Même hors de nos frontières, Idrissa Seck refuse de lâcher le Président Macky Sall. Le président de Rewmi, qui participait, samedi à Accra, à l’Assemblée générale du Réseau libéral africain, a vilipendé le président de la République dont le parti, l’Apr, est aussi membre de l’Internationale libérale. Idrissa Seck s’est en effet départi des principes de solidarité et de fraternité qui animent ces genres d’organisations. Pour lui, «la défense de la liberté contre l’arbitraire et l’oppression est un principe qui transcende les idéologies et les croyances».
Ouvrant son propos en saluant la mémoire du précepteur du panafricanisme Kwame Nkrumah, Idrissa Seck a remercié ses pairs de lui avoir donné «l'opportunité d'un pèlerinage sur cette terre du refus et du panafricanisme, cette terre de Kwame Nkrumah». Kwame Nkrumah, que le président de Rewmi décrit comme un immense Africain qui a brisé les chaînes mentales et appelé notre continent à s’émanciper du sentiment de dominé comme du ressenti de celui qui a perdu toute emprise sur son propre avenir. «Ici à Accra, terre des héritiers de Nkrumah, il est tellement inspirant de parler de liberté et de renaissance africaine. Comme l’a dit le premier Président de ce pays, ‘’nous ne sommes pas Africains parce que nous sommes nés en Afrique, mais parce que l’Afrique renaît en nous’’», dit-il.
Macky Sall, un «maoïste devenu libéral»…
Poursuivant, le président de Rewmi et vice-président de l’Internationale libérale note que cette renaissance doit sonner le glas de la gestion autoritaire du pouvoir pour que soit finie l’ère de l’arbitraire, après tant d’années de sacrifices et de conquêtes démocratiques. Prétexte pour lui d’évoquer la situation politico-judiciaire au Sénégal. Ainsi, constatant qu’il faut commencer par cultiver son propre jardin, Idrissa Seck a lancé «un appel solennel» au Président Macky Sall, qu’il taxe de «maoïste devenu libéral, pour, dit-il qu’«il libère le prisonnier politique Khalifa Ababacar Sall, députe-maire de la capitale sénégalaise, héritier légitime du socialiste Léopold Sédar Senghor». Pour lui, «nul ne doit tolérer qu’une institution judiciaire soit manipulée par l’exécutif pour agresser ses adversaires et garantir l’impunité à ses partisans et alliés».
«Je prendrai toute ma part, à côté de l’opposition sénégalaise et des forces vives de la nation…»
Décidé à railler Macky Sall, Idrissa Seck informe qu’à l’heure où il faut renforcer la sécurité judiciaire pour aller vers l’émergence, à l’heure où notre secteur privé national aurait tant aimé profiter des opportunités qu’offrent le Sénégal et l’Afrique, à l’heure où les énergies comme les talents doivent se libérer au service de la créativité et de la compétitivité, finies doivent être toutes les formes d’astreinte et de privation arbitraire de liberté. «Le 30 mars prochain, le monde entier saura si le Président Macky Sall a renoncé ou pas à se servir de la justice pour emprisonner ou déporter des adversaires politiques. Tous les libéraux du monde dont il proclame faire partie devront y veiller fermement et j'y prendrai toute ma part, à côté de l’opposition sénégalaise et des forces vives de la nation», avertit Idrissa Seck.
Revenant sur le discours du président Nana Akufo-Addo prononcé à Dakar lors du Partenariat mondial pour l’éducation, Idrissa Seck a salué «un discours mémorable» qui, selon lui, fut une belle réponse à ce discours de Dakar de Nicolas Sarkozy disant que «l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire». À ce propos, l’ancien Premier ministre du Sénégal indique que l’Afrique est le berceau mais aussi l'avenir de l'humanité.
Pour terminer, le vice-président de l’Internationale libérale invite ses pairs à mettre en place un Observatoire des avancées démocratiques et libérales sur le continent, en commençant par les pays où les membres de leur internationale sont aux responsabilités. Un Observatoire, qui selon lui, devra permettre de poser et assurer partout l’existence d’États de droit à travers le continent. À ce propos, il cite d’abord : «L'existence d'une justice forte et indépendante où il sera impossible de déporter ou d'emprisonner ses adversaires politiques et de garantir l’impunité à ses partisans et alliés, la mise en place d'un processus électoral transparent où un ministre de l’Intérieur ne pourra pas déclarer, comme cela vient d'être le cas au Sénégal, que son rôle premier est de domestiquer le système électoral pour faire gagner son patron au premier tour».
Mais aussi «la préservation des immenses ressources de notre continent par une gestion experte et vertueuse, afin que disparaisse le paradoxe insoutenable de la pire misère du monde sur le continent le plus riche de la planète, la formation de notre jeunesse pour la préparer à l'inévitable compétition mondiale et l’implication plus forte de notre secteur privé dans le développement du continent par la prise de participation dans les secteurs porteurs de notre économie, comme par un accès privilégié à la commande publique».
Sidy Djimby NDAO
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