
Après la publication par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique de l’arrêté qui fixe le nombre d’électeurs et d’élus requis pour le parrainage d'un candidat en vue de l'élection présidentielle du 25 février 2024, mandataires et candidats déclarés ont commencé à défiler à la Direction générale des Élections depuis hier matin pour le retrait des fiches de parrainage.
Dès les premières heures, il y a eu quelques incompréhensions notées par les mandataires et candidats déclarés. Un brouhaha vite dissipé par une réunion avec les agents de la Direction générale des Élections qui a fini par tout corriger. Ainsi, après une séance d’explication avec les agents de DGE, les mandataires ont pris leurs fiches de parrainage pour entamer la collecte de parrains. Puisque, en application des dispositions des articles L.57, L.120, L. 121 et R.76 alinéa 2 du Code électoral, le ministre de l’Intérieur dans son arrêté a précisé que toute candidature à une élection présidentielle est astreinte au parrainage optionnel soit par une liste d'électeurs soit par des députés, soit par des chefs d'exécutif territoriaux (présidents de conseil départementaux et maires). Le code électoral précise que le parrainage par une liste d'électeurs doit être constitué par un minimum de 0,6% et par un maximum de 0,8% des électeurs du fichier électoral général. Le nombre d'électeurs représentatif du minimum est de 44.231 électeurs et 58.975 électeurs pour le maximum. Une partie de ces électeurs-parrains doit obligatoirement provenir de 07 régions au moins à raison de 2000 au moins par région. Le reste est réparti, sans précision de quota, dans toutes les circonscriptions administratives ou juridictions diplomatiques ou consulaires. Le parrainage parlementaire est constitué par une liste de 8% des députés composant l'Assemblée nationale, ce qui correspond à 13 députés. Le parrainage des chefs des exécutifs territoriaux est constitué par une liste de 20% des présidents de conseil départemental et des maires sur l'ensemble du territoire national, soit 120 élus.
Face à ces dispositions et le retrait des fiches de parrainage, mandataires et candidats déclarés ont donné leur avis. Sidy Bara Fall, mandataire de la coalition Mimi 2024, après le retrait de sa fiche, est revenu sur l’incident not dans la matinée. « On a eu une réunion très ouverte, sereine. Les agents de la Direction générale des Élections nous ont fourni toutes les informations dont on avait besoin », précise-t-il. La nouveauté de cette élection sur le parrainage est, selon lui, bien comprise. « Ils nous ont remis les fiches et nous ont fait part des nouveautés qui sont apportées à la collecte de parrainages. Il est inscrit sur la fiche le numéro d’identification de carte d’identité de la Cedeao. C’est une nouveauté qui ne nous crée aucune difficulté ». Il ajoute que sa coalition a pris toutes les mesures nécessaires pour réussir la collecte. « Espérons que durant tout le processus, nous aurons ce type de réunion. Nous sommes des acteurs politiques et préparés à toute éventualité. On sait qu’avec ce pouvoir, rien ne sera facile, nous restons concentrés sur l’essentiel. Nous sommes vigilants. Nous avons le matériel nécessaire pour commencer la collecte sur le terrain. Nous ferons face chaque fois que de besoin », dit-il.
De son côté, l’avocat candidat Me Aly Kane s’est attaqué à l’arrêté du ministre de l’Intérieur. A sa sortie de la Dge, il dénonce le non-respect du principe d’égalité des citoyens concernant le parrainage. « L’arrêté du ministre de l’Intérieur est illégal, car il ne respecte pas le principe d’égalité des citoyens. Pour le parrainage citoyen, il est dit que le candidat doit être présent dans sept régions et 2000 signatures au moins par région. En ce qui concerne le parrainage des élus, la répartition géographique n’est pas indiquée. Aujourd’hui si vous avez 13 députés dans deux régions, vous pouvez vous faire parrainer. Même avec le parrainage des élus locaux alors que pour le parrainage citoyen on vous dit il faut sept régions. C’est pourquoi je dis que le principe d’égalité n’est pas respecté par cet arrêté qui est un principe constitutionnel fondamental en République. C’est en ce sens que j’estime que cet arrêté n’est pas légal. C’est pourquoi j’invite le ministre de l’Intérieur à revoir son arrêté et fixer la répartition géographique de ces collectes », regrette l’avocat.
Baye Modou SARR