Sonko, dont il aurait financé la campagne. «Dire que j'ai financé sa campagne m'a fait très mal, je dois l'avouer. (…). J’ai été vraiment touché et choqué», a-t-il martelé. Non sans ajouter qu’avant qu’on ne l’accuse de soutenir financièrement Sonko, «on disait que Pastef appartient à Amadou Ba». Ce qui, dit-il, «est impossible» et les faits lui ont donné raison. Poursuivant, le chef de le diplomatie sénégalaise note que ces accusations sont d’autant plus farfelues que, non seulement il ne badine pas avec la loyauté, mais il ne peut pas financer quelqu’un qui veut la chute du régime auquel il appartient. «Je suis un haut fonctionnaire. Je connais l'Etat. La loyauté est une vertu sur laquelle je ne transige pas. Je ne peux pas être dans un parti, membre du Secrétariat exécutif, avoir la confiance du chef du parti, travailler pour sa réélection et en même temps mettre en œuvre une politique contraire pour donner des ressources à quelqu'un qui cherche à détruire le système. C'est un non-sens», explique le ministre des Affaires étrangères.
«Une des personnes les plus proches» de Macky Sall
Amadou Bâ en profite d’ailleurs pour souligner l’excellence de ses relations avec Macky Sall. «La qualité de nos relations est excellente. Je pense avoir le privilège d’être l’une des personnes les plus proches du président de la République», soutient-il. Considérant qu’un fonctionnaire doit «être loyal en toutes circonstances», il indique qu’il ne serait sans doute pas nommé ministre des Affaires étrangères s’il n’avait la confiance du chef de l’Etat. «Le ministre des Affaires étrangères est, par excellence, le ministre qui est toujours avec le Président», précise-t-il.
Succession de Macky Sall : «un débat indécent»
Interpellé sur la question de la succession de Macky Sall qui a fait l’actualité dernièrement, c’est à la limite s’il veut en parler, tellement ce débat n’a pas sa raison d’être pour lui. «Il y a des questions qui par décence ne sont pas des questions qu'il faut aborder de cette manière. Je pense que ce débat est indécent», assène-t-il. A propos de l’ex-Directeur des Sénégalais de l’Extérieur Sory Kaba, limogé suite à ses déclarations sur le mandat du chef de l’Etat et qui était soupçonné de rouler pour lui, Amadou Bâ botte en touche. «Je ne l'ai jamais reçu. On n’a jamais parlé, même pas au téléphone», révèle-t-il.
«Moustapha Cissé Lô se prévaut d'une amitié. Il a beaucoup de respect pour moi et je le lui rends bien»
Le leader de l’Apr à Dakar s’est aussi prononcé sur les affrontements par presse interposée entre responsables apéristes. D’emblée, il souligne que le «hasard» a fait que Moustapha Cissé Lô, Yakham Mbaye et Farba Ngom soient ses «amis». Non sans préciser : «Moustapha Cissé Lô se prévaut d'une amitié. Il a beaucoup de respect pour moi et je le lui rends bien». D’ailleurs, il note qu’il n’a pas manqué de lui faire savoir qu’il ne partage pas ses propos contre le chef de l’Etat ou d’autres responsables. «Je n’ai pas manqué, il y a quelques jours, quand il est venu me voir, de lui donner mon point de vue sur son comportement actuel. Je lui ai dit que je ne partageais pas sa manière de faire quand on est dans un parti». S’agissant des propos de Cissé Lô qui se dit prêt à le défendre contre tout détracteur, sa réponse tombe sèche : «ça, ça l'engage !»
«Beaucoup plus proche de Farba Ngom»
Poursuivant, Amadou Bâ souligne sa plus grande proximité avec Farba Ngom. «Je suis beaucoup plus proche de Farba. On se voit régulièrement, nos familles se connaissent. Mais il a la liberté d'avoir son appréciation. Tout comme Yakham, c'est un jeune frère. Son grand-frère a été un de mes collaborateurs pendant 6 ans», explique le ministre des Affaires étrangères. Qui pense qu’il est important que l'on puisse «dissocier les relations personnelles que les uns et les autres peuvent avoir des relations de nature politique».
Fermeture de plusieurs consulats pour économiser 2,5 milliards
Après Bordeaux, la fermeture de consulats va se poursuivre. «Nous avons 53 représentations diplomatiques et 14 Consulats généraux dont 4 en France. Nous avons jugé nécessaire de supprimer le consulat de Bordeaux et de le remplacer par un bureau consulaire qui est moins lourd en termes de dépenses», dit-il. Et d’ajouter que «ce processus de suppression va se poursuivre en 2020», avec, entre autres, la fermeture du consulat de Lagos. A en croire le chef de la diplomatie sénégalaise, cette politique de suppression de consulats va permettre à l’Etat de faire «une économie budgétaire d’environ 2 milliards 500 millions de F Cfa».
Une enquête en cours au consulat de Milan sur des «pots-de-vin présumés»
Sur le cas du consulat de Milan, qui a fait l’actualité il y a quelques semaines, avec une affaire d’achat de l’immeuble qui l’abrite, Amadou Bâ informe que ses services se sont saisis de la question et qu’une enquête est diligentée. «Il semblerait qu’il y avait des pots-de-vin au moment de la transaction. C’est pourquoi j’ai demandé à une mission d’enquête de vérifier ces informations. L’enquête est en cours. Si elles sont avérées, nous prendrons les mesures appropriées», dit-il.
«Pas lieu de craindre une dévaluation»
Ancien ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Bâ s’est aussi prononcé sur la réforme annoncée du franc Cfa, qui deviendra «Eco». Et c’est pour rassurer, surtout ceux qui craignent une dévaluation. «Aujourd’hui, les conditions économiques sont telles qu’il n’y a pas lieu de craindre une dévaluation.(…). Il n’y a rien qui puisse justifier qu’il y ait une évolution au niveau de la parité (éco-euro)», dit-il. En effet, pour lui, une dévaluation est non envisageable parce que l’économie au niveau de l’Union (Uemoa) est sur les bons rails, bien portée par le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui sont des pays très stables sur le plan macroéconomique.
Mbaye THIANDOUM
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