Le chef de l’Etat a décidé d’aller en croisade contre les dérapages notés dans les réseaux sociaux qui sont devenus, dit-il, un vrai cancer. A l’en croire, il n’attend que les conclusions des assises de la presse couplée avec la réforme initiée par l’Etat pour mettre en place une loi qui va régir ce secteur. Il a aussi déploré la précarité dans le secteur des médias qui, dit-il, va entrainer des déviances qui seront mauvaises pour la démocratie. Une précarité exacerbée par la prolifération anarchique de 29 quotidiens.
La Fête internationale du travail coïncidant avec celle de la Korité, c’est finalement hier que la cérémonie de remise des cahiers de doléances a été organisée au palais de la République. Une occasion pour le chef de l’Etat d’écouter les différents représentants syndicaux et d’apporter des réponses à leurs préoccupations. S’agissant de la régulation du secteur de la presse infestée par les réseaux sociaux dénoncée par le secrétaire général du Synpics Bamba Kassé, le chef de l’Etat de confirmer, à son tour, qu’ils sont devenus «un vrai cancer» des sociétés modernes. «L’Etat a engagé une réforme, mais nous voulons attendre les conclusions des assises de la presse pour intégrer le tout dans une loi qui devra passer pour réguler de façon sérieuse les réseaux sociaux et internet puisqu’aucune société organisée ne peut accepter ce qui se passe chez nous. On va y mettre un terme d’une façon ou d’une autre», a souligné Macky Sall qui embraye : «on ne peut pas laisser des personnes sous l’anonymat du clavier passer leur temps à insulter d’honnêtes citoyens de façon gratuite, il y va de la sécurité nationale, du respect de la concorde nationale, du respect de la dignité des personnes. On va y mettre un terme très clairement», annonce le chef de l’Etat de l’Etat.
29 quotidiens, 450 sites dans un petit pays, c’est de l’anarchie
Evoquant la précarité dans le secteur des médias soulevée par le patron du Synpics, le Président Sall est d’avis qu’il y a des difficultés dans le secteur de la presse. Seulement, toute entreprise – qu’elle soit de presse ou de tourisme – est régie par des lois et est tenue de les respecter. «On ne peut pas laisser la précarité qui règne dans ce milieu, parce que la précarité va entrainer des déviances qui vont être très mauvaise pour notre démocratie et le développement équilibré de notre nation», annonce le chef de l’Etat qui n’a pas manqué de décrier, à la suite de Bamba Kassé, la prolifération des quotidiens d’information. «29 quotidiens dans un petit pays comme le Sénégal, c’est de l’anarchie. Personne n’a le temps, sauf à ne rien faire, pour lire toutes ces parutions qui prennent une journée ou une demi-journée de lecture. En plus de 450 sites internet ! Ce n’est pas possible. Il faut que nous revenions à des fondamentaux. Il y a des efforts à faire de la part, d’abord des professionnels des médias ; ensuite l’Etat peut travailler à accompagner dans le bon sens», dit-il.
Ostracisme syndical dans les médias publics
Pour ce qui est de l’ostracisme syndical dans les médias publics déploré par le secrétaire général du Synpics, le chef de l’Etat rappelle avoir demandé au ministre de la Communication de réunir les trois Directeurs généraux concernés afin de faire le point avec les syndicats. A la suite de ces directives, il avait considéré que les choses avaient évolué au niveau du Soleil d’après ce qu’on lui a rapporté la semaine dernière. Ce qui n’est visiblement pas le cas d’après la relation de Bamba Kassé. «Je note que la situation est restée entière», dit-il, avant d’instruire le ministre de la Communication de renouer le dialogue avec les directeurs concernés pour dépasser cette situation. A cet effet, il rappelle qu’il a toujours milité pour le respect de la liberté syndicale.
Mackyclashe les chaînes de télé
Revenant sur le basculement numérique du Sénégal après la création de Tds, le chef de l’Etat rappelle que de nouvelles conventions avec de nouveaux cahiers de charges et des grilles tarifaires pour des éditeurs et distributeurs ont été mises en place. Seulement, il n’a pas manqué de déplorer l’attitude des bénéficiaires. A l’en croire, ces derniers ne veulent pas payer. «On vous donne le signal, vous avez votre télévision, vous avez des programmes, de la publicité, vous récoltez de l’argent ; on vous demande de payer quatre millions et vous refusez ! », se désole de constater Macky Sall qui révèle que les éditeurs dans la sous-région s’acquittent de dix millions pour la diffusion. Il faut qu’on s’accorde, dit-il, sur le minimum autour duquel on peut bâtir notre commune volonté de vivre ensemble. «Il faut que Tds, au moins, assure ses salaires. Ce n’est pas à l’Etat de payer les salaires de Tds pendant que les usagers qui bénéficient de ces prestations ne payent rien. Ce n’est pas possible. Nous continuons à accompagner les travailleurs de Tds, mais il faudra qu’on puisse régler la question de la redevance minimale qui a été fixée pour accompagner cette activité de la Tnt», martèle le Président Sall. Il est aussi revenu sur l’affaire qui oppose Excaf à Canal. A l’en croire, il fait tout pour sauver cette entreprise, seulement le dossier, fait-il remarquer, est en justice.
M. CISS