Le Programme des Nations-Unies pour le Développement (Pnud) a publié hier à Bogota en Colombie une nouvelle édition de son classement mondial des pays, par Indice de développement humain (Idh). Cette année encore, le Sénégal a perdu deux points, s’enfonçant un peu plus dans la catégorie des «pays à faible développement humain». Le Sénégal s’est en effet classé à la 166ème place mondial sur 189 pays, alors qu’il occupait la 164ème l’année dernière. Le Sénégal est ainsi devancé par des pays comme le Bénin, la Mauritanie, le Congo ou encore Madagascar.
La vague de manifestations qui déferle actuellement sur le monde est le reflet du dysfonctionnement continu d’un grand nombre de sociétés, malgré des progrès sans précédent dans la lutte contre la pauvreté, la faim et la maladie. Le dénominateur commun n’est autre que les inégalités, a déclaré lundi le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) lors du lancement de l’édition 2019 de son Rapport sur le développement humain. Ce rapport intitulé «Au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIe siècle», explique qu’au moment même où les écarts de niveau de vie de base se resserrent pour des millions de personnes, les besoins pour réaliser son potentiel évoluent.
«Le Sénégal dans le peloton de queue, dans la catégorie des «pays à faible développement humain»
Cette année, pour ce qui le concerne, le Sénégal a régressé au classement mondial. De la 164e place l’année dernière, le pays se classe cette année à la 166e place. Avec ce rang, le Sénégal reste cloitré dans le peloton de queue, dans la catégorie des «pays à faible développement humain». Pire, même parmi le lot des moins bien classés, le Sénégal ne fait pas figure de bon élève. En effet, dans cette catégorie, les Comores (156e), le Rwanda (157e), le Nigeria (158e), la Mauritanie (161e), Madagascar (162e), le Bénin (163e) ou encore la Côte d’Ivoire (165e) font mieux que le Sénégal. Pendant ce temps, d’autres pays du continent sont très loin du Sénégal. Il s’agit de ceux classés dans la catégorie des pays en «développement humain moyen». Parmi ces pays : le Maroc (121e), le Cap Vert (126e), la Namibie (130e), le Congo (138e) le Ghana (142e), le Kenya (147e), le Cameroun (150e) ou encore le Zimbabwe (150e).
Pourtant, selon le rapport, le Sénégal est parmi les pays d’Afrique de l’Ouest où les inégalités ont diminué. Contrairement à certains pays de la sous-région comme la Côte d'Ivoire, le Ghana ou encore la Guinée-Bissau où les inégalités ont augmenté. Mais là encore, c’est très insignifiant comme le souligne le rapport. «Au Sénégal, l'amélioration a été modeste (les revenus des 40% les plus pauvres n'ont augmenté que de 2 points de pourcentage de plus que la moyenne)», stipule le document qui note qu’en Mauritanie par exemple, les revenus des 40% les plus pauvres ont augmenté de 21 points de pourcentage de plus que la moyenne. Les inégalités ont également diminué de manière considérable en Gambie, en Guinée et au Mali, où les revenus des 40% les plus pauvres ont augmenté de 60 à 80 points de pourcentage de plus que la moyenne. Les baisses d'inégalités les plus marquées ont été enregistrées au Burkina Faso, où les revenus des 40% les plus pauvres ont augmenté de 93 points de pourcentage de plus que la moyenne, et en Sierra Leone, où ils ont augmenté de 117 points de pourcentage de plus que la moyenne.
Existence potentielle de «pauvres invisibles» dans les ménages classés comme non pauvres
Selon le rapport, des «chocs», y compris ceux liés au changement climatique, ont pour beaucoup participé à plonger les gens dans la pauvreté au Sénégal. Dans le pays, «les ménages touchés par une catastrophe naturelle étaient 25% plus susceptibles que les autres de tomber dans la pauvreté en 2006-2011». Toujours selon le document, de nouvelles données sur la consommation individuelle révèlent que l'inégalité représente près de 16% de l'inégalité totale au Sénégal. L'une des conséquences d'une telle répartition inégale des ressources au sein des ménages est l'existence potentielle de «pauvres invisibles» dans les ménages classés comme non pauvres. En clair, au Sénégal, «jusqu'à 12,6% des pauvres vivent dans des ménages non pauvres». «Les données du Sénégal suggèrent que plus la structure des ménages est complexe et plus la taille des ménages est grande, plus les inégalités sont susceptibles d'être sous-estimées», estime le document.
Au niveau mondial, et comme lors de la dernière édition, la Norvège (0,954), la Suisse (0,946) et l’Irlande (0,942) occupent les trois premières places. Ferment la marche le Niger (0,377), la République Centrafricaine (0,381) et le Tchad (0,401). L'Idh moyen pour le monde se situe à 0,731 alors que le classement comporte quatre grands groupes : développement humain très élevé (à partir de 0,800), développement humain élevé (0,700), développement humain moyen (0,550) et développement humain faible.
Sidy Djimby NDAO